Un air scandalisé et l’écharpe à la main, il traversa les couloirs du ministère en direction de celui qu’il connaissait comme sa poche à force d’y passer ses journées : Le département des catastrophes magiques. Sans même se donner la peine de frapper ou de s’annoncer à la secrétaire, il déambula jusqu’au milieu de la salle en tapotant sur l’épaule du ministre qui s’occupait d’un dossier de toute évidence. « Sébastian !! Je te cherchais. » Sa voix n’avait pas l’air tres enjouée et il comptait bien s’expliquer et lui faire comprendre un peu sa manière de penser, même si cela ne plaisait pas aux employés qui souhaitaient boire leur café du matin en paix. De toute manière, la paix n’existait pas au Ministère de la magie.

Machinalement, il agita l’écharpe devant le visage de l’asiatique, comme un vulgaire chiffon. « Sérieusement, moi avec ça ? Jamais de la vie, si tu as dû mal à gérer ta sexualité, ce n’est pas mon affaire. » Sans plus tarder, il posa l’écharpe sur un bureau qui se tenait tout près, comme pour s’en débarrasser de manière définitive. « Tes cadeaux, tu te les gardes ! » Le scandale n’était pas prêt de s’arrêter, surtout quand on connaissait les deux individus qui se trouvaient là.

Perdu dans la lecture d'un énième dossier stupide, Sebastian ne prend même pas la peine de lever les yeux lorsqu'il entend la personne manifestement en colère entre dans son bureau. La visite de Dimitri ne l'étonne pas vraiment – elle est exactement celle à laquelle il s'attendait en lui envoyant une écharpe en satin pour les fêtes de Noël. Un petit sourire naît sur son visage face à la suite des remarques du ministre des sports. Si le russe pense s'en sortir aussi facilement, il peut bien rêver. Il est bien décidé à le faire chier avec ça pendant un bon moment – après tout, le russe est désormais en couple avec son copain depuis longtemps alors autant en profiter pour se moquer.

— Je vois pas ce qui te gêne Dimitri, dit l'asiatique en se levant de sa chaise, attrapant au passage l'écharpe que son collègue a posée sur le bureau. Je veux dire, c'est très à la mode chez les gens de ton bord. Il fait le tour du bureau, se rapprochant du russe pour lui passer l'écharpe au cou et la nouer d'une façon dénuée de toute virilité. Ah ben voilà, comme ça tu ressembles beaucoup plus à ton copain. Quel joli couple assorti quand même. C'était la touche gay qu'il te fallait. Le ministre des catastrophes magiques rigole un peu, persuadé qu'avec ça l'autre sera forcément énervé.

« Les gens de mon bord ? Non, mais tu as vu tes cheveux ? Sérieusement ? » Dimitri ne supportait déjà pas beaucoup l’asiatique, mais encore moins depuis qu’il adorait le charrier sur sa sexualité. Manque de chance, ce n’était pas le sujet le plus abordable avec le russe. Bien qu’il assumait parfaitement de s’envoyer en l’air avec un homme, il mettait beaucoup d’importance à apparaître comme bisexuel et rien d’autre. Le problème avec l’homosexualité, c’était plutôt la connotation que cela sous-entendait et particulièrement celle que tentait de lui coller l’asiatique et stupide ministre. Dimitri s’était assez fait humilié par son père pour ne pas subir les conneries d’un homme aussi peu viril que son collègue.

Ce dernier jugea d’ailleurs amusant d’enrouler l’écharpe autour du coup du russe, comme signe de provocation. Sans tarder, il la retira. « Je suis bisexuel, qu’est ce que tu ne comprends pas là dedans ? » Il lui lance l’écharpe à la figure, avant de reprendre d’un ton plus Dimitrien. « Puis, en plus tu as de très mauvais goût en matière de vêtement, ton écharpe est moche, même mon elfe de maison refuserait de porter ça. » Il soupira avant d’attraper le café d’un employé. « Tu vois ? Le problème, c’est que l’être humain est assez stupide pour penser qu’une écharpe fait la sexualité. » La conversation n’était pas prête de s’arrêter, raison pour laquelle tout le monde au bureau se faisait discret, trop habitué à leurs disputes.

Sebastian lève les yeux au ciel quand Dimitri fait une remarque sur ses cheveux. C'est le point facile ça, se moquer des couleurs souvent trop colorées qu'il se fait. À ce moment-là, l'asiatique est presque déçu. Lui qui se faisait un plaisir de se moquer de son collègue – c'est l'un des petits plaisirs de son quotidien – n'aurait pas pensé que celui-ci pourrait utiliser un argument aussi évident pour se défendre. Certes, il est loin d'être le ministre le plus viril du ministère – même Diane l'est plus que lui, c'est dire – mais attaquer sur ses cheveux, c'est trop simple. Non, Dimitri l'a habitué à bien mieux que ça.

