You and me is more

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Trois coups à la porte, puis quelques secondes de sonnette : à travers le judas de la porte d’entrée, le visage arrondi d’Eve Bannerman apparut en gros plan. « Titiiii ! » chantonna la jeune sorcière derrière la porte. Grand sourire de circonstance : Eve adorait utiliser à toutes les sauces ce petit surnom.

La journée s’était relativement bien terminée, comme elle avait commencé en quelque sorte, et Eve avait même fait un petit décroché par une supérette pour acheter de quoi grignoter sur la route jusqu’à chez elle. Pourtant son estomac ne criait pas vraiment famine ; d’ailleurs à bien y réfléchir l’écossaise n’avait pas véritablement envie de s’enfermer chez elle dans son quinze mètres carré pour engloutir des saloperies bourrées de sucre. Non, elle avait envie de voir des gens, et surtout de voir un visage en particulier qu’elle n’avait pas été embêter gentiment depuis un peu trop longtemps. Le nom d’Antinea Stomby s’était imposé à elle comme une évidence.

La porte s’ouvrit, et la brune poussa aussitôt la tête vers la droite puis la gauche, à la recherche de quelque chose qui n’apparaissait apparemment pas. « Max est là ? » Eve espérait bien que non : ce type était profondément énervant, surtout quand il ouvrait la bouche. « Je passais dans le coin et … » La suite demeurait somme toute logique : la jeune écossaise n’avait aucune raison de ne pas s’incruster chez sa meilleure amie à tout moment du jour ou de la nuit. Inutile d’aller plus loin dans les justifications. « Bref. Je t’ai ramené des cookies au beurre de cacahuète. » Elle souleva une petite boîte remplie de biscuits qu’elle tendit à la jeune femme tout en se débarrassant de son bomber qu’elle jeta sur le porte-manteau – parce qu’accrocher un vêtement était un concept bien trop scolaire pour la brune.

Elle sortit son téléphone de sa poche, commença à pianoter quelque chose sur le clavier avant de relever la tête vers Antinea pendant environ une seconde. « Ca va toi ? » lui demanda t-elle avant de se vautrer dans le canapé du salon, baskets joyeusement posées sur l’accoudoir. Le regard d’Antinea se posa sur ces dernières, et la jeune fille fit mine de grimacer. « Oups. » Elle avait toujours la manie de prendre ses aises tellement vite qu’elle en oubliait qu’il n’y avait que chez elle qu’on pouvait coller ses Stan Smith sales sur le fauteuil.

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Glissée sous son plaid, elle lisait paisiblement les derniers de son livre, grignotant au passage quelques biscuits en forme d'animaux qu'elle avait trouvé dans un magasin moldu en faisant les courses quelques jours plutôt. Ce soir là, Maximilien n'était pas là, parce qu'il devait rentrer chez lui pour le week-end, lui laissant ainsi l'appartement pour elle seule. Dès lors, elle en avait profité pour se construire une petite ambiance zen qui l'aidera certainement à entamer sa prochaine semaine de travail avec plus d'énergie. Pour se faire, elle avait allumé un petit bâton d'encens qui sentait le feu de bois et s'était même fait un saladier de pop corn caramel. Alors qu'elle pensait se couper du monde pour un week-end entier, elle dû abandonner son livre pour aller ouvrir la porte à un invité surprise.

Sans surprise, elle tomba sur sa meilleure amie et s'empressa de sourire. Bien qu'elle n'avait pas spécialement prévu de passer une soirée accompagnée, elle était toujours partante pour passer du temps avec son amie. « Ravioli ! » Sans se faire prier, elle se décala pour la laisser passer, même si elle était déjà vêtue de son magnifique pyjama, autrement dit une chemise à carreaux qui appartenait sûrement à Maximilien, enfin elle croit -il ne fallait pas le laisser traîner. « Non, il est retourné au Pays de Galles. » Elle referma la porte derrière son amie et retourna dans le salon, sachant parfaitement que l'ancienne serpentarde connaissait parfaitement la maison. « T'en fais pas, tu ne déranges jamais. C'est un peu comme chez toi maintenant. Surtout si tu viens avec des cookies ! » Il ne fallait pas grand pour acheter Antinea. Elle se dirigea dans la cuisine et attrapa deux bières dans le frigo, avant de se laisser tomber dans le canapé. « Ouais je vais bien, je pensais que tu passais ta soirée avec ton très cher Léopold. »

Un sourire espiègle, avant de croquer dans un des cookies. Antinea avait toujours trouvé Eve proche de son meilleur ami et adorait la charrier dessus. Elle soupira légèrement en voyant les chaussure de la jeune fille et lui fit simplement comprendre d'un regard, qu'elle pouvait les enlever. Ce n'était pas la peine de s'énerver pour si peu, surtout qu'elle savait parfaitement que ce n'était pas fait exprès. « Quoi de beau ? Pas trop dur le boulot? Et ton frère, il va bien ? » Eve était une des rares filles proches d'Antinea, si ce n'était d'ailleurs pas la seule et c'était pour cette raison qu'elle chérissait réellement leur amitié sincère et honnête.

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La brune poussa un soupir de ravissement parfaitement ingrat en apprenant avec joie que Maximilien Owen ne serait pas des leurs pour ce début de soirée. Rentré chez papa-maman, c’était parfaitement sa place à celui-là. « Tant mieux ! Je voulais pas partager nos cookies. » déclara très sereinement et sans aucun complexe Eve, toute occupée à défaire ses chaussures sans l’aide ses mains – ce qui donnait l’image d’une jeune fille en pleine gigue avec ses jambes dans le sofa.

Après avoir réussi à se déchausser, la née-moldue fit un peu de place à sa meilleure amie, esquissant un sourire amusé à l’entente des paroles d’Antinea. Cette fille était bien trop facilement corruptible, mais à vrai dire cela l’arrangeait : si elle n’avait besoin que d’un peu de pâte à tartiner à l’arachide pour la convaincre de sa bonne foi, c’était un jeu d’enfant. « J’devrais mettre une brosse à dent et un tee-shirt pour dormir ici. Ouais, j’devrais. » fit mine de commenter la jeune Bannerman avec une moue très sérieuse. Si en réalité une colocation avec sa plus fidèle amie de Poudlard aurait été envisageable, ce n’était ni les finances de l’ex-Serpentarde ni sa relation plutôt tendue avec Maximilien qui auraient permis qu’elle emménage un jour avec eux. Pour le bien de la jolie Stomby, il valait mieux qu’Eve la préserve de ses galères personnelles et se contente de s’incruster ponctuellement chez eux.

