You love the light, the fast life

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Dix-sept heures quarante. La rouquine baissa le regard vers son parchemin, se remettant à écrire en soupirant tout bas. Evidemment elle n’était guère étonnée du comportement des élèves en général lorsqu’ils étaient convoqués à des retenues. Mais aujourd’hui celui qui faisait les frais de sa punition honorait fièrement la réputation qui le précédait ; Jude Lynch, collé, n’était toujours pas présent dans la salle où Daphné l’attendait.

Tranquillement installée au bureau de la salle de potions vide de tout étudiant, la rousse achevait de noter quelques informations qu’elle avait pu récapituler ces derniers jours concernant l’Ordre qu’elle renverrai au quartier général des Mangemorts. Reposant sa plume, elle contempla l’encre sécher jusqu’à devenir invisible sur le vélin et replia soigneusement le papier qu’elle glissa dans la poche de son pantalon. Daphné n’avait aucune crainte quant à l’éventualité de se promener avec de telles preuves sur elle ; personne ne pouvait officiellement l’obliger à révéler ses possessions et puisqu’elle n’était pas la seule infiltrée engagée sur le terrain, elle avait tout intérêt à jouer sur ce tableau.

La jeune femme se releva, abandonnant la chaise pour le bureau contre lequel elle s’appuya, bras croisés. A nouveau un soupir, qu’elle tut bien vite en entendant la porte s’ouvrir et dévoiler le visage particulièrement peu ravi de la voir de l’asiatique. Un fin sourire profondément condescendant se dessina sur son visage alors que l’ex-Serpentarde adressa un coup d’œil à la pendule au fond de la classe. « Quelle ponctualité, Lynch ! Seulement dix minutes de retard. » Et dire qu’elle aurait misé sur son absence pure et simple à cette retenue. La sang-pure hésitait entre déception de ne pas pouvoir aggraver la sanction et enthousiasme que la perspective de torturer un peu Lynch lui inspirait. Maintenant qu’il était là, nul doute qu’elle allait réussir en moins de temps qu’il n’en fallait pour lui mettre les nerfs à vif. « Ne t’inquiète pas, tu les rattraperas. » le rassura t-elle avec cette douceur typique qui était la sienne – la même que celle du reptile qui s’enroule gentiment autour de votre cou juste avant de vous étouffer.

« Bon. Suis-moi. » La rouquine se redressa pour traverser la pièce et s’approcher de larges baquets de verre aux parois visiblement bien encrassées. « Les aquariums des Véracrasses ont besoin de nettoyage. Je suppose que tu te sais te servir d’une éponge, donc inutile d’utiliser la magie. » Plus l’ombre d’un sourire et pas même une petite pique pour agrémenter le tout : elle était donc bien sérieuse et lui avait choisi une tâche on ne peut plus ennuyeuse et inutilement contraignante. Non, Daphné Greengrass n’avait aucunement l’intention d’être tendre avec l’irlandais. « Rien de tel qu’un petit moment avec soi-même pour réfléchir à sa conduite, n’est-ce pas ? » lui souffla t-elle ironiquement avant d’ouvrir un tiroir où traînaient un petit chiffon et une éponge, seuls outils pour sa tâche.

Cette fin d’après-midi risquait d’être longue, très longue.

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Daphné n’aurait pas pu espérer plus typique de la part de Jude. Son comportement était identique à celui d’un enfant de six ans – frustré, gamin et ridicule. Il compensait sa colère par des insultes à chaque fin de phrase et tout dans son attitude respirait le défi à son encontre. « Quel langage, Lynch. Toujours aussi fin et subtil. » Lynch n’avait définitivement pas réglé ses problèmes d’autorité et cela n’allait pas s’arranger avec elle en particulier. Il avait visiblement bien cultivé la rancune qu’elle avait semée chez lui avant de quitter le château, et les prochains mois allaient forcément être mouvementés s’il continuait à la pousser à le coller. Mais au jeu de la guerre froide, Daphné Greengrass était une dure à cuire. Personne de sa Maison et surtout pas lui n’ignorait la ténacité de la rouquine, qui n’avait absolument pas peur de céder face à l’irlandais. Elle le connaissait bien, très bien. Il pouvait être un salopard dans les règles de l’art, il n’en restait pas moins affreusement sanguin et impulsif – et sa violence était un trait de caractère constant qu’elle avait vite cerné chez lui.

