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Il déteste le Chemin de Traverse Elias, il hait ces pavés stupides qui ornent le sol, les mêmes qui le forcent à marcher – que c'est mainstream, de devoir faire des pas, fouler le sol continuellement – ceux qui le font renoncer à son skate tant qu'il n'est pas sorti du Londres sorcier. Il a refusé de plier à la contrainte au début, abîmant à la fois ses roues et ses trucks. Et s'il y a une chose que le Mexicain aime plus que sa gameboy, c'est sa longboard. La planche à la main, il avance en soupirant, errant à la recherche d'une activité qui lui paraîtra intéressante. Son regard se pose sur une fille à l'accent étranger à côté du magasin de Quidditch, une fille abordant fièrement un numéro du dernier Sorcière Hebdo. Le visage de son frère semble le narguer – il se rappelle encore du fou rire qu'il a eu en lisant son interview, quel idiot. Il s'apprête à passer son chemin au moment où les propos de la brune lui parviennent à l'oreille. Rencontre avec Nemo Desario. Plus grande fan. Elias sourit, persuadé qu'il vient de rencontrer la personne parfaite pour embêter son grand frère adoré.

Il bouscule les gens sans paraître gêner. Il n'a que lointainement conscience de faire tache dans cet environnement composé principalement de sorciers. Sa casquette très logiquement portée à l'envers, son eastpak bleu couvert de motif représentant des feuilles d'érable – fierté nationale, dit-il – et sa paire de lunettes de vue beaucoup trop grosse pour son visage. Sa main agrippe le poignet de la jeune fille alors qu'il la tire loin des deux-trois personnes encore intéressés par le discours d'une adolescente qui donne plus l'impression de se vanter que d'autres choses.

— Je sais où habite Nemo Desario. C'est juste dans le coin, viens je te montre. L'idée d'amener ce qui peut être une fan dangereuse chez lui ne le gêne pas. Au contraire, il y voit une rencontre salvatrice, un moyen de tuer son quotidien si chiant. Son frère est partie la veille pour régler des problèmes d'administrations et il n'est toujours pas revenu. C'est par-là. Tu me fais confiance hein ?

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Natali, évidemment, vivait des moments de petite célébrité : elle avait rencontré Nemo Desario, et depuis la publication de l'article dans les pages de Sorcière Hebdo – où elle avait mis sa petite patte sous la forme d'un courrier – elle était sans surprise devenu le centre de l'attention, à son grand plaisir . C'est naturellement appuyée contre le mur, le magazine entre les mains et les lunettes de soleil relevé, Natali haussait les épaules. « Oui, c'est moi, ouais, j'ai rencontré Nemo Desario. » Elle avait même bu un verre avec lui – c'était dire, elle n'était pas comme tout les autres fans, garçons ou filles. Non, elle était un rang au-dessus, elle était.... «  Clairement, je suis sa plus grande fan. Je veux dire, faut pas se faire d'illusion. » La poufsouffle en rajoutait des tonnes, pour faire briller les yeux de ses quelques auditeurs intéressés.

Elle éclata de rire. C'était vraiment une des meilleures choses qui auraient pu lui arriver dans sa vie, après l'éventualité de terminer ses jours au côté de sa blondinette. Natali remis en place ses lunettes dans ses cheveux bruns, remarquant un garçon qui se frayait un chemin – ah, un admirateur... songea-t-elle, un sourire s'étalant largement sur son visage.
Sauf qu'il était plutôt direct ; il attrapa Natali pour l'éloigner. C'est avec l'élégance naturelle dont elle fait preuve que la joueuse de Quidditch lâcha une exclamation (« Eh mais bordel, tu fais quoi ?! ») en se laissant tirer à l'écart – attrapant de justesse son sac à dos posé par terre. Elle s'arrêta brusquement, fixant le garçon qui devait avoir à peu près son âge.

« Genre, tu connais où habites Nemo Desario. Où est l'arnarque ? Je rêve. » Elle leva les yeux au ciel. Elle n'avait aucune de croire cet inconnu – mais elle n'avait aucune raison de ne pas le croire. Natali passa une bretelle de son sac sur son épaule. « Vas-y, je te suis. » Inconsciente, irréfléchie, décidément, tel est le mot pour décrire Natali. Ce mec pourrait être un pervers, un psychopathe ; mais heureusement, elle sait se servir de ses poings. « Mais qu'est-ce que t'y gagnes, toi, dis moi ? J'veux dire – ça t'avances à quoi, exactement ? » Bonne question oui – Natali fronça les sourcils en emboîtant le pas du garçon à la casquette.