L’assistante accueillit l’arrivée d’une bière fraîche avec un vrai plaisir – il n’y avait pas plus talentueuse que la future Oubliator pour deviner précisément comment accueillir au mieux Eve Bannerman. « Tu gères. » Un coup de décapsuleur plus tard, elle dégustait une gorgée de mousse avant de grimacer, non pas pour l’amertume de la boisson mais pour la réflexion immanquable et obligatoire qu’elle devait toujours subir avec sa meilleure amie quand il s’agissait de Léopold. « On est pas mariés, lui et moi. On est même pas ensemble d’ailleurs. Alors arrête avec tes sous-entendus à la con. » Une phrase bien trop longue et beaucoup trop riche en justifications pour être honnête. De toute manière Eve n’allait pas en démordre, elle continuerait à se voiler la face tant qu’elle y arriverait.

Ce genre de conversations lui plaisait, pas parce qu’elles étaient d’une simplicité affligeante mais parce qu’avec Antinea, il n’y avait pas besoin de réfléchir – tout était toujours simple et naturel, contrairement à la plupart des autres filles avec qui ni l’une ni l’autre ne s’entendaient. « Bah, comme d’hab’. Toujours pas augmentée, mais au moins j’ai pas encore été virée. » Elle pouffa avant de descendre un peu le niveau de sa bière, et de taper gentiment la cuisse de son amie en se rappelant d’un détail visiblement hilarant. « Le dernier client de la journée était un type complètement cinglé, figure-toi qu’il s’amuse à parler à sa bouffe … C’était trop drôle de le voir taper la discut’ à son chocolat dans la salle d’attente, meuf. » Eve Bannerman, la charité et la tolérance incarnées.

« Tu veux pas que je te fasse des pâtes bolo ce soir ? Je meurs de faim. » En plus j’ai plus rien pour en faire chez moi. Et je m’ennuie toute seule dans mon studio, d’ailleurs. Et puis t’es mon Titi donc tu es obligée de dire oui. Eve avait pléthore d’arguments pour confirmer que oui, son idée de se faire un petit plat entre meilleures amies était bien la soirée la plus parfaite qu’elles pouvaient espérer aujourd’hui. Surtout si c’était elle qui cuisinait.

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« Moi ça ne me dérangerai pas, par contre je ne peux pas en dire autant de Max. » Vivre en colocation avec Maximilien, en plus d’être parfaitement plaisant et pratique sur le plan financier, permettait de faire croire à sa soeur qu’elle sortant un sang-pur. Sans quoi, elle aurait sûrement proposé à sa meilleure et très chère meilleure amie, même si elle était bien placé pour savoir que le rangement n’était pas sa tasse de thé. Elle décapsula sa bière et se replaça sous le petit plaid en laine et posa ses yeux sur Eve qui était de loin la fille la plus drôle qu’elle connaisse. « Donner une bière à Eve et elle vous complimente ! » Un rapide sourire, avant de trinquer avec l’autre et de prendre quelques gorgées bien fraîches. Le prénom de Léopold avait comme toujours, fait effet et la brune ne put cacher son sourire moqueur. « Si tu sors avec lui, je veux au moins être la première au courant ! » Aux yeux de Antinea, ce n’était qu’une question de temps avant que les deux zigotos ne réalisent qu’ils avaient déjà passé le cap de l’amitié depuis des années.

Entendre parler Eve de son travail avait toujours un côté amusant et parfois l’ancienne serdaigle changerait bien de carrière pour un boulot plus amusant. « Si ça t’interesse, j’ai entendu dire que le directeur des sports et jeux magiques, donnait des augmentations à ses salariés sans aucune raison. » Un sourire, avant de sentir la main froide de son amie claquer gentiment sa cuisse. L’histoire de la fille était hilarante, surtout avec l’imitation et Antinea ne s’empêcha pas de rire. Bien sûr, c’était mal de rire du malheur des gens, mais la Stomby était loin d’être un petit ange et pouvait largement rire de tout -puis le pauvre homme n’était pas là pour le voir. « Comment tu fais pour ne pas mourir de rire ? En fait, je suis sûre que tu ne te gênes pas pour rire devant lui. »

Son amie se proposa pour faire à manger et elle devait avouer avoir elle aussi très faim. « Ouais, carrément. En plus tes bolos sont délicieuses, sûrement le sang italien. » On avait souvent tendance à oublier que les Bannerman avaient des origines Italiennes, mais dommage pour Eve, c’était le genre de détails que la brune n’oubliait jamais -parce que ça rendait les gens un peu plus spéciaux, même si l’ancienne Serpentard n’en avait absolument pas besoin. « Si tu veux, je peux faire un brownie pour le dessert ! »

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Accuser Maximilien de tous les maux était une activité sur laquelle Eve ne crachait pas. C’était toujours son petit plaisir de lui mettre tout sur le dos – comme par exemple, le fait que les deux meilleures amies ne puissent être en colocation à l’heure actuelle. « Ce rabat-joie … » bougonna la brune en regrettant cependant quelque part qu’il ne soit pas présent pour le faire tourner en bourrique.

La bière était une pause rafraîchissante et bienvenue chez quelqu’un comme Eve Bannerman, ce que sa meilleure amie savait puisqu’elle en avait toujours une pour elle au cas où. Boire ne l’empêchait cependant pas de spéculer sur Léopold et elle, ce qui avait le don de divertir l’écossaise et de l’irriter dans le même temps – Antinea ne l’avait jamais lâchée avec ces histoires de Worsley et de Bannerman ensemble. « Cite-moi un truc que je t’ai déjà caché, Antinea ! » s’insurgea la brune, bondissant pour se retrouver à genoux sur le canapé à la fixer, faussement menaçante. Même pour tous les Gallions du monde elle n’aurait jamais menti à la jeune femme sur quoi que ce soit, même le plus honteux de ses secrets. La preuve vivante en était que la jeune Stomby devait être une des seules à savoir que la famille Bannerman n’était absolument pas une lignée de criminels et de délinquants mais s’apparentait largement à l’image idéale et utopiste d’une quantité d’aïeux catholiques à souhait et aussi riches qu’affreusement coincés.