Curieusement le retardataire semblait ne pas se formaliser outre-mesure de sa punition et Daphné semblait presque déçue de le voir déjà si résigné, prêt à subir. Mais si la sang-pure avait pu éviter la petite humiliation surprise qui allait suivre, elle l’aurait volontiers fait. Trop tard, elle venait de se recevoir une éponge dégoûtante en plein visage – et malgré ça Jude ne décolérait que très peu. Il y avait décidément beaucoup de tension chez lui, mais qu’il se rassure, il avait réussi à faire monter de quelques crans l’électricité chez elle. « J’avais oublié à quel point tu pouvais être mature, c’est fou. » grinça t-elle, au comble de la froideur polaire.

L’assistante sortit un linge de sa poche avant d’essuyer l’humidité poisseuse qui constellait son visage. « Oh non, pas de points en moins. » Lui faire ce plaisir n’était pas dans ses objectifs. Sa voix était pernicieusement calme, suave à souhait. Sur certains points, Daphné pouvait parfois ressembler de façon effrayante à ces jolies plantes qui s’avéraient de fait venimeuses. Ou à une espèce particulièrement vorace de végétal carnivore, c’était au choix. Elle s’approcha du vert et argent jusqu’à être sûre que sa proximité l’incommoderait fortement et murmura à son oreille, tout à fait claire et carnassière. « Mais recommence ça et je te promets que je t’arrache à la main les toutes petites choses qui te servent de testicules. Je t’assure, tu préférerais encore un Doloris. » Elle pressa le restant de l’éponge au dessus du crâne de Lynch, y faisant couler un filet du reste liquide et gluant qui y était imbibé avant de lui coller celle-ci dans les pattes et de s’écarter, achevant d’essuyer son visage avec un mouchoir propre. Un coup de baguette magique plus tard, elle se débarrassait du reste de saletés et chassait l’odeur boueuse qu’elle sentait persistante – Jude Lynch commençait ces hostilités en fanfare.

Maintenant qu’elle savait qu’il valait mieux rester à distance des aquariums, la jeune femme s’assit sur une des tables, croisant les bras sans quitter des yeux la silhouette du pompom-boy. « Au fait je suis en train de me dire qu’il y a aussi toute la réserve de potions à laver et à ranger. J’imagine que tu seras disponible tous les soirs de la semaine prochaine pour faire ça. » Cette remarque, en apparence peu menaçante et pas significativement inquiétante, avait tout l’air de cacher quelque chose de beaucoup moins innocent. « Il faudra que je prévienne Balthazar que tu ne seras pas disponible pour vos répétitions. » continua la rouquine d’une voix tellement doucereuse que n’importe qui aurait flairé à des kilomètres l’absence pure et simple d’innocence dans ces sous-entendus.

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Elle admirait franchement l’aplomb qu’il avait à lui certifier qu’il ne la craignait pas. C’était beau, c’était grand, c’était chevaleresque ; mais c’était faux. Elle salua cependant la tentative de vouloir l’affronter avec une moue un brin condescendante. « Tu devrais. » lui suggéra t-elle, tranquille et vipérine, tout en l’observant pester contre elle et s’empêter dans un flot d’injures et de méchancetés. N’importe quelle personne sensée aurait été blessée et se serait empressée de répondre, de dépenser une énergie folle pour corriger la rudesse de l’asiatique. Pas Daphné, qui connaissait ce manège par cœur et qui, loin de s’en formaliser, s’en réjouissait avec une délectation malsaine.