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Elias n'est pas totalement stupide, il irait jusqu'à dire qu'entre Nemo et lui, il est le génie de la famille. Alors bien sûr, il sait que sa façon d'aborder la jeune fille n'est peut-être pas la plus adéquate, qu'il aurait peut-être dû se contenter de lui parler calmement pour la rassurer avant de lui proposer de lui montrer l'appartement qu'il partage avec son frère. Il aurait aussi pu lui dire son nom de famille, lui prouver son identité. La jeune fille aurait sûrement accouru, persuadée d'avoir une nouvelle chose dont elle aurait pu se vanter entourée d'une bande de personnes ne cherchant qu'un peu de distraction par une après-midi ennuyante. Mais il ne l'a pas fait, c'est beaucoup plus drôle comme ça se dit-il. Il s'étonne un peu qu'elle accepte de le suivre. Il apprécie ce genre de courage, ou cette absence d'appréhension face au monde, bien loin des idées préconçues que la télévision tente d'insinuer dans la tête de tous les adolescents encore innocents. Elias fait partie de ces gens qui aiment pouvoir faire confiance aux autres, la collectivité passe avant les besoins individuels et on peut évoluer entouré de personnes sans craindre de se faire poignarder par-derrière.

— Pourquoi il devrait y avoir une arnaque ? Il marche vite, prenant le chemin qu'il connaît maintenant par cœur. Il vit ici depuis quelques semaines maintenant, et passe ses journées à faire des allers-retours entre l'université moldu – où il s'occupe comme il peut, rencontrant des gens avec qui il retrouve un semblant de sa vie canadienne – des magasins en tous genres – quand son frère refuse de faire ses courses – et les quartiers mal famés où il deale sans complexe une drogue de bien meilleure qualité que celle que peuvent obtenir tous les chimistes moldus. Dios mío, pourquoi ça devrait forcément m'avancer à quelque chose ? Parce que la nature humaine fonctionne comme ça depuis des siècles, se rappelle-t-il finalement. Au final, il n'est pas là pour rien. Il cherche juste un moyen d'embêter son grand frère en ramenant une fan un peu trop expansive leur appartement. Je veux juste t'aider, rien de plus.

Il tourne à droite dans la ruelle. L'immeuble est là, celui où son frère a trouvé l'appartement parfait, dit-il. Moins que celui dans lequel il vivait au Canada d'après lui. Toronto lui manque un peu trop, même s'il ne l'avoue pas. Il rentre dans le hall, tournant la tête uniquement pour s'assurer que la fille était toujours derrière lui.

— Regarde, y'a son nom sur la boîte aux lettres. Tu vois que je mentais pas. Il se dirige vers les escaliers, attrapant à nouveau le poignet de la jeune fille pour qu'elle ne puisse pas avoir le temps de lire son propre nom. Il avait légèrement oublié ce détail. Viens, je te montre la porte. Arrivé au deuxième étage, il sort de sa poche une paire de clef – orné d'un magnifique porte-clef représentant un mexicain en sombrero. Un cadeau de son abuela qui craint qu'il oublie le pays, sûrement. Il ouvre la porte en grand, observant fièrement la réaction de la fille. Et voilà, bienvenue chez Nemo Desario. Bon je te laisse, adieu, dit-il en faisant demi-tour, prêt à s'enfuir pour être sûr de ne plus croiser son frère avant au moins deux jours.

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Pourquoi il devait y avoir une arnaque ? Eh bien parce que, pensait Natali en plissant les yeux, personne ne fait ce genre de choses de bonté de cœurs, juste par altruisme ou on ne sait quoi. Elle n'était pas née de la dernière pluie – peut-être pas parmi les plus brillantes, mais pas parmi les plus idiotes non plus. Elle avait encore une once de méfiance. Elle accéléra le pas pour rester à la même hauteur que le jeune homme, merci ses grandes jambes, le fixant avec curiosité. Elle enfonça les mains dans les poches de son short, un peu surprise.

