— Je meurs, j'ai vraiment trop mangé !, s'exclame la psychologue en ouvrant la porte de la mythique Chevrolet Impala. Elle lance un grand sourire rayonnant à Basile – elle a toujours aimé les fêtes de Noël surtout que cette année elle a reçu le meilleur cadeau au monde. Aller à la Comic-con, un rêve qui se réalise. Mais ce n'est pas la seule chose qui la pousse à être d'extrêmement bonne humeur. Leur plan a particulièrement bien marché et sa mère adore son nouveau petit copain, alors que son père a apprécié passer la soirée à boire avec une personne qu'il sait ne pas coucher avec sa fille. En plus, elle a totalement marché. Et elle t'adore. C'est vraiment parfait. Merci Basile, tu as été génial, comme d'habitude. Un vrai super héros. Pour la rousse, l'auror représente sans le moindre soucis la forme masquée de Bruce Wayne. Allez, c'est parti pour Édimbourg ! Elle cale son dos contre le siège passager et enlève sa grande écharpe Doctor Who.

Raph est heureuse – elle a conscience que ce n'est pas encore ça, que Basile n'est pas guéri mais elle ne peut s'empêcher de voir dans le comportement actuel de l'auror une certaine évolution. Il n'est pas encore à boire moins mais le fait qu'il ait accepté de venir passer les fêtes avec elle est une preuve qu'il ne rejette plus la figure du psychologue, un bon moyen pour elle d'avancer sa thérapie. Avoir la confiance du client est une bonne chose, mais bien sûr les choses sont différentes dans ce cas-là. La rousse s'est attaché à cette bouille d'écureuil qu'est Basile, et elle sait parfaitement qu'elle serait face à son plus gros échec – non seulement en tant que professionnel mais en tant qu'humain – si elle ne parvenait pas à l'aider. D'ailleurs, elle compte bien lui parler de cette histoire de lettre dès les fêtes passées – elle doute qu'il ait envie maintenant, ou alors peut-être le ferait-il de lui-même. Dans tous les cas, l'important reste de lui permettre d'aller mieux.

L’écossais salua la petite famille, avant de rentrer à son tour dans la mythique chevrolet. « Tu n’as rien mangé. » C’est sûr que comparé à lui, la rousse n’avait rien mangé -surtout que cette dernière était au plus grand regret de Basile, végétarien. Pour les fêtes de Noël, il avait accepté de jouer les faux petits copains le temps d’une soirée, à condition qu’elle vienne avec lui en écosse pour la suite. Raphaëlle était certes sa psychologue, mais elle était désormais une véritable amie. Elle l’aidait par sa simple présence et il savait qu’il pouvait compter sur elle pour tenir sa langue.  « En même temps, mon numéro de gendre idéal était parfait, même ton père aurait pu y croire. » Un rapide sourire avant de lancer la voiture sur la route en souriant et en lançant son album préféré de LedZepplin -direction Edimbourg.

« Ton père est cool, je pense que tu vas adorer le mien et tu vas voir, mes petits cousins sont hilarants. » Basile, même s’il laissait penser le contraire était très proche de sa famille et aimait les savoir en sécurité. Le repas de Noël était l’occasion de regrouper tout le monde autour d’une même table pour un moment convivial. Ils allaient rouler toute la nuit et ils allaient devoir passer le temps, seulement il n’avait aucune envie de se faire psychanalyser le soir de Noël. « Tu vois le levier de vitesse ? Il est différent des modèles récents, mais une fois que tu gères ça, tu peux conduire le bébé. » Au même moment, il tapota le tableau de bord, comme pour féliciter sa voiture de tous ses moments passés ensemble.

— Toi le genre idéal ?, lance la psychologue avec un petit sourire amusé. Elle ne doute pas une seconde que ça puisse être le cas, et elle se doute qu'après ce repas des plus agréables, sa mère regrettera encore plus la nouvelle le jour où elle lui annoncera qu'elle est lesbienne. Quel dommage pour elle – elle le fera devant son père évidemment, histoire qu'il y en ait un qui profite du moment. Pour ça, il faudrait déjà que tu te trouves une petite amie mon cher. Et une belle attention. Avec Joy, on surveille, et on n'acceptera pas n'importe qui. C'est sûrement le côté comique d'avoir des amies lesbiennes – surtout une comme Raph qui ne comprend pas vraiment la notion du mot tact et ça malgré son emploi – mais la rousse a suffisamment confiance en l'auror pour ramener une fille bien mignonne. De toute façon, les ragots parleraient de Victory Willard alors rien d'inquiétant à ce niveau-là. Elle écoute attentivement son ami parler – elle trouve ça passionnant, comme toujours et peu importe la personne. Cool ! J'ai vraiment hâte de rencontrer la famille du grand Basile Flaversham, dit-elle en rigolant. Elle connaît de vue son petit frère – un géant qui semble apporter une attention particulière à sa chevelure de princesse – mais elle est ravie de voir le reste, surtout que Joy lui en a dit que du bien.