Il obéissait généralement à son intuition et trop souvent agissait sans réfléchir. En plusieurs années de cohabitation, la rouquine en connaissait un rayon sur la façon de procéder de Jude Lynch et la maîtrise de lui-même n’était pas son trait de personnalité premier. La colère prenait une multitude de formes chez lui et les noms d’oiseaux en faisaient partie. « Tu sais ce qui me fait plaisir ? C’est de t’entendre m’insulter. C’est exactement comme ça que je sais à quel point je t’énerve. » La jeune fille se pencha légèrement vers lui, un sourire absolument agaçant plaqué sur les lèvres avant de se redresser un peu et de secouer la tête, étouffant un rire moqueur.

La théorie de Jude aurait pu fonctionner, mais là encore il ignorait que Daphné n’avait aucun remords particulier à faire ce qu’elle faisait, même si ça pouvait nuire aux Green Brothers, et donc quelque part à ses amis. L’irlandais avait toujours le choix, celui de ne pas répliquer et de s’incliner pour préserver ses amis de toujours ; ou celui de ne pas se laisser faire et de se rebeller, inutilement, vainement, faisant ainsi perdre à son groupe sa précieuse présence. Dommage pour lui, mais la rousse n’avait aucune peine à les priver d’un élément qu’elle jugeait de toute manière parfaitement dispensable. Les deux avaient assez de talent pour compenser le sien. « Oh mais je ne mets rien en danger. » chantonna t-elle avec une audace qu’elle n’hésita pas à expliquer avec la patience et le calme énervants de celle qui ne doutait pas une seconde du bien-fondé de sa pensée. « C’est toi qui te mets en danger tout seul. Si tu étais mature, tu ne te mettrais pas tout seul en colle comme l’idiot impulsif que tu es. Tu pourrais assister aux répétitions de ton groupe et éviter des potentielles disputes au sujet de tes coups de sang d’attardé. » Et quelque part, même s’il était impossible de ne pas renvoyer Greengrass dans les roses et si elle trouvait toujours un moyen de le faire sortir de ses gonds, Jude Lynch pouvait officiellement être considéré comme fautif. « Ne t’en fais pas. Je peux m’occuper moi-même de Balthazar. Je ne le laisserai pas tout seul, je te le promets. » susurra la sang-pure, sa phrase bien trop lourde en sous-entendus pour ne pas être une fois de plus une pique délivrée sur un plateau d’argent.

L’assistante leva les yeux au ciel non sans soupirer en sentant l’humidité frapper ses mollets. Il ne trouvait que ça pour la rendre chèvre, mais il avait du oublier en quelques secondes que Daphné, même si elle haïssait la violence physique, ne pourrait que s’y résigner quand tout le reste ne suffisait plus. En attendant, elle se contenta de shooter d’un grand coup de pied fracassant dans le seau pour l’envoyer à plusieurs mètres de Jude, l’obligeant ainsi à devoir aller le chercher – un peu comme un chien courant après la balle. « Oups. » Son sourire s’élargit en même temps que l’étincelle de défi dans son regard.

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« Bien sûr. » Elle sourit sans croire une seule seconde à ses remarques lourdes à peine cachées. Il était devenu un maître à ce jeu de toute manière et ne comptait pas la décevoir sur ce plan : celui de faire croire que toutes les filles le voulaient et qu’aucune ne pouvait vraiment lui résister. Il devait sans aucun doute avoir sa petite cour de prétendantes, l’anglaise l’imaginant sans peine entouré d’une nuée de filles un peu trop faciles. Quant à être persuadée que ses ex-conquêtes soient réellement satisfaites, la rousse préférait ne pas en avoir la confirmation – et Jude de rajouter qu’elle ne le saurait de toute manière jamais. Comme si elle manquait quelque chose.

Son rire frappa les murs de pierre en échos agaçants. Elle avait toujours eu le chic pour être aussi insupportable que possible jusque dans ses simples respirations. « Oh, c’est donc ça le souci. Tu n’as toujours pas digéré ma petite blague de l’époque. » Daphné n’avait aucun mal à se rappeler avec une précision accrue de cette fois où elle avait fait croire à Jude et à tous qu’il l’intéressait. Elle avait poussé le vice jusqu’à sortir avec lui pour mieux l’humilier et lui refuser ce qu’il avait crédulement espéré – et on ne se payait pas la tête d’un coureur de jupons comme Lynch sans conséquence. La pilule n’était jamais passée, et elle n’avait fait que poser les bases d’une solide haine.