— Mes cheveux ? Tu as rien trouvé mieux que mes cheveux pour te défendre ? Tu me déçois Dimitri, lance l'asiatique avec un petit sourire amusé. L'air énervé du russe qui enlève immédiatement l'écharpé noué à son cou vaut de l'or, et Sebastian n'échangerait sa place pour rien au monde. Ce que je comprends pas ? Je sais pas. J'ai pas vraiment souvenir de t'avoir vu avec des filles en fait. Il exagère un peu – il sait très bien que Dimitri peut avoir autant de filles qu'il veut autour de lui au Deus, mais ça l'amuse de déformer un peu la vérité. Enfin, tu vois, dans bisexuel, il y a l'idée que tu peux te taper les deux. Mais vu que maintenant, tu sembles vivre le grand amour avec Nemours, je pense que tu repasseras pas sur quelque chose d'aussi futile qu'un corps avec des seins. Entre nous, ça se voit que tu aimes moins ça. Il ponctue sa phrase d'un petit sourire moqueur, notant mentalement qu'il a intérêt à faire attention à l'hypothétique vengeance de Dimitri dans les prochains jours. Oh, je te rassure je porterais pas ça. Je suis juste rentré dans une boutique, et j'ai demandé à acheter une écharpe qui fait très gay, pour un ami encore plus gay que Freddie Mercury. Sebastian attrape la tasse de thé vert qui se trouve sur son bureau quand le russe part dans un sujet peut-être un peu trop philosophique pour les biens des employés présents dans les bureaux de ce département. La question n'est pas de savoir si une écharpe fait la sexualité. C'est un stéréotype, évidemment que c'est faux dans le principe.

Dans un autre pays, avec d’autres lois, il aurait sûrement déjà collé son poing dans la figure de l’asiatique, mais heureusement pour ce dernier Dimitri savait encore se contenir.« En même temps, on ne voit que ça, c’est compliqué de passer à côté. » Un employé rigola légèrement sur le côté avant de reprendre rapidement son travail, histoire de ne pas se faire virer pour quelque chose de si stupide. Surtout que les deux ministres présents dans la pièce n’étaient pas forcément les plus sympathiques du ministère et qu’il fallait mieux les avoir dans la poche plutôt qu’en grippe. « Et toi je n’ai pas le souvenir de t’avoir vu en couple en fait et pourtant je viens pas coller une pancarte asexuel devant ta porte. » Le ton du russe était calme bien qu’on pouvait aisément lire un sourire moqueur sur son visage. Néanmoins, l’asiatique s’assura de le faire disparaître en se lançant dans une définition vulgaire de la bisexualité.

Dimitri assumait parfaitement sa relation avec Hippolyte, cependant il détestait qu’on le range dans la case du gay. Parce que c’était ce qu’il avait vécu plus jeune avec son père et parce que cela le rendait infiniment moins dangereux. Seulement, cela il se passait bien de le dire, préférant se chamailler avec l’asiatique qu’assumer ses faiblesses. « En fait, tu compense ta vie de merde en critiquant les autres ? En attendant, quand je rentre j’ai quelqu’un d’autre que ma main. » Leurs disputent ne volait jamais très haut et c’était sûrement ce qui faisaient leurs charmes. C’était aussi ça qui avait donné naissance à des rumeurs sur une hypothétique tension sexuelle entre eux, ce que les deux ministres s’empressaient de contredire en expliquant à quel point l’autre était trop stupide pour ça.

La réplique de Sebastian lui dessina un rictus d’agacement, tandis qu’il soupira légèrement se souvenant qu’il avait passé une mauvaise et courte nuit. « La prochaine fois, garde tes idées de cadeaux pour ton imbécile de cousine. » Quand il parlait avec lui, il était obligé de se dire que lui et Kendra avaient pris du même côté dans la famille, tandis que Lichuan profitait pleinement de toutes les qualités. « D’ailleurs, trouve quelqu’un d’autre pour ce cadeau. » La petite tête continuellement satisfaite du jeune homme l’agaçait fortement et pendant un instant, il rêva de lui faire bouffer son écharpe -surtout quand il jouait les petits malins. « Surtout que c’est un stéréotype américain et qu’on est pas vraiment américain. » De la part d’un russe, c’était plus qu’un cliché, mais on était plus à ça prêt.

