bang bang, we're beautiful, dirty, rich

Our hair is perfect while were all getting shit wrecked

 — Sid, t’as pensé à jeter le sort pour isoler l’appart ou c’est la semaine où on les fait chier ? Alice referme la porte derrière elle avec un léger coup de pieds. Non parce que si c’est le cas, on a déjà gagné : ils ont laissés un mot sur la porte. Elle ricane, plutôt satisfaite. Ils ont la décence d’isoler leur appartement pour ne pas déranger les voisins – sauf quelques fois… et ils se plaignaient ! et c’était amusant. « Nous vous rappelons que vous n’êtes pas seuls… » sans blague ! Tu liras : c’est hilarant.

Elle jette la feuille sur la table sans plus de cérémonie, feuille rapidement rejointe par les sacs de courses ainsi que son sac à main. Alice s'agenouille alors devant ses quatre chiens qui n’attendent que l’attention de leur maîtresse, qu'elle couvre de caresses et de baisers – les seuls êtres qui méritent un tant soit peu son attention, si on fait exception de son colocataire, de Léandre et d'Automne. Le reste du monde est bien insignifiant aux yeux d'Alice.

Alice ouvre le frigo pour boire directement à la bouteille d'un jus aux saveurs étranges qu'elle devait être la seule à connaître – à base de plantes dont le sorcier moyen n'avait jamais entendu parler – et enjambe le dossier du canapé pour se glisser entre les deux blonds assis. Déjà, elle s'installe confortablement, posant sa tête contre l'épaule de Sid et étendant ses jambes sur la table basse, un sourire aux lèvres. Son appartement, Sidney, Léandre, ses chiens, c'était bien là les meilleures choses de sa journée – voire de sa vie. Elle ne sentait nul part aussi bien qu'ici.

 — Je vois pas le chien dont tu m'as envoyé la photo. fait remarquer Alice, son regard parcourant l'appartement comme si elle s'attendait à voir un sixième animal surgir de nul part. Ne me dis pas que tu l'as laissé partir, le proprio a eu raison de toi ? On aurait pu l'offrir à Léandre – je suis sûre que tu l'aurais adoré.

Elle dégaine l'appareil moldu, fouille dans les messages récemment reçu et montre la photo de l'animal à Léandre sans plus attendre, pour illustrer ses photos. Alice soupire, en relisant le dernier message qu'elle a envoyé à Sidney. J'ai vu mon frère. Je te raconte en rentrant. Plus alarmant, tu meurs. Elle quitte les messages, repose le téléphone sur la table – mais ne dit rien, attendant que l'un des deux blondinets lui pose la question.

 — Vous avez passer une bonne journée ? Je meurs de faim, vous voulez qu'on commande quelque chose ? fait-elle, attrapant Pixie pour la poser contre son ventre et la grattouiller distraitement.  

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I'll take you away from unnecessary pain

— Ça dépend, c'est un mois bissextil ou pas ? Les yeux de Sidney ne prêtent que peu d'attention au retour de sa colocataire, il bloque, reste fixé sur la balle rouge avec laquelle joue Ingle. Un mégot de cigarette qu'il écrase dans un cendrier déjà plein, un petit air défoncé sur le visage, il refuse de faire l'effort d'attraper le papier lancé sur le table. Il reste là, affalé dans le canapé, épuisé par une journée de travail à peine trop dure. Rentrer pour croiser Léandre qui vient de se lever le fait toujours rire – c'est une bonne raison pour recommencer à se défoncer, comme s'il en avait besoin. Il aime son appartement, son quotidien de débauche permanent. Au pire, on leur envoie Snow. Ils feront moins les malins après. C'est sûr que ce n'est pas Ingle et son air de grosses peluches trop gentilles qui effrayera quelqu'un. Autant compter sur le plus petits de la meute. Le résultat sera fulgurant.

Il se sent bien une fois Alice coincée entre Léandre et lui. Un tableau que beaucoup qualifieraient de déprimant – une jeunesse qui ne fait parler d'elle que par ses erreurs et sa faculté à se complaire dans un environnement presque malsain. Il le réalise des fois, souvent au travail, seuls moments où il lui arrive d'être réellement clean. Il n'aime pas y penser, il craint trop pour son équilibre. Si Alice part, si Léandre devient enfin mature, il sera seul, comme Ingle qui aura perdu ses copains de jeu. Ce serait d'une tristesse alors il profite de chaque soirée en se convainquant que ça durera toujours.