Mais si elle avait le droit de s’acharner sur lui et si elle pouvait continuer à lui en faire voir de toutes les couleurs, s’attaquer à Balthazar Owen paraissait d’un niveau autrement moins acceptable et pardonnable pour le jeune homme qui se refroidit aussi sec, mué en une sorte de protecteur farouche. « Ah ? Et qu’est-ce qui se passera si je ne t’obéis pas ? Tu comptes me menacer ? » La réponse intéressait fortement la rouquine qui se pencha légèrement en avant, observant avec une satisfaction carnassière le Serpentard. Leur lien d’amitié était solide et la jeune fille ne comptait en aucun cas le briser – elle n’avait rien à y gagner sauf l’éloignement de Balthazar si elle manoeuvrait dans ce sens. Néanmoins cet attachement l’intéressait et plus que tout elle avait envie de le tester, de voir jusqu’où il pouvait aller. « Oui, sans doute. Il devrait être avec sa petite amie. Mais bon, que veux-tu, visiblement il préfère venir me voir aux serres. » soupira t-elle négligemment, comme si ce détail n’avait aucune importance. Pourtant la jeune sang-pure ne disait jamais rien par hasard et elle distillait ces phrases anodines en apparence comme tout autant d’indices dérangeants. Une petite voix aurait pu facilement suggérer à l’irlandais que Daphné Greengrass avait des idées en tête concernant son meilleur ami gallois et que cela pouvait être aussi dangereux qu’imprévisible pour lui.

Merlin seul savait ce qui faisait que le gallois appréciait l’anglaise et vice-versa. Mais surtout, le retour de Daphné au château avait ravivé l’odeur soufrée de la méfiance au sein des plus anciens élèves. Elle n’avait jamais été totalement oubliée des mémoires et il avait suffi de voir les têtes que certains avaient tiré à son retour pour s’en rendre compte avec une délectation quasi-sadique. Dean Thomas était sans doute le premier à égalité avec l’asiatique à n’avoir pas masqué son écœurement et son incompréhension dégoûtée. Dans un autre registre, Natali Oliver l’avait considéré avec le même air qu’on a quand on se retrouve face à une vieille peur que l’on pensait avoir réussi à dépasser. Et parmi la masse de réticents, demeuraient quelques soutiens indéfectibles – Owen, mais aussi Roxy, qu’elle avait retrouvée avec une véritable joie. Daphné n’en avait que faire de ce que ses anciens camarades pouvaient penser ou croire. Qu’ils la craignent, qu’ils la conspuent, qu’ils la traitent comme le mal le plus incurable de cette école. Elle n’était pas là pour eux, pas pour le moment. Elle avait d’autres priorités plus importantes, autrement plus sérieuses. La gravité n’appelait pour autant pas l’urgence et la précipitation et en l’attente d’ordres et d’exécutions, Daphné se contentait de faire profil bas – et rabattait son amusement sur les élèves qu’elle avait en classe. La plupart pensaient que subir sans rien dire apaiserait les choses. D’autres répliquaient et se rebellaient, comme Jude. L’un dans l’autre, ce n’était pas forcément ceux auxquels on pensait qui s’en tiraient le mieux.

Evidemment, le Serpentard n’était pas content ; qu’elle lui renvoie l’ascenseur, qu’elle ose répondre à son jeu avec la même ambition de le pousser à bout. Qu’il se rassure, l’amour n’avait rien à voir avec tout ça. « Ne fantasme pas, Lynch. Tu me cherches, tu me trouves. C’est aussi simple que ça. Alors si j’étais toi, je mettrais en sourdine ma fierté et je m’attaquerais à ces aquariums comme un brave petit garçon pour pouvoir éviter de nous faire perdre plus de temps à tous les deux. » Son regard se durcit tandis que son visage se débarrassait de toute trace d’amusement. Comme il l’avait si justement précisé, Daphné Greengrass ne comptait pas rester là jusqu’à minuit. Il avait tout intérêt à se calmer ou elle ferait en sorte qu’il abonde dans ce sens.