La jeune fille se rassit, à genoux, et soupira en narguant Antinea d’un petit air qui voulait tout et rien dire. « T’as une vraie obsession pour Léopold en fait. C’est p’têt’ toi qui craques pour lui. » Tout à coup, envisager un potentiel couple formé par sa meilleure amie et son … meilleur ami ? rendait la chose affreusement bizarre – en quelque sorte, assez dérangeante pour elle.

Gagner de l’argent relevait d’une priorité assez grande pour Eve, mais à ce point-là, elle n’était pour autant pas capable des actes les plus suicidaires ou fous, comme rejoindre le département d’un Bolgarov, entre autres. « Postuler au Ministère, bonne idée ! J’en connais qui seront contents, tiens. » ironisa la brune. La plupart des employés de la Justice Magique et en charge de faire régner la loi dans leur univers ne seraient sans doute guère enchantés de voir débouler un élément comme Eve, même si ça ne devait pas les concerner. Quant à intégrer un Ministère tenu par des gens qu’elle considérait comme des péteux et des bourgeois débiles, Eve faisait une croix sur cette opportunité professionnelle. Elle était parfaitement bien là où elle était, en fin de compte.

Et faire du café pour Raph n’était qu’un bien maigre inconvénient face à tous les avantages que le poste lui offrait. Déjà, un bureau rien que pour elle avec un ordinateur – qu’elle avait tenté de voler le troisième jour avant d’être prise en flagrant délit par sa boss, qui lui avait tout simplement et bien gentiment suggéré de demander plutôt que d’emprunter sans rendre -. Ensuite, la possibilité de pouvoir mettre quelques torgnoles à des clients un peu trop sur les nerfs ; il n’y avait rien de mieux pour se détendre l’esprit qu’un peu d’animation. Et enfin, le plaisir de pouvoir tous les jours en apprendre plus sur tous les traumatismes possibles et inimaginables que sa patronne devait soigner. La psychologie humaine avait encore de beaux jours devant elle avec tous ces cinglés, se répétait à chaque fois une Eve à la fois dubitative et sincèrement ahurie.

Alors parfois oui, il lui arrivait de se moquer. Jamais sans être réellement méchante, mais tout de même, certaines pathologies confinaient forcément à l’amusement. « Le secret, c’est de penser à plein de trucs tristes. » Un conseil plein de sagesse, rudement testé, éprouvé et approuvé par la concernée.

La remarque d’Antinea au sujet de ses origines méditerranéennes lui arracha un sourire désabusé tandis qu’elle dépliait ses jambes sur le canapé. « Apparemment mon frère a pas hérité des trucs de mama italienne, je parie qu’il ferait cramer des penne … » Il n’était pas rare que la jeune fille se charge de faire à manger pour deux lorsqu’elle le pouvait, afin d’être sûre que Roméo s’alimente correctement et qu’il ne mette pas le feu à son propre logement. « Va pour les bolo et le brownie ! On va se péter le bide. » confirma Eve, enthousiasmée par ce programme, tendant le bras pour piquer un cookie.

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La brune rigola franchement en entendant la jeune femme se moquer de son meilleur ami, elle se fichait bien de savoir s’ils s’aimaient bien ou pas, ils restaient tous les deux les personnes les plus importantes de sa vie -en plus de son frère et de sa soeur bien sûr. Sans eux, sa vie serait vraiment triste et elle le savait parfaitement. De plus, ils étaient les deux seules personnes au courant de sa situation familiale et savait la soutenir dans cet pagaille sinistre. Antinea ne parlait presque jamais de sa situation familiale et d’une manière générale, elle ne se plaignait tout bonnement jamais, préférant sourire à chaque journée. Seulement, parfois elle avait besoin d’un câlin de réconfort et elle savait qu’elle pouvait le trouver dans les bras de ses deux meilleurs amis, même si Eve prétendait détester les calins. Les deux filles n’avaient aucun secret l’une pour l’autre et l’ancienne serpentarde ne manqua pas de le lui rappeler. « Tu as raison, mais pourquoi tu refuses de m’avouer que Léopold te plait ? » Un sourire en coin, bien décidé de ne pas lâcher l’affaire si facilement. Antinea était endurante et Eve n’aurait jamais la paix avec cette histoire.

L’accusation et le détournement de conversation de son amie la fit littéralement mourir de rire, se tortillant dans le canapé. « Oh mon dieu ! Celle-là était absolument géniale ! » Elle se calma un peu, puis pointa son visage avec le doigt. « Moi avec Léo ? Tu te fiches de moi ? En plus je ne te ferais jamais ça ! » Antinea avait des principes et ne pas sortir avec le crush de sa meilleure amie en faisait très largement parti. De plus, on ne pouvait pas dire que l’anglais et elle étaient fait l’un pour l’autre. Non qu’elle ne s’entendait pas avec lui, tout au contraire, elle préférait le voir comme un bon pote avec qui elle pourrait toujours boire un verre. L’idée de sortir avec un garçon comme l’anglais lui paraissait dingue, tout autant de voir Eve travailler au ministère. « Ouais, Worsley risque de sauter de joie en voyant ça. » Elle rigola vaguement en imaginant son amie passer devant le bureau de Monsieur Worsley Senior, une scène qui serait hilarante enfin du moins à ses yeux.

Cependant, l’écossaise était très bien dans son travail et Antinea était heureuse de voir que son amie pouvait tenir aussi longtemps au même poste. Sa patronne avait l’air sympa et le milieu parfaitement stable, de quoi rassurer la brune sur le bien être de sa meilleure amie. « Tu penses à des chatons morts ? » Des choses tristes elles en avaient suffisamment dans leur vie pour ne pas en parler ce soir, alors les chatons feront largement l’affaire -surtout que son estomac commençait à crier famine. « Ton frère a hérité de qui alors ? Ton père ? Monsieur le PDG ? » Elle rigola vaguement, imaginant Roméo en costard derrière un bureau. Antinea n’avait jamais jugé Eve sur ses véritables origines, mais elle savait tenir sa langue et se passait bien de le dire aux autres. « J’approuve totalement se programme ! Tu restes dormir à la maison petit ravioli ? » Au fond, elle espérait que oui, un peu de compagnie n’était pas de refus.