L'asiatique lance un regard tueur à l'employé ayant rigolé, se rappelant mentalement de le virer à la prochaine erreur qu'il ferait. Certes leurs disputes sont désormais réputées dans tout le ministère – comme cette soi-disant tension sexuelle qu'il est le premier à nier – mais ce n'est pas une raison pour se moquer ouvertement de deux ministres. Sebastian a parfois conscience d'être dur avec ses employés mais il ne s'en excuse pas le moins du monde. D'après lui, ce sont eux qui cherchent en venant foutre leurs nez dans des affaires qui ne les concernent pas – tout comme cette histoire d'écharpe qui est définitivement entre les deux directeurs de département et non toutes ces personnes sous-qualifiées qu'il est obligé de croiser tous les jours.

— Je t'arrête tout de suite, dit-il avec une grimace. Ça n'a rien à voir. La preuve, tu sembles oublier qu'il y a six mois tu étais désespéramment célibataire et que tes soirées se résumaient à draguer les personnes aussi mortes que toi au Deus. Il sait très bien quel genre de remarque il risque d'avoir avec cette phrase, et il ne laisse pas au russe le temps de répondre. Oui, je sais, je sais. Un peu comme toi chaque jour de l'année, je connais la chanson. Le détail important avec l'asiatique, c'est qu'il a totalement conscience de faire pitié sur le plan émotionnel – depuis son divorce, il préfère enchaîner des relations pas très glorieuses que de risquer d'aimer à nouveau. J'ai quelqu'un d'autre que ma main, répète-t-il en levant les yeux au ciel. Mais tu t'entends Dimitri ? On dirait une gamine de quatorze ans qui parle de son premier crush. Ridicule. En réalité, le ministre n'a rien contre le fait que le russe se soit trouvé quelqu'un – même s'il est persuadé d'avoir entendu une rumeur contenant le mot jalousie – il est même plutôt content pour lui. Mais la tentation de se moquer de sa relation avec l'anglais est trop belle pour qu'il puisse ne pas le faire. Tu as totalement raison. Je vais offrir cette écharpe à quelqu'un d'autre. Il attend un peu, histoire que Dimitri ait le temps d'assimiler la bonne nouvelle pour sortir une énième connerie. Je vais l'envoyer dès ce soir à monsieur Hippolyte Nemours, pour le féliciter pour sa patience à toute épreuve. Il en faut pour sortir avec quelqu'un comme toi. Sebastian a un petit sourire satisfait, persuadé qu'il a trouvé le point parfait pour faire exploser Dimitri.

Si Dimitri devait bien accorder un talent à l’asiatique c’était le don qu’il avait à lui casser les pieds. Il lui ferait bien bouffer tous ses idiots de manteaux de fourrures, juste pour ne plus avoir à supporter sa voix si agaçante. En d’autres lieux et d’autres termes, il l’aurait sûrement déjà collé une balle entre les deux yeux, mais si on retrouvait le cadavre froid du ministre, tous les doutes se poseraient sur lui. Même si Dimitri jouait toujours avec danger, il avait une limite et n’était pas encore suicidaire. Sebastian s’amusait à d’écrire la vie passée du moscovite et ce dernier ne le laissa même pas terminé en répondant avec un air hautain. « Faux, tu confonds avec ce que toi tu fais ! » L’un comme l’autre fréquentait un peu trop les lieux nocturnes et n’était en aucun cas célèbre pour leurs bonnes fréquentations ou moeurs. Heureusement, le plus jeune ne tarda pas à confirmer ses dires, ce qui le fit passablement sourire. « J’allais le dire, comme quoi on est d’accord sur ta vie pitoyable. »Un sourire moqueur, avant se recoiffer rapidement en regardant quelques employés de bureau qui avaient l’air pour la plupart très ennuyeux. Il remarqua cependant une adorable brune qu’il avait déjà vu dans le journal et dont le nom de famille la précédait. Il aurait bien lancé la conversation à son sujet, mais c’était sans compter sur la réplique de l’autre.

Il explosa presque de rire, avant de se ressaisir et d’attaquer directement l’homme se trouvant devant lui, sans aucun état d’âme.« Ah oui ? Qui ça ? Pas ta femme en tout cas. » Il l’avait cherché ? Il venait de le trouver, le grand méchant loup qu’était Dimitri. Bien sûr, le ministre savait très bien que l’autre avait été marié, puis divorcé, sans quoi il n’aurait d’ailleurs pas fait la remarque. Le but était d’être blessant, refusant de partir perdant de cet interaction. Comme ce n’était jamais assez, il supposa avoir envie d’envoyer cette écharpe à Hippolyte, ce qui dessina un rictus sévère sur le visage de Dimitri qui n’aimait pas du tout l’idée. « Tu fais ça et tu vas le regretter ! Tu sais quoi ? Je te conseil fortement de garder ton écharpe immonde pour toi ! » Il l’aurait bien menacé plus violemment, mais il y avait bien trop de témoins dans cette pièce.