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Une telle attention envers Balthazar devrait, sinon la rassurer sur les intentions de l’asiatique, appeler au respect. Leur amitié est solide et il serait idiot de vouloir la détériorer. Mais au-delà de ces nobles sentiments, c’est la jalousie de Jude qui la titille et l’invite à pousser le vice. Est-ce qu’il est irrité parce qu’il pense à ce que son ami pourrait avoir – et que lui n’aura jamais – ou est-ce tout simplement la peur de voir son « frère » s’éloigner de lui au profit de la rouquine ? Elle n’arriverait même pas à choisir la réponse. Mais tout ce dont elle est sûre, c’est que le jeune Owen est une corde sensible pour Lynch. Alors autant en profiter. « Quelle prouesse alors ça serait si j’arrivais à le détourner un peu de sa basse. T’imagines ? » Un gloussement suave. Non, il ne va sans doute pas se risquer à imaginer. Il en ferait des cauchemars ou en aurait des crises de vomissement – à moins que les idées qui en découlent ne l’indignent au point de le plonger dans une colère noire. Il est tellement possessif envers lui, tellement haineux envers elle qu’il ne supporterait pas ce simple fruit de son imagination. Et puisque Lynch avait autant de retenue émotionnelle qu’un enfant en bas-âge, il répandrait sa fureur en cris, en coups et en injures hautes en couleur – un spectacle qui amusait d’ores et déjà la rouquine.

Il en fait d’ailleurs une charmante démonstration, la conviant à aller voir ailleurs et clamant sa liberté d’agir comme bon lui semblait. Qu’il est mignon. « Comme tu veux. » ironise t-elle, consciente que ce n’est absolument pas le cas pour lui en réalité. Si elle le voulait, elle pouvait le forcer à venir tous les soirs de chaque semaine de cette année dans son bureau. Elle aurait pu choisir délibérément de lui pourrir les mois de bonheur insouciant qu’il lui restait dans ce château. Et pour être honnête, Daphné n’était pas encore certaine de son choix final. Elle n’avait pas spécialement envie que Balthazar et Galaad apprennent ses intentions. « Il y aura encore plein d’autres choses à nettoyer pendant cette année, ne t’en fais pas. » le rassure t-elle comme on veut faire croire que les monstres et les fantômes, ça n’existe pas. Dommage, dans un institut comme Poudlard, on est loin du compte.

L’irlandais dérange plus qu’il ne range mais là encore, rien de neuf. Ca a toujours été dans sa nature de s’agiter et de faire beaucoup de bruit et de mouvements pour peu de choses – en l’occurrence, signer son départ et lui faire comprendre qu’il sait qu’elle fantasme secrètement sur lui. « On ne peut rien te cacher. » Sa réponse est au comble du sarcasme, le sourire hautain qu’elle affiche suffisant à lui faire comprendre que si le septième année pense inonder les pensées les plus folles de son aînée, il n’en est rien en réalité.

Il est toujours furieux, et il y a toujours cette frustration qui se cache derrière ses mots – ses yeux en brillent. Elle ne connaît pas d’adversaire plus acharné que lui à Poudlard, c’est donc dire qu’il a moins le mérite de ne pas en démordre. La rancœur doit aider à entretenir sa rage à son sujet. Elle ? Elle rit, elle se divertit. Il est de tous les garçons qu’elle a pu faire tourner en bourrique celui qu’elle n’arrive pas à laisser en paix. Il est trop prompt à lui répondre pour ça. « Je ne sais pas lequel de nous deux fantasme le plus sur l’autre, Jude. » Elle se paie sa tête, c’est évident – pourtant on ne peut jamais être sûr de rien avant d’avoir vu la lueur malsaine dans le regard de Daphné. « Bonne fin de journée » chantonne t-elle presque du bout des lèvres lorsqu’il s’en va, définitivement énervé. Elle ne décroise les bras qu’une fois la porte refermée, un sourire flottant sur sa bouche alors que d’un coup de baguette, les quelques affaires dérangées dans la salle de classe reprennent leur place.

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