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« J’ai pas dit qu’il me plaisait pas. » marmonna la brune, triturant le bas de son tee-shirt sans regarder son amie. Après tout on pouvait trouver quelqu’un beau sans avoir envie d’être en couple avec lui, non ? Même si ça allait au-delà de la simple considération physique, rajouta une partie d’elle qu’elle préféra envoyer dans les roses. « Meuf, tu sais très bien ce qu’il y a. C’est Léopold Worsley. » Elle avait relevé le regard vers Antinea avant de soupirer et d reprendre, un brin fataliste. « Non puis. T’imagines la gueule des repas avec son père ? Je pourrai lui dire entre deux coupes de champagne à mille balles « Oh, vous vous rappelez, comme c’était charmant cette fois où vous avez brisé ma baguette magique ! ». Et tu me vois en train de faire le pingouin et de devoir manger du caviar à la con avec cinq sortes de fourchettes ? » Parfois, Eve avait une manière bien à elle de rendre l’horrible réalité à la fois hilarante et cynique, et elle ne le faisait même pas exprès – c’était tout simplement ainsi qu’elle s’imaginait réellement les choses.

Son interlocutrice n’avait en tout cas pas besoin de lui prouver qu’elle ne lui aurait jamais fait quoin que ce soit de blessant ; Eve n’avait jamais pensé l’inverse. « Je sais. Tu es le meilleur exemple de meilleure amie qui existe, Titi. » déclara t-elle le plus solennellement du monde. Si la jeune fille avait tendance à faire figure de clown dans le quotidien de son amie, il lui arrivait malgré tout régulièrement de faire preuve de premier degré et de sincérité – surtout pour chanter les louanges de son amie. Elle était indubitablement la fille que des tas d’autres auraient rêvé de devenir, et Eve s’en rendait suffisamment compte pour savoir qu’elle était jalousée. Ce n’était cependant pas son cas à elle : elle n’enviait pas sa meilleure amie parce qu’elle n’était pas parfaite – personne ne l’était -, ce qui ne l’empêchait pas de l’estimer profondément et de lui être loyalement dévouée. Quitte à devoir parfois gérer sa tristesse et ses larmes – oh comme elle détestait la voir triste -, ou à se lancer dans des missions commando pour régler le compte de tous les abrutis qui étaient la cause de ses déboires. Ca avait même inclus la fois où l’italo-anglaise était sortie avec Galaad, et où elle s’en était tellement voulue pendant des semaine qu’elle aurait été capable de s’amocher par elle-même sans aucun remords. Malgré ses imperfections et son caractère de cochon, Antinea l’avait toujours accepté, jamais rejeté. Pour ça et pour un millier d’autres raisons, jamais la jeune assistante n’aurait fait une croix sur leur amitié.

De temps à autre Eve s’en voulait d’être elle-même – une fille qui avait au départ tout pour réussir et qui s’était métamorphosée en une tocarde qui flirtait avec l’illégalité. Tout ça la privait de certaines choses – un avenir serein, une famille fière d’elle et un petit-ami qui n’aurait pas honte de la présenter à ses parents. Pourtant à bien y réfléchir, Eve savait qu’elle n’aurait jamais été elle-même dans ce rôle-là. Et des gens comme le père de Léopold ne l’auraient, de toute manière, jamais accepté, parce que même si on se tuait à chasser le naturel pendant des années, il finissait forcément par revenir. « Ouais … » lâcha t-elle ironiquement lorsqu’Antinea lui fit imaginer la tête de Worsley père en la voyant au Ministère. Il en aurait peut-être fait une attaque.

La jeune fille écarta ces pensées en souriant à la suggestion de sa camarade. « C’est pas mal, ça, des chatons morts. Sinon parfois j’imagine que mon appart’ a pris feu. Ca me calme direct. » Nul doute que dans le cas où elle perdait son logement et le peu de possession qu’elle avait, Eve aurait eu toutes les peines du monde à en rire. Et pourtant Dieu savait qu’elle aimait rire – comme là, lorsque sa meilleure amie lui parlait de son frère. « Oh ouaiiiis, Romy a tellement la gueule d’un directeur de multinationale, il a la tête ultra posée sur les épaules, tiens. Le gars te fait couler la boîte en deux-deux. » gloussa Eve en délestant un peu de bière de sa bouteille. Maintenant qu’elle était officiellement invitée pour la soirée et la nuit, elle était sûre de passer un bon moment. « Continue comme ça et je finis par rester ici toute ma vie. » plaisanta t-elle à moitié.

Un petit silence s’installa avant que la jeune fille ne reprenne la parole, un air malicieux sur le visage. « N’empêche qu’on parle de moi mais t’es bien trop sage pour être honnête, Stomby. Tu verrais pas un mec dans mon dos, toi ? » Prêcher le faux pour avoir le vrai était une technique comme une autre et Eve s’en servait régulièrement, sans scrupule particulier.

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Sur son visage, un sourire attendrit se dessina, tandis que son amie avouer mine de rien que l’anglais était plutôt à son goût. Une chose qu’elle savait très bien, mais qu’elle préférait entendre de la bouche de la principale intéressée, avant tout parce qu’elle trouvait cela réellement adorable. Cependant, Antinea aimait nettement moins les excuses bidons que répétait l’écossaise, comme si elle tentait de se persuadé elle-même que ce n’était pas possible et qu’elle s’en satisfaisait parfaitement. Alors que l’autre terminait d’expliquer les raisons de l’impossibilité de ce couple, elle leva les yeux au ciel un peu blasée par sa meilleure amie. « Tu vas arrêter un jour de te trouver des excuses bidons ? » Bien sûr, elle ne le disait pas vraiment sur le ton de reproche, sachant parfaitement que c’était compliqué et avait garder son sourire chaleureux sur son visage. « En plus, je t’imagine très bien dans une jolie robe à parler du dernier opéra que tu as vu avec Léo. » Un rapide sourire, tandis qu’elle tentait de lui montrer qu’elle n’avait aucune raison d’exagérer la situation étant donné qu’elles parlaient de Léopold, pas vraiment le genre de gars à fréquenté les salons mondains.

