Bad education | Quentisaac

Oh, the delicate smell of burnt toasts in the morning

Oh what a day, what a lovely day ! Δ Quentin // Isaac.

Il ne s'était pas méfié et voilà où ça l'avait mené. A un réveil en sursaut pendant qu'une affreuse odeur de brûlé envahissait son appartement tout entier. Vigilance constante. On ne l'y prendrait plus. Quentin Ignatius Silverstein jeta ses couvertures et se précipita hors de sa chambre, baguette à la main.

***

Tout avait commencé à la fin de l'été. Il avait relâché sa garde progressivement, sans s'en rendre compte. Tout allait bien - mieux -, l'Ordre réussissait à garder la tête hors de l'eau, ils avaient connus des pertes mais de nombreux mangemorts avaient été obligés de se cacher, mis en fuite par les Aurors, le temps était clément, Willow était en sécurité. Et Quentin ne s'était pas méfié lorsqu'Isaac Delpech s'était présenté dans la salle de réunion de leur QG, l'air défait.

Clément Delpech avait été un des leurs. Un homme solide et courageux. Et il était mort. Quentin ignorait plus ou moins la situation familiale des Delpech. Bien que l'Ordre ait en son sein des membres d'une même famille beaucoup d'entre eux préféraient ne pas impliquer la leur, par peur des risques de fuite. Quentin savait que Delpech avait un frère, plus jeune, mais jamais il n'avait imaginé à quoi ce dernier puisse ressembler. Il avait été pris par surprise en découvrant Isaac. Tout en lui avait l'air vulnérable. Il était jeune, trop jeune, plus que Willow. Il n'était pas bien épais. Il avait l'air à peu près aussi agressif et violent qu'un chiot.
Quentin n'avait pas pu se résoudre à le laisser faire ses armes sous la supervision de quelqu'un d'autre. Kingsley était très capable mais aussi très occupé, Alastor était trop brusque et Remus... Remus avait ses propres problèmes.

Quentin avait donc posé sa main sur l'épaule d'Isaac alors que les membres quittaient la réunion et, avec un sourire paternel, avait prononcé ces mots qu'il allait regretter profondément dans un futur proche : « On va faire équipe toi et moi. »

Il avait été trompé, voilà, il fallait bien l'admettre. Par les boucles blondes, par l'air perdu, par le regard triste et les épaules rentrées dedans. Il avait cru sauver un chiot et il s'était retrouvé avec la pire tête brûlée qu'il ai jamais eu à entraîner. Quentin le disait, le répétait : cette guerre – car c'en était une, que l'on s'en rende compte ou non – n'était pas un jeu. Il l'avait décliné sur tous les tons à Willow jusqu'à ce qu'elle comprenne bien l'importance de son choix et tentait de l'imprimer de la même façon dans la cervelle d'Isaac. Chez l'un ça fonctionnait, chez l'autre, apparemment pas. Allez comprendre. Isaac ne s'en tenait jamais au plan, Isaac partait dans tous les sens, Isaac faisait preuve de bonne volonté mais n'écoutait que lorsque ça lui chantait. C'est à dire pas assez souvent au goût de Quentin qui s'était attaché au gamin, mine de rien.
Il s'inquiétait perpétuellement pour Isaac et doutait de sa propre capacité à arriver à l'âge de quarante-cinq sans un ulcère ou un craquement nerveux. Il avait imposé à l'ancien Serdaigle de dormir deux à trois fois par semaine sur son canapé après avoir failli de faire une crise cardiaque en remarquant qu'Isaac n'avait même pas mis le verrou sur la porte de son propre appartement. Vous parlez d'une bonne intention.

***
Le problème d'Isaac n'était certainement pas qu'il manquait d'attentions puisque de toute évidence il avait tenté de lui préparer le petit déjeuner. Le problème d'Isaac c'est qu'il ne réfléchissait pas avant d'agir puisque de toute évidence il avait manqué de foutre le feu à sa putain de cuisine.

« Est-ce que je. Que. Tu. » Une inspiration. Il devait respirer avant de s'étouffer. Quentin expira, inspira et reprit, mortellement calme. « Qu'est-ce que tu as essayé de faire, Isaac, au juste ? »

**Isaac Delpech** ~ ID du thug ~ Age : 27 ~ Messages : 41

Good morning England
Rien n'était comme Isaac avait pu l'imaginer. L'âge adulte, les responsabilités. L'Ordre du Phénix, la guerre silencieuse, les persécutions incessantes. Le monde. Mais surtout les pancakes. Pour être honnête, il n'y avait même rien de plus consternant que d'apprendre que l'on est incapable de faire cuire des bêtes pancakes à dix-huit ans. Tenant à bout de bras la casserole qui semblait vouloir prévenir toute l'Angleterre de son triste sort en émettant des signaux de fumée alarmants, Isaac était partagé entre l'envie irrésistible de se réfugier sous la table et l'impérative nécessité de tenter de réparer les dégâts. Finalement — et sa décision fit écho à toutes celles qu'il avait pu prendre jusque-là, depuis qu'on l'avait placé sous la houlette sévère mais bienveillante de Quentin Silverstein — il choisit l'option qui lui paraissait la plus juste mais qui était aussi souvent la moins raisonnable. Dans un élan désespéré, il s'empara de sa baguette et l'agita en espérant vaguement que cela servirait à quelque chose. Moins d'une seconde plus tard, pendant que l'odeur de brûlé croissait d'un coup, il décida prudemment de changer de tactique, laissa tomber sa baguette au sol et éteignit le gaz manuellement. L'urgence enfin contenue, il laissa échapper un soupir soulagé. Quentin était toujours couché, sûrement, s'il s'y prenait de la bonne manière, le carnage qui régnait dans sa cuisine aurait disparu depuis un bon moment avant qu'il —