« M'aider ? » répéta-t-elle, un peu perplexe. « On se connaît pas, et tu m'aides comme ça, toi. T'es bien chelou, comme gars, après réflexion. » Chelou, c'était le cas de le dire. Même un peu timbré – on aidait pas des inconnues comme ça, alors qu'elle pouvait être potentiellement dangereuse. Mais il avait l'air déterminé, alors elle n'insista pas plus – l'idée de savoir où Nemo Desario habitait était bien trop tentante pour se poser des questions.

Natali nota mentalement le trajet qu'ils avaient fait depuis le magasin de Quidditch, au cas où elle aura besoin de revenir – avec l'autorisation du principal concerné – avant de se rappeler qu'elle pourrait, à l'avenir, transplaner directement. Un sourire s'étala sur son visage à cette idée. Elle eut à peine le temps de plisser les yeux en regardant la boîte aux lettres - « DESARIO Nemo et E... » que déjà, le garçon l'entraînait sans attendre. Elle marmonna.

« C'est bon, c'est bon, j'te crois, pas la peine de me tirer comme ça, oh. » Elle grimpa les escaliers en se dépêchant.

Les clefs. Il avait les clefs, avec un petit porte-clef accroché au trousseau. Détail étrange qui retint l'attention de Natali – elle n'était pas Sherlock Holmes, mais elle s'imaginait déjà plusieurs possibilités : il avait volé les clefs de Nemo Desario, ou alors...

« Attends une seconde. » Elle se planta devant la porte, croisant les bras. « Tu pars pas comme ça. » Fit-elle d'un ton ferme, presque un peu intimidant – surtout pour ceux qui connaissait Natali. « T'es le frère de Nemo, je me trompe ? » La fierté perçait dans sa voix, comme si elle avait découvert les numéros gagnants de la loterie. Bien sûr que non, elle ne se trompait pas.

Elle rangea les lunettes au fond de son sac en refermant la porte, et s'appuyant contre celle-ci. En plus d'avoir rencontré Nemo, elle rencontrait maintenant le frangin - décidément, le destin devait bien s'amuser.

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Et merde, se dit-il au moment le corps de la jeune fille vient l'empêcher de sortir. Il soupire en réalisant qu'il a une fois de plus sous-estimé le quotient intellectuel de la personne en face de lui – il faut le comprendre, à force de vivre avec Nemo, on ne s'attend plus à grand-chose au bout d'un moment. Et maintenant qu'il se trouve enfermé dans son propre appartement, prisonnier d'une parfaite inconnue, il se dit qu'il aurait dû réfléchir avant de mener à bien son projet. Mais Elias est du genre impulsif, il se voit mal écrire avec soin dans un carnet Super plan pour faire de la vie de mon grand frère un cauchemar pour me venger d'avoir été contraint de quitter le Canada, souligné deux fois d'une couleur assortie à celle utilisée pour écrire le titre. Non, il est beaucoup trop malin pour avoir à faire de ce genre de prévisions – lui préfère donner son adresse à une parfaite inconnue en espérant qu'il n'y ait pas trop de complications.

— C'est pas possible, comment une personne fan de mon abruti de frère peut avoir un cerveau ?, dit-il dans sa langue maternelle. Il cherche rapidement un moyen de s'en sortir, il ne peut pas décemment lui confirmer son identité. Cette fille serait capable de se vanter de le connaître, et il n'a pas la moindre envie que les gens l'associent de près ou de loin à une star de Quidditch. Pour lui, son frère c'est celui avec qui il va camper en chantant Manu Chao dans la voiture après s'être engueulé en espagnol. Ce n'est pas le mec stupide qui donne des interviews au Sorcière Hebdo. Non c'est faux. Il fait exprès de faire ressortir son accent, même s'il sait que le côté canadien ressort malgré ses efforts. Je suis pas Elias. Il ignore si sa passion pour Nemo l'a poussée à connaître son prénom. Je suis Roberto, le majordome mexicain., ajoute-t-il avant de partir dans un monologue en espagnol où il explique inutilement qu'il ne parle que très mal anglais, et qu'il doit vraiment aller faire les courses avant que son maître le batte en voyant qu'il n'y a rien pour les burritos du soir.

Il n'y a clairement aucune chance que ça fonctionne, il en a conscience. Toute personne dotée d'un cerveau – son frère compris – serait incapable de se laisser avoir par ce genre de subterfuge. Quel dommage. Son idée de laisser une fan vagabonder dans leur appartement – sa chambre étant naturellement fermée à clef – était particulièrement attrayante. Te voilà coincé, se dit-il soudainement, tu aurais dû être plus rapide.