Sans surprise, Eve avait confiance en elle et savait parfaitement qu’elle ne lui ferait pas un coup pareil, même avec deux grammes dans le sang. Antinéa avait certes de défaut, mais son intégrité et sa loyauté restait parfaitement intègres en toute situation. « Pas autant que toi. » Objectivement, si elle n’avait jamais croisé la route de la jeune fille qui se tenait sur son canapé, elle n’avait absolument aucune idée de la personne qu’elle serait devenue et de comment sa vie pourrait être. Antinea avait toujours appréciée Eve, peu importe ce que les autres pouvaient dire sur elle, elle était sa meilleure amie, la seule dont elle avait besoin. La brune n’avait jamais eu beaucoup d’amies filles, mais s’en fichait trop heureuse d’avoir la meilleure qui puissent exister sur terre -elle n’en doutait pas une seule seconde.

Elle rigola un peu en écoutant la manière dont l’italienne coupait ses envies de rires, trouvant que cela lui allait parfaitement. « D’ailleurs, la prochaine fois que je passe, je t’aide à ranger ton bordel. » Antinea ne touchait pas aux affaires personnelles de sa meilleure amie par principe, mais si elle pouvait l’aider en faisant un peu de vaisselle ou un peu les poussière, elle n’hésitera pas un seul instant. En attendant, se moquer gentiment de son frère était certainement la meilleure chose à faire, surtout en l’imaginant à la tête de la multinationale des Bannerman. « S’il accepte, je veux absolument que tu deviennes sa secrétaire, ensemble vous feriez des merveilles ! » Antinea se bidonna toute seule en imaginant un peu la scène, qui n’arrivera certainement jamais, mais qui ne manquerait définitivement pas de comique -en plus drôle que si Galaad reprenait l’affaire Stomby.

« Je partage ma chambre avec toi quand tu veux ! » Antinea le disait sur le ton de l’humour, mais le pensait réellement. Eve sera toujours la bienvenue chez elle, peu importe l’heure et le moment. C’était la moindre des choses quand on avait une meilleure amie aussi géniale qu’elle. Quand la conversation changea de sujet, un léger sourire se dessina sur le visage de l’irlandaise qui ne mentait au grand jamais à sa grande amie, même si c’était pour raconter des trucs pas vraiment glorieux. « Non, pas vraiment. Mais, bientôt je vais revoir Elias, tu sais le gars de la dernière fois… Je dois lui rendre son t-shirt… Du coup je vais profiter du concert du groupe de mon frère pour faire ça. On verra bien, mais je dois déjà lui écrire pour m’excuser, je ferai ça à Noël. » La brune avait bien évidement raconté l’histoire de la fête d’anniversaire à sa meilleure amie et se voyait mal ne pas lui raconter la suite -après tout, c’était le principe des amis. « On verra bien ! » Un rapide sourire avant de se lever et de se diriger vers la cuisine et de sortir de quoi faire le fameux gateaux. « Je suppose que j’en fais un énorme ? Tu pourras ramener le reste chez toi. »

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La jeune Stomby était parfois si idéaliste que ça rendait Eve folle. Elle n’avait pas son optimisme ni sa façon de positiver et de passer à autre chose facilement et parfois, ça lu aurait été bien nécessaire. « C’est pas bidon. » conclut la cadette Bannerman en grimaçant. Un jour elle reconnaîtrait qu’elle ne faisait pas d’effort et se cachait de la vérité, mais ce jour-là n’arriverait pas aujourd’hui. « Fous-toi de ma gueule, tiens. J’aurais l’air d’un sacré cageot en robe. » Pour ainsi dire, Antinea devait être la seule fille qui l’avait peut-être déjà vu s’habiller avec autre chose que des pantalons en jean troués ou des bas de jogging dénués de toute féminité. Mais la brune était interdite de prendre des photos d’elle dans cette tenue, Eve se sachant sans même avoir besoin de se voir pas du tout naturelle habillée comme une « vraie fille ». C’était comme voir le reflet d’une étrangère et ça, elle avait du mal à le tolérer.

Sa meilleure amie ne voulait cela dit que son bien et la jeune fille avait assez discernement pour le savoir. « Oh, Antinea. » Elle lui aurait sans doute volontiers fait un câlin si l’assistante n’était pas aussi avare d’échanges tactiles avec ses amis proches. La brune préférait fonctionner à l’instinct et au spontané, et la plupart du temps, ce qui lui apparaissait comme le plus simple et évident, c’était de s’exprimer avec des mots quand elle trouvait les bons pour faire comprendre à quel degré elle tenait à sa chère Antinea Stomby. Et quand ça ne suffisait pas, la concernée savait que c’était à elle de venir chercher l’affection qu’elle voulait – Eve ne lui disait jamais vraiment non.

L’italienne balaya du regard le salon avec un sourire appréciable. L’espace était confortable et il y avait suffisamment de mobilier et de décoration plaisante pour se sentir chez soi, mais c’était un peu trop ordonné pour quelqu’un comme elle, qui faisait le ménage et le rangement aussi souvent qu’elle allait rendre visite à ses parents. « Mais non, c’est très bien rangé, voyons. » La brunette se mordit les joues pour garder son sérieux et continua de défense sa position de jeune fille parfaitement en adéquation avec l’harmonie chaotique de son petit studio. « Et puis il paraît que le bordel ça inspire, tu vois, c’est typique des gens intelligents. » Après un tel argument, elle ne put qu’éclater de rire et boire un peu de bière en gloussant.

Eve se mit en quête de dégoter un paquet de pâtes et une casserole, ce qu’elle arriva assez facilement à trouver. Elle pouvait autant compter sur son aptitude à savoir où les gens rangeaient en général les choses chez eux – pratique pour voler quelques petits trucs à l’improviste – que sur son habitude à venir faire la cuisine ici. Suite à l’idée folle d’une entreprise gérée par les deux rejetons Bannerman, elle s’insurgea. « Ah non, c’est mort. Je pourrais pas supporter sept heures complètes à bosser pour Romy. » Même s’il était son frère et qu’elle l’adorait – impossible pour elle de prétendre honnêtement le contraire -, il y avait fort à parier qu’ils se seraient entretués. Déjà que vivre chez lui avait demandé un maximum de patience de sa part, le travail n’était franchement pas un domaine où ils s’accorderaient davantage.