Sebastian a un petit sourire en coin – les disputes avec Dimitri, c'est ce qu'il rapprocherait le plus à un sport quotidien. Chacun fait de son mieux pour avoir le dernier mot, pour blesser l'autre dans son orgueil de façon qu'il quitte le le lieu de l'affrontement sans se retourner. Et têtus comme sont les deux ministres, il ne faut pas s'étonner que ces combats s'éternisent, compromettant au passage le bon fonctionnement du gouvernement. Mais peu importe de toute façon. Avec les dernières modifications effectuées dans celui-ci, ils ont assez fait parler d'eux dans les médias pour avoir la paix pour quelque temps – ils peuvent dire adieu aux obligations d'être compétant, mis à part dans ces moments où ils devront rapporter leurs chiffres au conseil. Pour cela, Sebastian n'est pas spécialement inquiet – son département a toujours été celui toujours le plus en faillite, en grande partie à cause des nombreuses missions coûteuses qu'il faut faire pour supprimer la mémoire des témoins. Ce n'est pas lui qui pourra changer ça.

— Ma vie pitoyable, tout de suite. Seb lève les yeux au ciel. Des fois, Dimitri le déçoit avec ses réflexions dignes d'un enfant. Bien sûr, rien dans leurs disputes du niveau d'élèves de maternelle n'est mature – comment pourraient-elles l'être quand le sujet de base n'es rien d'autre qu'une écharpe en satin. C'est bas ça Dimitri, très bas. L'asiatique serre les dents quand il entend son ennemi de toujours parler de son ex-femme. Le fait qu'il ait été marié durant sa première vie n'est un secret pour personne, en grande partie parce que l'information a été suffisamment relayé par la presse mode. Le regretter vraiment ? Je suis curieux tiens. Il a un sourire mauvais alors qu'il lui bouge l'écharpe sous les yeux – il ne doute pas un instant qu'au coup de Hippolyte Nemours, cela fera des plus gays. Crois-moi, il la portera surtout si le cadeau vient d'une de ses amies proches. Et Kendra sera forcément partante si ça peut te pourrir la vie. Sebastian n'est pas gêné d'embarquer sa cousine dans ses plans foireux, surtout que c'est la seule façon possible pour que le journaliste accepte cette écharpe. Et vous formerez un magnifique couple gay, totalement assorti. Et quand tu auras accepté ton homosexualité, je t'en offrirais une en rouge, pour rappeler la Russie. Il n'a aucunement honte de ses conneries, et compte bien continuer en prenant un témoin. En plus, tout le monde pense déjà que tu es gay. L'écharpe change rien. Attend regarde. Antinea ?, crie-t-il à l'attention de son employée préférée. Viens ici, on a besoin de ton avis. Le mec élu sourire de l'année, gay avec ou sans écharpe ?

Assise sur la chaise de son bureau, elle s’assurait de ne jamais lever les yeux en direction des deux ministres, histoire de ne pas contrarier son supérieur. Néanmoins, elle ne manquait pas un mot de la conversation entre les deux hommes, la trouvant totalement hilarante quand même. Les rumeurs sur la nature de leurs relation n’étaient plus à faire et la jeune femme était une des premières à y croire. C’était trop gros pour ne pas être réel, surtout que les deux hommes se ressemblaient trop pour ne pas se plaire. D’ailleurs, une collègue de travail avait même écrit des fan fictions à leur sujet et honnêtement c’était assez drôle. Alors qu’elle entamait un nouveau dossier, indiquant ainsi qu’elle était très occupé et montrant à son patron qu’elle travaillait tout de même très bien. Malheureusement, tout cela était en vain étant donné que la voix de son patron résonna dans la salle, criant d’ailleurs son prénom. Naturellement, elle se leva en direction des deux hommes pour répondre à la question de son patron.

En entendant la demande, elle se décomposa un petit peu, se demandant bien ce qu’elle pourrait bien répondre. Honnêtement, elle n’avait aucune idée de ce qui serait correct et maudissait mentalement le monde de l’avoir foutu dans cette situation. « Euh… J’ai le droit de dire Bisexuelle ? Vous comprenez, mon frère l’est et donc voilà ... » Sa réponse était clairement la réponse de la fille pas sereine, qui préférait de ne pas se mettre un des ministres à dos, alors qu’elle était toujours qu’une simple stagiaire. « Mais, je préfère monsieur Bolgarov sans écharpe. » Elle regarda son patron en espérant sincèrement que la réponse sera suffisante, ce qui semblait être le cas. Si bien qu’il lui indiqua de retourner à son bureau avec un sourire. Mission accomplie.