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Les bras croisés contre elle, appuyé contre la porte, son regard n'avait pas quitté Elias une seconde. Elle fronça les sourcils, attendant une réponse. Réponse qui ne tarda pas à venir d'ailleurs – mais pas dans la langue qu'elle s'attendait

« Oh, merde, en anglais s'il te plaît. » marmonna-t-elle à travers ses dents serrées.

Elle commençait déjà à s'énerver – et on savait très bien qu'il en fallait peu pour que Natali s'enflamme plus vite qu'une allumette. Elle l'écouta quand bien même faire son monologue, avec cet accent espagnol . Natali ne comprenait, évidemment pas un mot, et se contenta de l'observer silencieusement les bras croisés. Quand il eu fini, la brune se décolla de la porte, attrapa Elias par le bras et alla s'installer dans le canapé.

« Bon, j'ai vraiment rien compris à ce que t'as dis. A part que tu te fous clairement de ma gueule. »  Non, vraiment ? Elle garda sa main sur le bras d'Elias, comme si celui-ci pouvait à tout moment décider de courir vers la porte pour s'enfuir. Est-ce qu'elle était réellement en train de retenir quelqu'un dans sa propre maison ? « Tu me fais quoi là, sérieux ? Tu m'as pris pour une conne ? » Elle n'était pas vraiment sûre de vouloir une réponse honnête à cette question.

Elle lâcha finalement le bras du Desario, avant de s'enfoncer dans le canapé et d'observer l'appartement – c'était pour ça qu'elle était, à la base. Oubliant totalement qu'elle était presque en train d'engueuler Elias quelques secondes auparavant, elle se leva pour observer les environs, plissant les yeux en regardant les photos. La poufsouffle brandit un cadre et l'agita sous le nez du jeune homme.

« Tu sais que même si j'avais cru à ton histoire de majordome mexicain, j'aurais fini par capter que ça collait pas ? Y'a des photos de toi avec Nemo partout ici. Personne prends des photos comme ça avec son majordome. Bien sûr que t'es Elias » fit-elle. Maintenant, elle connaissait son prénom. Elle reposa la photo à sa place. « Bon tu vas faire quoi maintenant que je sais que t'es son frère ? Me foutre à la porte ? Tu t'es fais chier pour pas grand chose, quand même. » Natali fit une moue. « J'peux avoir à boire, au moins, maintenant que je suis là? » Elle posa son sac contre le canapé. « Natali, au fait. »

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Il la suit à contre cœur sur le canapé. La porte l'appelle, le skate-parc aussi mais Elias se retrouve incapable de répondre à cet appel. Il est dans la situation la plus bizarre au monde – coincé dans son propre appartement par une personne qu'il ne connaît pas. Il est l'instigateur de tout ça, il n'a pas le droit de s'en plaindre. Il vient donc échouer à côté d'elle, s'asseyant comme à son habitude directement en tailleur. Son regard se pose sur la jeune fille alors qu'il soupire bruyamment. Bien sûr qu'il la prise pour une conne – elle est fan de Nemo après tout. Mais la vérité n'est pas la chose à dire, il en est sûr. Elle semble avoir un caractère des plus explosifs – il ne niera pas que ça lui plaît, il trouve que ce genre de personnes font une excellente compagnie.

— Te prendre pour une conne ? Jamais. C'est pas du tout mon genre, je vois pas pourquoi tu dis ça. Il se gratte l'arrière de la tête en suivant l'invitée du regard. Il grimace quand elle s'approche des photos – quelle idée d'en laisser autant un peu dans l'appartement, ça doit être une idée de Nemo, il en est sûr. Je tentais de rendre service, c'est tout. À peu près, pense-t-il. Son but premier est de faire de la vie de son frère un enfer pour le punir de leur présence en territoire anglais.

Il soupire face à la tirade de la plus jeune. Il se retrouve finalement coincé – il se doute qu'elle aurait fini par comprendre qui il était, mais il n'aurait pas pensé que ça arriverait si tôt. C'est son accent australien qui fait tout, réalise-t-il soudainement, elle n'est pas aussi bête que tous ces natifs du pays des Beatles.