La brune attrapa quelques tomates et un oignon, sortant un couteau pour commencer la découpe minutieuse et automatique des légumes tandis qu’un sourire venait fleurir sur son visage. « J’en doute pas. » Elles pouvaient tout partager, ça c’était évident.

A force de discuter de tout et de rien Eve en venait toujours aux histoires de cœur de son amie, qui étaient souvent tumultueuses. Et comme elle s’y attendait, la dernière en date respectait cette règle. « Lui ? Tu vas le revoir lui ? » Eve posa sa bière sur le plan de travail de la cuisine, sourcils froncés. La suite lui plaisait encore moins que de voir apparaître la tête de Maximilien Owen dans cet appartement. « Pour t’excuser ?! On peut savoir de quoi ? Ce type est un trou du cul. C’est bien fait pour sa gueule. » On ne pouvait pas dire que la jeune fille manquait de franchise et de loyauté, bien au contraire, certaines de ses phrases auraient peut-être mérité un peu de reformulation et de diplomatie. Son esprit de petit voyou impulsif avait d’ailleurs taillé un costard suffisamment ajusté à Elias lors de la soirée d’anniversaire de sa meilleure amie pour qu’il s’y sente comme un poisson dans l’eau. Elle avait aussi proposé un vaste échantillon de tous les coups foireux dont Eve était capable – taguer la porte de son appartement, faire courir des rumeurs de MST sur son compte ou lui envoyer quelques types bien baraqués pour calmer ses ardeurs. Antinea avait tout refusé en bloc et la jeune femme s’était donc résignée à devoir éponger la tristesse de son amie à coups de gâteau au chocolat, d’insultes en l’air et de compliments dont elle avait abreuvé la sang-pure.

La cuisine adoucissait peut-être les mœurs autant que la musique mais Eve comptait bien raisonner son amie au sujet de ce mexicain débile. « Hey t’inquiète, je meurs pas de faim chez moi. » Un sourire un peu plus gentil pour contraster ses paroles agressives d’il y a quelques minutes et la brune rappela quels estomacs sur pattes elles pouvaient être quand il s’agissait de brownie et de pâtes. « Puis c’est pas dit qu’il y ait des restes ! »

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« C’est pas moi que tu vas convaincre ma belle. » Un sourire face à son amie qui ne lachait pas l’affaire, préférant sûrement se dire que c’était impossible que de se retrouver face à la réalité. Ce qui sous entendrait assumer ses sentiments pour l’anglais et vivre avec au jour le jour. Pour l’irlandaise, ils étaient fait l’un pour l’autre et même s’ils ne sortaient pas ensemble, c’était de très loin son couple préféré. Surtout que sa si parfaite et si jolie meilleure amie méritait au moins un garçon comme Léopold qui ne la ferait jamais souffrir. « Eve, je crois que tu réalises pas vraiment à qu’elle point tu es jolie. » Le compliment était sincère, tandis que la brune rigola un peu à la magnifique comparaison de l’italienne, qui était au passage totalement risible.


Eve était pour elle la fille la plus intéressante et drôle du monde, c’était ce qui faisait qu’elle était si unique aux yeux d’Antinea et même si elle pouvait sortir des conneries plus grosse qu’elle, l’ancienne serdaigle ne pouvait pas s’en lasser. « Ah vraiment ? Tu devrais tenter une thèse alors ? » Bien sûr, Antinea ne considérait pas les études comme une preuve d’intelligence, mais pour la blague elle se permettait de le faire. De toute manière, Eve n’avait pas besoin de diplôme pour briller aux yeux de sa meilleure amie -être elle même lui suffisait largement. Après avoir attrapé des oeufs dans le frigo et de quoi commencer la préparation du gâteau, elle releva ses manches, tandis que l’autre s’attelait à sa mission pastas en rejetant l’idée de bosser avec son frère. « Tu as raison, la secrétaire ça devrait être lui. » Après cette petite hypothèse sympathique, mais parfaitement impensable, la conversation changea de registre.


Sans surprise, son amie n’approuvait absolument pas son idée et ne semblait même pas la comprendre, ce que arrivait d’ailleurs souvent en matière de garçon. Malheureusement, Antinea n’avait pas de Léopold dans sa vie et enchaînait les mauvais plan. « Oui, Elias. M'excuser d’avoir cassé ses trucs et lui rendre son t-shirt, je suis pas une voleuse. » Ce qu’elle oubliait de dire, c’était qu’elle avait aussi très bizarrement beaucoup envie de le revoir. Avant leur dispute, ils étaient à deux doigts de conclure et elle se souvenait parfaitement de l’attraction qu’elle avait pu ressentir à son égard. « Je me suis énervée parce que j’avais trop bu, tu sais très bien comment je suis quand je bois trop. » Sa meilleure amie était définitivement la mieux placé pour le savoir. Les remords d’Antinea par rapport à son comportement étaient digne d’elle-même, la fille douce et gentille qui n’aimait pas passer pour une folle, comme certaines personnes de sa famille. « Je me doute que tu meurs pas de faim, avec toutes les bouffes que tu fais avec Léopold, mais on ne sait jamais. » Puis surtout ça lui faisait plaisir. « C’est vrai, on va peut-être faire nos grosses. » Les deux filles s'étaient déjà aisément enfilé des donuts sans aucun remord, juste parce que la gourmandise était une spécialité, surtout en groupe. [/color] »

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En guise de réponse, Eve grogna un peu et hocha la tête en signe de dénégation. « Laisse tomber, on a déjà eu ce débat, et franchement c’est chiant. » Eve refusait catégoriquement de se laisser convaincre par cette idée folle selon laquelle ses chromosomes étaient bien tous deux X et qu’elle avait donc toute légitimité à porter une jolie jupe ou une tenue élégante sans avoir l’air d’un dindon travesti. Elle avait d’autant plus de mal à imaginer une réaction positive de la part de ses proches – excepté Antinea – si elle s’essayait aux robes et au maquillage soigné qu’elle préférait abandonner ce combat perdu d’avance.