La psychologue chantonne la musique qui passe – Led Zeppelin, pas vraiment son groupe préféré mais un classique qu'elle ne peut pas ignorer. Ses yeux restent fixer sur la route alors qu'elle s'enfonce dans le siège passager, mettant son manteau sur elle comme couverture. La nuit risque d'être longue et même si elle ne compte pas s'endormir pour tenir compagnie à l'écossais qui est au volant, elle préfère s'installer confortablement. On fait comme on peut – les fêtes sont épuisantes et elle ne peut s'empêcher d'avoir hâte de rentrer à Londres pour sauter sur Nemo afin de le remercier. Le mexicain lui manquerait presque – et elle espère pouvoir passer les fêtes avec eux à l'occasion. Elle lance un grand sourire à Basile qui continue à lui expliquer le fonctionnement de la Chevrolet, elle acquiesce rapidement, certaine que de toute façon elle n'aura pas à conduire cette voiture.

« Bon je t’accorde que non, mais disons que je suis le faux gendre idéale alors. » L’avantage de traîner avec sa psychologue, c’est qu’il n’avait pas besoin de mentir. Il n’était clairement pas le gendre rêvé, surtout pas en ce moment. Avec Raphaëlle tout lui semblait plus simple, il avait trouvé chez elle un personne pour se confier et se sentait déjà un peu mieux, bien qu’il buvait toujours autant et dormais toujours si peu. La réplique de la rousse le fit beaucoup rire et il ne manqua pas de lui annoncer de manière sous-entendu une information qui la ferait sûrement sourire. « Mais qui te dit que je n’ai pas une copine. » L’auror parlait bien sûr de Victory avec qui il s’était déjà plus ou moins engagé, d’ailleurs pour Noël, il avait cassé sa tirelire pour lui payer un voyage en grèce avec qui elle voulait, préférant ne pas la forcer. « Je pense qu’ils sont déjà en train de parier sur le fait que tu sois ma copine. » En fait, il en était même parfaitement sûr, comme ils l’avaient fait pour Joy. Dommage pour eux, Basile n’était pas encore bon à marier.

Parler de la voiture avait permis d’occuper une bonne heure, oubliant l’heure tardive et le côté monotone des petites routes anglaises. Les heures passaient et l’auror combattait la fatigue en haussant un peu le son de la musique et en écoutant un peu la rousse parler. Soudainement, son téléphone sonna et il l’attrapa. L’écran afficha un nom qu’il connaissait bien : Victory Willard. Sans trainer, il décrocha. « Hey ! Joyeux Noël ma belle, j’espère que c’était cool. [...] D’acc, nous on est sûr la route vers Edimbourg. [...] Alors mon cadeau ? …. bip, bip, bip. » BAM. Sans prévenir, une voiture avait surgit à pleine vitesse en face d’eux et pour évité le choc, il avait donné un coup de volant direction le fossé. La dernière chose qu’il put voir, c’était un morceau de verre lui traversant le bras et son ami endormit, avant de perdre lui-même connaissance.

Raphaëlle regarde Basile soudainement intéressée. Ma belle ? Un petit sourire curieux s'affiche sur son visage alors qu'elle regarde le paysage, écoutant avec attention la seule partie de la conversation qu'elle peut entendre. Elle n'en revient pas, l'auror semble vraiment avoir une petite amie et il a osé lui cacher, à elle. Elle se demande soudainement si Joy est au courant ou pas – et si c'est le cas, sa meilleure amie aura également le droit à de nombreux reproches. Elle n'a maintenant plus qu'une hâte – que son ami termine sa conversation téléphonique pour qu'elle puisse le noyer de questions. Il ne le sait peut-être pas encore mais il en a au moins pour le reste du trajet à devoir répondre à toutes ses questions.

Ses yeux sont rapidement attirés vers la forme qui fonce en direction de la Chevrolet Impala. Pas inquiète un seul instant – Basile conduit comme un dieu – elle tourne la tête vers lui pour s'assurer qu'il a bien vu l'autre voiture. Mais l'auror est trop occupé à parler de son cadeau de Noël pour faire attention au reste du monde. Et avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit, c'est le choc dont elle n'est que trop rapidement témoin. Elle se rappelle de sa violence, de la peur ressentie quand elle se rend compte que la collision est évidente. Puis c'est le noir total – Raphaëlle repose évanouie toujours attachée au siège de la mythique voiture.