— Oui, bon, d'accord. Je suis peut-être Elias alors. C'est pas drôle, ajoute-t-il pour lui-même. Il réfléchit à peine avant de partir des explications très poussées de son plan diabolique. Il n'a rien à perdre après tout, peut-être cette fille acceptera-t-elle de l'aider puisqu'il n'a plus le choix que de lui faire ça. En fait, j'ai juste envie de faire chier Nemo, c'est pour ça que t'es là. Il aurait enragé de voir une de ses fans dans son appartement. Tu imagines à quel point ça peut être drôle ? Nemo en colère, c'est un peu comme Noël en plein été. Sans le papier cadeau et les rubans. Il regarde Natali avec un air qui n'a rien de rassurant. Donc tu peux rester pour m'aider et voir ce spectacle magnifique. La plus grande fan de Nemo Desario ne peut pas rater ça. Elle ne peut pas résister ça, il appelle ses sentiments les plus profonds de fan de Quidditch.

Elias se lève d'un bond du canapé pour atteindre la cuisine américaine quelques pas plus loin. Il fait un petit signe de main à la fille pour lui faire comprendre qu'il a compris son prénom. C'est une rencontre charmante se dit-il, voilà comment il aime faire la connaissance de nouvelle personne. Il revient avec deux verres remplis d'un liquide un peu jaune qu'il pose sur la table avant de rasseoir sur le canapé, sa gameboy allumée à la main.

— C'est du thé de kombucha. Tu vas adorer. Il n'a aucun doute là-dessus – après tout, qui peut ne pas aimer ? Du coup, Natali, fais comme chez toi. Et si tu montes dans la chambre de Nemo, c'est la deuxième. Il lève un instant les yeux de son écran pour lui sourire.

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« Mouais. » Clairement, Natali avait du mal à croire qu'il n'avait pas essayé de l'entuber. D'accord, elle savait bien qu'elle n'avait pas l'air d'une lumière, mais quand même. Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête, quittant le canapé d'un bond. « J'te crois pas. Mais j'vais faire comme si, et pas en tenir compte. » Il valait mieux qu'elle ne s'énerve pas – elle s'éloigna pour se calmer alors qu'elle commençait déjà à s'échauffer.

Heureusement, les photos la détournèrent vite de son agacement. Elle lâcha un « ha-HA ! » victorieux quand Elias avoua sa réelle identité. On ne trompait pas Natali comme ça, ah non. Mais... Faire chier Nemo ? Natali afficha un large sourire – le genre de sourire qui prévoit une mauvaise idée, une idée du style faire exploser un canon, ou ce genre de chose. Elle posa ses mains sur ses hanches.

« Toi, je crois que je vais bien t'aimer. T'es tombé sur la bonne personne quand il s'agit de faire chier les gens. Tu as raison, je ne peux pas louper ça. » fit-elle. « Enthousiaste » aurait été un mot trop faible pour décrire la jeune fille. Elle sautillait presque.

Elle suivt Elias jusqu'à la cuisine, s'appuya contre le comptoir – ses yeux fouinant à gauche à droite avec un petit sourire. Une journée mer-vei-lleuse.
Natali attrapa le verre avec un air perplexe, mais prit une gorgée et haussa les épaules. Inhabituel, mais pas mauvais – elle se voyait bien boire ce thé là, oui.

« Tu veux pas me faire une visite guidée ? Avec les petits secrets, genre, les trucs que seuls quelqu'un qui habite ici peut savoir ? » Elle retourna dans le salon, attrapa la télécommande pour allumer la télévision, zappant sur les différentes chaînes comme elle le ferait chez elle. « Tu aurais pu faire pire que d'inviter une fan ici, quand même. Genre, lancer une fête par le bouche à oreille etc. Mais ça aurait été peut-être un peu extrême, en y réfléchissant... » Elle fit une moue, et haussa les épaules.

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L'enthousiasme de Natali lui plaît – lui qui déteste la demi-mesure ou les gens ayant des scrupules à faire chier le reste du monde, il ne doute pas une seule seconde des paroles de cette presque inconnue dans son salon. Il n'aurait pas pu mieux tomber, c'est sûr.