La jeune fille s’étonnait de voir sa meilleure amie déborder d’idées pour sa carrière professionnelle, ce qui l’amusait d’ailleurs beaucoup. « T’as de ces idées pour mon avenir, toi ! Tu me tues. » Elle la regarda avec un mélange d’incrédulité et d’hilarité tout en terminant la découpe des tomates qu’elle ajouta à l’oignon émincé dans la poêle arrosée d’huile d’olive. Le feu doux mis en route, la jeune femme reprit sa bière et observa son amie cuisiner, un sourire tranquille aux lèvres. La brune n’était cependant pas prête à entendre la suite puisqu’alors qu’elle buvait un peu d’alcool, elle explosa de rire, toussotant en essuyant sa bouche alors qu’elle était en train de déglutir – son rire ne s’atténua que lorsqu’elle eut réussi à finir sa gorgée de bière et à retrouver sa respiration. « Oh putain meuf redis plus jamais ça, j’ai failli cracher ma bière. » L’image d’un Romy en petit tailleur avait traversé vaguement son esprit, elle n’avait pas pu s’en empêcher – il aurait fait un tabac comme secrétaire, c’était évident.

Sur une note moins amusante, Antinea avait tout l’air de sombrer à nouveau dans ses mauvaises habitudes avec les garçons et comme à chaque fois, systématiquement, Eve s’interposait pour lui prouver par a+b que le garçon du moment n’était pas le bon pour elle. « Ah non t’es pas une voleuse. Et tu sais ce que t’es pas non plus ? Une meuf qui se laisse marcher sur les pieds. Alors ton Elias tu l’emmerdes et tu t’excuses pas. » objecta une Eve tranquillement confortée dans ses opinions. Les hommes n’étaient pas là pour pourrir la vie de sa meilleure amie, ils auraient du tous s’incliner et lui offrir les plus belles choses au monde plutôt que de continuer à trouver les meilleurs moyens de la décevoir toujours un peu plus. Voilà pourquoi les mecs étaient toujours des connards, songeait avec une ferveur incroyable la féministe qui sommeillait en Eve. Toujours ou presque, bien sûr, elle n’aurait jamais laissé personne lui faire la vie dure de cette façon – et d’une certaine manière elle pensait automatiquement à Léopold et à l’impossibilité qu’il puisse un jour la blesser. On ne pouvait jamais dire jamais, néanmoins Eve n’avait franchement pas hâte que ce potentiel moment arrive – auquel cas elle risquait de ne répondre de rien, un peu comme Antinea avec ce fameux Elias. « Ouais je sais. Je sais aussi que pour qu’un mec te vénèr comme ça c’est qu’il est con. » Décidément, le mexicain ne gagnerait pas ses faveurs ce soir. Et puisque son amie n’avait pas l’air de vouloir lui donner raison à elle, elle usa de son joker Worsley – ce qui fit soupirer et lever les yeux au ciel à la jeune Bannerman. « Tiens, ça faisait au moins cinq minutes que t’en avais pas parlé de celui-là ! Incroyaaaable. »

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Son amie avait la fâcheuse tendance à se voir comme un mec, oubliant au passage qu’elle était une ravissante jeune femme, pour dire vrai elle était aux yeux d’Antinea, la plus jolie fille de leur âge. Raison pour laquelle quand elles traînaient en ville ou entraient en boîte, bon nombre de regards se posaient sur elles. Que ce soit la gente féminine dégoûtée face aux deux ravissantes jeunes femmes ou la gente masculine qui serait ravie d’être sélectionné pour les prolongations. « Je suis Antinea Stomby, je ne lâche jamais l’affaire ma belle. » Oh non, elle n’était pas prête de lâcher l’affaire et continuera à forcer sa meilleure amie à sortir avec elle et à l’habiller de temps en temps comme une fille. Adieu jogging. Heureusement que l’irlandaise n’était pas non plus une princesse, sinon Eve aurait de quoi pleurer. Surtout que la brune adorait s’occuper du bien être de son amie, trouvant que les autres ne le faisait d’ailleurs pas assez, la réduisant trop souvent à une salle gosse mal éduquée -ce qu’Antinea ne pensait pas un seul moment. « Faut bien que quelqu’un pense à ton avenir. » Et à tout le reste d’ailleurs. Automatiquement, un sourire chaleureux se dessina sur le visage de l’ancienne serdaigle tandis qu’elle terminait tranquillement sa préparation.

Le sujet Roméo était souvent la cause de beaucoup de rire, mais aussi parfois de beaucoup d’inquiétude pour l’ancienne serpentard, raison pour laquelle Antinéa prenait beaucoup de pincettes pour en parler. Surtout qu’elle savait mieux que personne à quel point c’était difficile d’avoir un frère un peu déviant et ne pas vraiment savoir comment l’aider. « Je suis certaine que l’idée te plaît déjà. » Si un tel monde existait, Antinéa voudrait absolument travailler dans la boîte de sa meilleure amie, simplement pour la voir en directrice et son frère en secrétaire. Si parler du plus âgé détendait toujours l’atmosphère, ce n’était pas vraiment le cas en ce qui concernait son comportement avec les gens. Antinea savait parfaitement qu’elle était un peu bonne poire et souvent trop gentille, mais c’était avant tout parce qu’elle préférait voir les choses du bon côté -sans quoi elle serait sûrement déjà en dépression. « M’excuser ne veut pas dire que je me laisse marcher sur les pieds. » Un petit sourire avant de transvaser la pâte à gâteau du saladier au plat en verre. Bien sûr, elle essayait de démentir les paroles de son amie, mais malheureusement pour elle Eve la connaissait comme si elle l’avait fait et elle n’avait presque aucun secret pour elle. « Oui, bon c’est vrai, mais c’est pas comme si j’allais sortir avec lui. » Non, parce que même s’il était particulièrement mignon et très sympathique quand il le voulait, il s'avérait aussi être tout ce qu’elle détestait et rien que pour ses convictions elle ferait mieux de l’enterrer à jamais -enfin, seulement après lui avoir rendu son t-shirt et remboursé les dégâts qu’elle avait causé chez lui.