« Qu'est-ce que tu as essayé de faire, Isaac, au juste ? résonna soudain une voix profonde derrière lui. »

Pris la main dans le sac, Isaac en fut réduit à se retourner pour faire face à son mentor auto-proclamé. Ses cheveux blonds paraissaient se battre en duel au-dessus de sa figure angélique où s'égarait une tâche noire non-identifiée. Quant à ses vêtements, il aurait pu sortir d'une bagarre au fond d'une ruelle mal-éclairée qu'il n'aurait pas eu l'air différent. Comme pour ne rien gâcher, la cuisine était un véritable champ de bataille et lui au milieu, seul survivant d'une épique épopée. On lui avait déjà dit sans qu'il comprenne vraiment qu'avec sa face de bébé, il pourrait s'entraîner à faire les yeux mouillants pour attendrir ses adversaires mais l'une expression aussi profondément coupable que pathétique qu'il affichait était odieusement sincère. Isaac ne feignait pas. Le pire était sans doute qu'il était totalement inconscient du fait qu'il jouait parfois avec les nerfs de Quentin au point de le rendre fou.

« Le petit-déjeuner, balbutia-t-il sur le ton de l'évidence, impressionné malgré lui par l'apparence Je-suis-prêt-à-tuer-quelqu'un-même-lorsque-je-viens-de-sortir-du-lit de Quentin. Des pancakes avec du sirop d'érable. Enfin c'était censé en être. » Il jeta un regard dubitatif en direction de la casserole où s'amoncelait un tas de pâte noirâtre à l'air tout sauf comestible. « Je suis désolé, murmura-t-il, le recours au pardon étant demeuré l'un de ses plus fréquents automatismes. Je voulais simplement... faire quelque chose. » Faire quelque chose, la hantise d'Isaac. Depuis la mort de son frère —

Mieux valait ne pas y penser.
Comme pour mieux camoufler le pincement au cœur qu'occasionnait toujours le souvenir de son aîné, Isaac sourit à Quentin. « Sinon, il reste toujours votre bonne vieille machine à café. Je peux m'en occuper si vous voulez. » Isaac était tout simplement incapable de tutoyer l'homme plus âgé. De la même manière qu'Oz, sa figure paternelle par excellence, lui avait demandé de l'appeler par son prénom lorsqu'il s'était obstiné à le nommer Pr Blueberry, ses réflexes d'école étaient encore trop ancrés pour envisager d'interpeller Quentin autrement que par vous, Monsieur ou Mon — Quentin, pardon, Quentin, les jours où son interlocuteur avait de la chance.
Mais cela viendrait sûrement avec le temps, n'est-ce pas ?
electric bird.

Oh, the delicate smell of burnt toasts in the morning

Oh what a day, what a lovely day ! Δ Quentin // Isaac.

Depuis qu'elle avait environ cinq ans, Willow avait toujours trouvé très amusant de tapoter la tempe de Quentin lorsque ce dernier était au bord de l'explosion en babillant « Oh papa, tu as une veine super grosse là ! ». Et, se tenant dans sa cuisine ce matin-là, en pyjama, il avait l'impression de sentir les doigts fantômes de sa fille chérie tapoter son front.
Tester sa patience. Isaac testait sa patience.

« Des pancakes. » Ce n'était ni une question ni une affirmation. Seulement l'expression de sa contrariété. Il avait pourtant tenté d'expliquer à son protégé que dans cette cuisine seuls des aliments sains étaient acceptés. Il avait même fait une liste. Avec des sous-catégories. Quoi, il était très organisé, d'accord ? Quentin ferma les yeux, se massa les tempes avec ses poings et inspira profondément.
Fermer les yeux étaient le bon plan pour éviter de se sentir coupable devant la mine de chiot asthmatique qu'on a mis dehors, sous la pluie, par une nuit sans lune, en décembre, d'Isaac. Il n'avait pas à se sentir coupable ! C'était sa cuisine qui avait souffert de... de la tentative de Delpech junior de faire un bon petit-déjeuner. Quentin rouvrit les yeux. C'est bon, il abandonnait toute idée de se mettre en colère. Isaac était redoutable. Et en plus maintenant il voulait faire du caf-...