— Vraiment ? Ça tombe bien, j'ai plein de projets, dit-il de la façon la plus naturelle du monde, on peut comme s'il parlait avec un ami de longue date de sa carrière professionnelle – celle-ci étant au point mort depuis maintenant trois ans, il ne voit aucune raison de changer ça. On va faire de grandes choses toi et moi. Le mexicain est persuadé d'avoir trouvé un compagnon de crime idéal pour toutes les blagues qu'il a prévu de faire à son frère – histoire de se venger de leur présence sur le sol anglais, et sa rencontre avec son cousin.

Il réfléchit rapidement en entendant la remarque de sa toute nouvelle amie – ses relations sont quand même simples, à Elias, il suffit de peu pour qu'il accepte les gens à ses côtés. Les conventions c'est bien trop mainstream pour lui, il ne les aime pas et ce n'est pas prêt de changer. C'est pour ça qu'il s'adapte mieux, et qu'il tire moins la gueule que son frère qui semble avoir oscillé dans la case psychorigide depuis leur arrivée ici.

— Visite guidée ? Oui alors là, c'est la cuisine. Nemo vient chercher une bière dans ce frigo après le sport, et ensuite il se met devant dans le canapé pour regarder une telenovela. Une fois, je suis presque sûr de l'avoir vu pleurer. Il ne ment pas vraiment, il ne précise simplement pas qu'un oignon fraîchement découpé était dans la partie. Ensuite, c'est moi qui aie fait les peintures, c'est joli hein ? Le blanc c'est trop mainstream, j'aime pas. Le fauteuil aussi d'ailleurs. Ça m'a pris deux jours, mais il est super confortable, lance-t-il naturellement. Il n'en est même pas fier, celui qu'il avait fait chez un pote à lui à Toronto était beaucoup mieux.

Natali agit comme si elle était chez elle et ça aussi, ça lui plaît. Il préfère les gens comme ça à ceux qui font des manières, qui s'assoient sur le bord du canapé pour être sûr de ne pas le froisser. Il la trouve plus naturelle, plus humaine et surtout plus drôle.

— En fait, j'y ai pensé, dit-il naturellement. Mais il ne pouvait pas inviter les rares personnes qu'il connaît – ce sont des moldus et son frère a évidemment choisi de vivre dans un quartier sorcier. Elias pense parfois qu'il a fait ça uniquement pour l'embêter. Mais bon, j'avais pas envie de voir débarquer une foule d'anglais complètement stupides chez moi. J'aime embêter Nemo, mais ça ne doit pas devenir un calvaire. Il s'assoit en tailleur à côté de la jeune fille. Tu comprends, ils sont tellement- Il cherche ses mots. Ennuyant, pas con comme les américains mais loin d'être aussi cool que les canadiens. Il la regarde sans avoir eu peur un seul instant de la vexer. Toi t'es australienne, ça s'entend. J'avais un pote australien à Toronto, je l'aimais bien. Les australiens sont cool, ils savent s'amuser.

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Appuyée contre le canapé, les yeux rivés sur l'écran, Natali hocha la tête. Bien sûr qu'ils allaient faire des grandes choses, les choses ne pouvaient être que grandioses quand deux esprits comme le sien et celui d'Elias se réunissaient. Elle rigola franchement en imaginant Nemo assis sur ce même canapé contre lequel elle s'appuyait, devant cette même télé en train de pleurer. Ça déconstruisait un peu l'image idéale du joueur de Quidditch qu'elle admirait, mais aussi lui assurait que malgré ses airs un peu glacés, il y avait bien un être humain.

« Némo, en train de pleurer. Mec, j'aurais vendu mes parents pour voir ça.» dit-elle en parcourant des yeux le reste de la salle. « Sérieux ? Mec, c'est trop cool. Tu gères. » Elle se laissa tomber allongée, admirative. « Tu veux pas faire des meubles pour chez moi, si un jour tu t'emmerdes ? » lança-t-elle.

Elle se retourna à plat ventre, s'appuyant sur ses coudes. L'idée d'inviter des moldus en plein milieu d'un quartier sorcier aurait pu être très drôle si ils n'avaient pas risquer des ennuis avec le Ministère après ça – Natali aimait bien dépasser les limites, mais elle n'avait pas encore eu de soucis avec le Ministère et tenait quand même à se l'éviter pour encore quelques années. Elle soupira, un peu déçue que ça ne puisse pas se faire - mais ne s'inquiétait pas ; ce n'était pas le genre de choses qui la stopperait, et sans doute qu'Elias était pareil.