Détourner la conversation devenait désormais une priorité et dans une tentative certes plutôt basse, elle avait relancé la conversation sur le jeune brigadier. « Je me dis que plus je t’en parle, plus tu tombes amoureuse. » Un large sourire sur son visage alors qu’elle imaginait les deux amis en couple -chose qui finira bien par arriver d’après elle. D’un geste assez doux, elle enfourna son gâteau dans le four et lança la cuisson avant de s’approcher de l’italienne et de se poser juste à côté d’elle sur le comptoir de cuisine. « Alors Evounette, elles avances tes pastas, parce que je meurs de faim ? » Comme pour faire passer le temps, elle termina sa bière tranquillement et joua avec une de ses mêches de cheveux qui s’était échappé de son vulgaire chignon.

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L’eau des pâtes qui avait été mise à chauffer bouillonnait déjà quand Eve déversa les pâtes dans la casserole dans un bruit d’éclaboussure. Pendant ce temps, Antinea continuait de lui prodiguer ses conseils en matière de carrière, ce qui amusait beaucoup son amie. « Mais j’y pense, j’y pense. » lui assura t-elle tout en déversant dans la poêle qui jouxtait la casserole le mélange de condiments et de tomates.

Pendant que tout cela mijotait paisiblement, la conversation se poursuivait sur le même rythme décontracté qui donnait à Eve l’impression d’être vraiment chez elle. Pas chez ses parents acariâtres ni dans son tout petit studio, mais comme dans une bulle de familiarité et de confort absolu. « Carrément. » approuva l’assistante, reléguant dans un coin de sa tête l’idée potentielle d’une petite entreprise familiale dans la catégorie des projets fous et improbables.

En entendant son amie lui raconter comment elle comptait agir avec le dernier mec en date qu’elle ait rencontré, l’italienne soupira. Décidément sa meilleure amie s’avérait être aussi têtue qu’elle dans ses meilleurs jours. « Mais il en vaut pas la peine, Anti. » Pour elle, un type qui lui racontait des bobards ne méritait qu’un juste de retour des choses et cela passait par une multitude d’idées qu’Eve aurait partagé avec plaisir. Malheureusement, Anti avait beau lui expliquer qu’il y avait bien peu de chances pour que cette nouvelle relation dépasse le stade de l’entente cordiale, la jeune Bannerman n’en croyait pas un traître mot. Titi avait toujours le chic pour tomber sous le charme des moins recommandables et elle le sentait à mille kilomètres, ce Elias Desario allait revenir dans les prochaines discussions bien plus qu’elle ne le voulait. « Manquerait plus que ça. » marmonna la brune qui voyait déjà le coup venir de très loin : Raphaelle appelait ça le syndrome de Stockholm ou un truc du style et la jeune Bannerman ne manquerait pas de lui faire un petit cours de psychanalyse sur ce sujet si les choses prenaient une telle tournure. Pas sûre qu’elle aille bien loin avec les rudiments de psychologie que lui dispensait sa boss mais au moins elle pouvait compter sur la peur potentielle que cela déclencherait chez son amie – ou pas.

Néanmoins sa consoeur ne souhaitait pas en parler davantage et comme un bouclier elle dégainait l’excuse Worsley plus vite que la lumière. Enfonçant le clou de sa prétendue histoire d’amour avec le jeune homme, la brune nargua sa camarade, qui joua la carte du stoïcisme le plus complet. « Bien sûr, Antinea, bien sûûûûûr. Je suis tout à fait raide dingue de lui. » La jeune femme faisait délibérément exprès de dire des phrases pareilles, persuadée que cela allait augmenter le degré d’hystérie de sa meilleure amie au sujet de Léopold Worsley. Ca l’amusait un peu, elle devait l’avouer.

La viande ajoutée, la sauce crépitait finalement et après vérification d’usage, la jeune italienne jaugea la cuisson al dente. « Elles sont prêtes figure-toi ! A table, cara mia ! » entonna joyeusement Eve la cuisinière qui, chaussée de deux maniques, se saisit de la casserole remplie de pâtes bolognaise pour aller la poser sur la table du salon. « Fais gaffe c’est méga chaud. » La fumée qui s’échappait des assiettes qu’elle servait généreusement en témoignait, mais ce n’était qu’une habitude pour la jeune Bannerman qui savait d’avance que sa meilleure amie allait se ruer sur son plat sans attendre. Ces soirées, elle les connaissait par cœur et elle ne s’en lassait jamais.

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Les soirées avec sa meilleure amie avait toujours ce côté extrêmement chaleureux et d’une certaine manière, elle s’y sentait toujours parfaitement à sa place. Eve et elle formait une sorte d’équilibre parfait et se complétait dans presque tous les domaines. Antinea pensait même que si on les fusionnait on formerait quelqu’un de vraiment géniale. Bien sûr à ses yeux, on gardait plus de qualité appartenant à l’ancienne serpentarde qu’à elle, mais ce n’était pas très objectif pour le coup. Néanmoins, la brune adorerait avoir la force de caractère de son amie qu’elle admirait vraiment. Si elle en profitait, elle ne se serait sûrement jamais retrouvé dans des situations si ridicule et gênante, sans parler qu’elle aurait sûrement foutue sa main dans la figure de plusieurs personnes. « Je sais bien, mais je me sens coupable. » On ne changera pas Antinea si facilement, mais heureusement elle pourra toujours compter sur sa meilleure amie pour passer une soirée avec elle si la situation ne s’améliore pas. « Ouais, manquerait plus que ça. » Son ton de voix laissait entendre un certain pessimisme, puisque les choses avaient la fâcheuse tendance à prendre les pires directions dans sa vie.

Néanmoins, elle préférait ne pas penser au mexicain, trouvant que Eve et son âme-soeur était un sujet largement plus intéressant. Son amie démentait les propos de la brune, mais cela ne lui donnait que plus envie d’en parler. « On verra bien qui à raison à la fin. » Étrangement, elle souhaitait réellement que ce soit elle, parce que cela prouvera définitivement qu’elle avait raison depuis le début. Certains couples étaient évidents et celui ci en fait définitivement parti. L’heure du repas avait sonné et Antinea capitula un peu, avant d’attraper des couverts et de suivre son amie dans le salon.« Ouais ! Ca tombe bien, je meurs de faim ! » Elle se posa dans le canapé en souriant à Eve, avant de faire honneur à ce repas divin. « Miam, tu es la reine des pastas ! » Pour dire vrai, elle pourrait en manger tous les jours tellement elles étaient bonnes et rien que pour ça, l’assistante était parfaite.

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