« Non ! ...Je veux dire, je m'en charge. Va mettre la table. »

Limitons les dommages. Il essaierait de demander à Isaac de désincruster sa mixture de ses murs plus tard. Oui, essaierait car à tous les coups ce dernier allait prendre l'air désespérément coupable et rien qu'à l'idée de devoir affronter une deuxième fois la mine de chiot asthmatique mis à la porte-sous-la-pluie-par-une-nuit-sans-lune-en-décembre, il sentait sa résolution vaciller.

« Bon, je vais faire des crêpes. Sors le sucre et le citron. Et les confitures. » Faites maison, oui. Faire des confitures le détendait en rentrant de missions. « Et y a pas mort d'homme, Isaac, détends-toi un peu, mon garçon. » Vous saviez que quelque chose n'allait pas lorsque Quentin Ignatius Silverstein, l'homme le plus sous pression du monde sorcier vous demandait de vous relaxer.

« De toute façon les pancakes sont un poison pour une alimentation saine et équilibrée. Beaucoup trop de graisses saturées. » Marmonna-t-il dans sa barbe en cassant des œufs dans la farine qu'il avait dosé avec expertise dans un saladier. Il ne s'arrêterait jamais de vanter la supériorité des crêpes à Isaïah, quoique ce dernier ai à dire sur sa stupide junk food. Jamais.

Jetant un coup d’œil par dessus son épaule, il observa Isaac quelques secondes. Former ce garçon n'allait pas être facile. Aussi plein de bonne volonté qu'il était, sans un peu de réflexion, la catastrophe ne serait jamais loin. Les coins de sa bouche tombèrent un peu plus vers le bas. Il n'allait certainement pas laisser tomber Isaac, même si ce dernier avait à moitié démoli sa cuisine. Il allait continuer à l'entraîner. Voilà tout.

« Bien, Isaac, j'espère que tu es en forme car on va profiter de ce réveil matinal pour revoir tous tes sortilèges d'attaque et de défense. » Il fit sauter la première crêpe, qui atterrit avec un PLOP sonore sur l'assiette.

**Isaac Delpech** ~ ID du thug ~ Age : 27 ~ Messages : 41

Good morning England
L'élan de culpabilité qui s'était brusquement emparé d'Isaac à la vue de la cuisine en désordre enfla tout aussi soudainement lorsque Quentin avorta d'une exclamation précipitée sa tentative de faire du café. Déçu et honteux, Isaac serra les dents avant de hocher docilement la tête, se rabattant par manque de choix vers les innombrables placards et tiroirs de la pièce ; il avait su mémorisé leur contenu en moins d'une semaine, à force d'être invité d'un ton autoritaire à passer la nuit chez Quentin — par sécurité, prétendait-il, et bon sang, Isaac, quand vas-tu enfin te décider à installer un verrou sur ta porte ? Un sourire effleura ses lèvres à cette pensée. Certes, un verrou, c'était le minimum exigé mais comment présenter de manière rationnelle cet investissement à ses colocataires ? Ils ne comprendraient jamais, ce qui suffisait à montrer à quel point Isaac peinait encore à concilier ces deux aspects de sa vie.

Il saisit avec une prudence exagérée une pile de couverts, appuyant la décision de Quentin de faire des crêpes d'un sourire approbateur. Son piètre simulacre de cuisine avait au moins eu le mérite d'éveiller son appétit. Il disposa de façon ridiculement ordonnée les assiettes, fourchettes à gauche et verres soigneusement alignés avec la minutie d'un invité qui se sent mal à l'aise, pas vraiment à sa place entre les quatre murs de la maison de son hôte. L'invitation à se détendre eût presque immédiatement l'effet inverse et il heurta une chaise en allant chercher le reste des garnitures. Avec Isaac, une telle réaction était prévisible.

Ça va très bien, persista-t-il cependant a assurer, un sourire peu convaincant aux lèvres. En matière de bonne impression, ça n'aurait pas pu être pire.

Tout en installant sucre, citron et confitures sur la table, il ne put s'empêcher de rétorquer aux protestations étouffées de Quentin : « Mais les crêpes ne sont-elles pas aussi grasses que les pancakes ? » Si la logique lui avait dictée cette réplique, son insouciance lui avait fait oublié la haine farouche que Quentin nourrissait à l'égard de la cuisine américaine — ou d'Isaiah, bien que le mot haine ne soit peut-être pas le plus exact. Quelle aversion avait été calqué sur la seconde, il n'aurait su le dire.

Il contempla la crêpe s'élever presque gracieusement dans les airs, décrivant une courbe parfaitement contrôlée par Quentin — le contrôle, ça, c'était une qualité qu'Isaac lui enviait — et concluant sa chute avec un bruit annonciateur. S'étant enfin décidé à poser les fesses sur une chaise au lieu de se dandiner inconfortablement au milieu de la pièce, Isaac se releva aussitôt d'un bond lorsque Quentin annonça son intention de lui faire réviser ses sorts.

En théorie, Isaac les connaissait — il aurait même su indiquer les mouvements de baguette à exécuter et les inflexions de la voix à adopter. En pratique... Et bien, il jugeait avoir causé suffisamment de dégâts pour la matinée. Il espérait que Quentin n'irait pas jusque-là.

Que voulez-vous que je fasse ? demanda-t-il d'une voix incertaine. »
electric bird.

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