« Ugh, ne me lances pas sur les anglais ! » Bon, Natali ne détestait plus autant les anglais que lorsqu'elle était arrivée il y a deux ans – de nombreuses avaient changé, comme une certaine Roxy, mais aussi ses amis. (D'accord, ils n'étaient pas tous anglais. Mais c'était un détail.) « Bien sûr, les australiens c'est les meilleurs. » fit-elle sans aucune modestie – elle n'en avait jamais, mais encore moins quand on parlait de son pays d'origine. « S'amuser, c'est un peu ce qu'on sait mieux faire. Avec le surf, et être super cools. » Elle lui adressa un large sourire pour confirmer qu'elle était, selon elle-même, l'image même du « cool ». « Heureusement, tu n'es pas aussi ennuyeux que les anglais. T'es même à l'opposé de tout ce que sont les anglais. Heureusement. D'ailleurs, j'y repense, ça n'a rien à voir mais au pire... T'as qu'à inviter mes potes sinon – au moins, un de nous deux les connaît, on est sûr que c'est pas des inconnus à qui on peut pas faire confiance, tu vois. » Elle trouvait son idée formidable, parfaite même – elle oserait presque le dire.

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Pour Elias, les choses sont simples. Quelqu'un capable de vendre ses parents est forcément une bonne personne. Il se doute que l'Australienne ne le ferait peut-être pas réellement mais c'est l'intention qui compte au final. Lui vendrait de toute façon la terre entière – à l'exception de sa abuela pour voir son frère pleuré, une chose qui n'est encore jamais arrivé et qu'il regrette énormément. Nemo l'a vu pleuré, lui, il en est sûr – quand il était gosse et que le plus grand devait se lever en pleine nuit pour lui donner le biberon.

— Ouais, Nemo qui pleure. Il n'est qu'humain après tout. En partie, pense-t-il. Mais Elias vit plus mal qu'il ne le devrait la lycanthropie de son frère et il préfère ne pas y penser maintenant. Ce n'est pas le moment de se morfondre – il a une invitée. Ben écoute si tu veux. J'en fais souvent pour mes potes de toute façon. Parce que pour lui, c'est aussi facile que ça. Il ne connaît Natali que depuis une dizaine de minutes, mais ils sont déjà amis. La vie est courte et il a une centaine de choses à faire, à quoi bon perdre son temps pour ce genre de formalité ? En plus, ça m'occupe. Je déteste rien faire. Il rigole à la remarque sur les australiens. Elle, au moins, elle ne se fatigue pas avec de la fausse modestie et c'est d'après lui un très bon point. Pas faux. Après je suis pas très surf, je trouve ça chiant. Je préfère le skate, c'était génial le Canada pour ça. Il repense aux longues routes bien lisses qu'il prenait pour aller se balader hors de la ville et pour contempler la forêt à perte de vue.

Il lance un regard intéressé à la jeune fille vautrée dans son canapé. En voilà une bonne idée – inviter ses amis à elle, des sorciers et donc pas de problème avec la justice. Il sourit, c'était parfait. Il pourrait s'amuser, embêter son grand frère en faisant débarquer une foule d'adolescents dans leur appartement, et ne pas avoir de problème avec le ministère. Ce serait ennuyant vu que leur situation n'est toujours pas régulé – il espère d'ailleurs que Nemo va se presser à mettre tout ça en ordre.

— Mais c'est l'idée du siècle ça, Nat, dit-il d'un ton sérieux. Tu sais quoi ? On va faire ça. Une putain de soirée avec tes potes. Il réfléchit quelques secondes. Son regard se pose sur la fille face à lui. Elle ne lui a donné ni son âge, ni la certitude qu'elle n'était plus dans leur école bizarre dont il a entendu – et dont le nom lui échappe totalement au passage. Attend par contre, ils ont quel âge tes potes ? T'as quel âge en fait ? Je suis une merde pour mettre un âge au gens. T'es plus à machin quand même ? L'école là. Mon cousin m'en a parlé. Un abruti, tu le connais peut-être en fait ? Oh non, j'espère qu'il fait pas partie de tes potes lui.

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Vautrée sur le canapé qui n'était pas le sien, au milieu d'un appartement qui n'était pas le sien, en compagnie d'un garçon qu'elle venait à peine de rencontrer, Natali profitait pleinement de sa journée. Elle monta un peu le volume de la télé.

« Tu gères, mec. » mentionna-t-elle avec le ton d'une évidence. Les gens n'étaient cools, sympas, etc que lorsque Nat l'avait décidé – et Elias avait de la chance, du coup. « J'ai jamais fais de skate tiens. Si j'ai l'occasion, j'en ferais, mais ça peut pas être mieux que le surf selon moi. » Même si Natali semble à l'aise sur tout les fronts – air, terre et eau – c'est quand même dans l'eau qu'elle se sentait le mieux.

Elle afficha un large sourire fière d'elle. Pour une fois que quelqu'un pensait que ses idées étaient bonnes (car depuis son idée de la reconstituions, personne ne semblait vouloir la croire à présent) ! La brune croisa les bras sous sa tête.

« Bah, dix-sept, dix-huit, enfin, tout le monde est majeur je crois si c'est ça qui t'inquiète. » Néanmoins son intérêt est piqué par le reste de la phrase d'Elias. « Quoi, t'as un cousin qui est à Poudlard ? Ou il y est plus ? Je connais pas des masses d'abruti, sauf un, genre le pire des abrutis. J'espère que c'est pas lui ton cousin, sinon, je te plains carrément, et je refuse qu'on l'invite lui, même s'il connaît des potes à moi. »

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— Ben tu sais quoi, va pour la soirée. On organisera ça. Elias est heureux, il vient de trouver le moyen de rendre fou son frère. Non mais je pense que c'est lui, dit-il à Natali alors qu'il ignore totalement de qui elle parle. Si tu dis qu'il y en a un beaucoup plus con que tous les autres, c'est forcément mon cousin. Elias est chiant, surtout avec ce membre de famille qu'il n'avait pas la moindre envie de rencontrer. Il ne sait pas pourquoi mais il associe le sorcier à sa nouvelle vie en Angleterre – logique vu que c'est chez parents qu'ils ont débarqués à leur arrivée. Il s'appelle Justin Finch-quelque chose. Il est bien incapable de se souvenir du nom de famille complet de celui qui nie avoir des origines mexicaines – il ne pouvait pas s'appeler Desario comme eux, ça serait plus simple.

Il la regarde en souriant – il l'aime bien cette fille, elle n'est pas gênée et il voit ça comme une qualité. Elias s'est déjà fait quelques amis, certes, mais il espère que celle-ci en fera maintenant partie, d'un côté parce qu'elle est sorcière et qu'il pourra donc se permettre de l'inviter ici sans risque d'avoir des problèmes avec le ministère de la magie, chose que son frère lui a clairement interdite.

— Eh, tu vas pas regarder un film ?, demande-t-il en attrapant la cassette de Las Vegas Parano – il l'aime beaucoup et ça le changera de The Breakfast Club, film sur lequel son frère est capable de faire un véritable exposé. Il installe le film sans vraiment attendre la réponse de sa nouvelle amie pour revenir se poser dans le canapé et s'asseoir en tailleur. Tu vas voir, il est grave cool.

electric bird.

trouble looks for me

and it's been waiting around corners,

« Oh putain, sérieux, FINCH-FETCHLEY. » s'exclama-t-elle avec une expression qui voulait tout dire. Natali secoua la tête. « Je te plains. Déjà que j'ai du mal à le supporter alors qu'il est même plus à Poudlard, j'veux même pas imaginer une seconde si c'était un mec de ma famille. Ouah, j'ai du mal à imaginer que vous ayez de la famille en commun. » Elle fixa Elias comme si elle s'attendait à, d'un coup, voir apparaître des ressemblances entre les deux jeunes hommes mais heureusement Elias restait Elias.

Elle soupira bruyamment essayant de réaliser la nouvelle : Justin Finch-Fetchley était le cousin d'Elias Desario. Et par conséquent, celui de Nemo Desario. Et il n'avait jamais mentionné ce détail – elle en avait engueulé pour moins que ça. Elle lui laissa néanmoins le bénéfice du doute – il ne savait peut-être pas avant. La brune

« Bonne idée. C'est quoi ?  » Natali attrapa la boite de la cassette, lisant le résumé au dos. Elle lança la boîte à son nouvel ami – décidément, un mec carrément cool. « Ça à l'air putain de cool, ouais. » Fit-elle en guise de conclusion, se redressant un peu pour pouvoir se mettre face à l'écran.

electric bird.