— Oui bon, je suis pas sûr que Joan apprécie que je vole les chiens des clients. Son patron fait preuve d'une grande patience avec lui, il me remerciera peut-être un jour. Par contre, je peux toujours récupérer son adresse. La réaction du plus jeune le fait rire, un peu. Il n'a pas la force pour plus, il caresse Pixie, l'animal doit aimer être le centre de toute attention. Ouais, c'est mort. Si c'est pour Léandre, je laisse tomber. Il arrive déjà pas à s'occuper de lui. Ironie, il se rend parfois compte qu'il n'est pas mieux. Comme d'habitude, rien d'excitant. Ah si, je t'ai acheté une nouvelle robe. Il se rappelle du message d'Alice, celui qui lui annonce une nouvelle qu'il n'aurait pas aimé voir arriver. Et toi ? Ça va au moins ? Il acquiesce à la proposition de Léandre en s'allumant une nouvelle cigarette. Ce n'est pas lui qui fera le difficile pour le choix du repas.  

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Alice baisse les yeux sur Pixie, objet de toute l'attention, alors que du coin de l'oeil, elle remarque Snow sauter sur le canapé, jalouse. Un sourire s'affiche sur son visage – ses animaux, en plus de ses colocataires, sont ses petites joies quotidiennes. Assise dans le canapé, entre Sid et Léandre, Alice se dit qu'elle veut que toute sa vie soit ainsi. Pas forcément saine et fonctionnelle pour le reste du monde, mais parfaitement idéale pour elle. Ils avaient trouvés un équilibre, c'était tout ce qui comptait.

— Quand même, si on envoie Snow, ils auront aucune chance de s'en sortir vivant. Exagérons pas, c'est l'ultime recours. Sur ce, Alice pose Pixie sur les jambes de Léandre et attrape Snow qu'elle pose contre elle. Elle ferme les yeux.

Elle ricane, son rire de sale gamine, en imaginant Sid voler l'animal. Tout animal, de toute façon, serait bien mieux ici que dans n'importe quel autre foyer du monde. Alice donne plus d'amour aux animaux qu'aux êtres humains. Mais avant d'avoir plus d'animaux, il leur faudrait un lieu de vie plus grand : leur appartement est on ne peux plus confortable, mais un animal de plus et ils finiraient par se marcher sur les pieds.

— Putain, Léandre, tu viens juste de te lever ? Le rêve. J'aurais préféré rester au lit toute la journée tiens. Sid, tu me montreras la robe, mais je te fais confiance, je sais qu'elle est parfaite. Et je suis pour le libanais si y'a des options végétariennes.

Elle avale une gorgée à la bouteille avant de la refermer. Elle prends des mains la cigarette de Sid avec un sourire pour tirer une taffe dessus avant de lui redonner, et inspire profondément pour rentrer dans le vif du sujet. Charlie. Rien que d'y repenser...

— Ouais alors. Accroche toi Léandre, accroche toi Sid. Elle leurs jette un regard en coin. J'ai vu mon frère. Oui, tu sais, le gars qui s'est barré en me laissant seule quand j'avais dix ans, qui dit être mon grand frère, et que j'avais, accessoirement, pas vu depuis trois ans. Résume-t-elle pour Léandre. Sid n'as pas besoin d'un tel résumé : onze ans qu'il la connaît, onze ans qu'il entends parler de Charlie. Je l'ai vu. Je devais chercher un livre à la librairie, j'pensais pas que j'allais le croiser directement.

Alice leva les yeux au ciel en repensant à sa réaction idiote. Elle avait vider son sac, avait dévoilé un peu trop, une vraie catastrophe.

— Bref, tout ça pour dire, j'ai vidé mon sac pour lui en lui disant, globalement, toutes les raisons pour lesquelles je ne veux plus lui parler ou le voir. Et je suis partie. Il a pas répondu – je lui ai pas laissé le temps.

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— Pas besoin de nous mentir à nous Léandre, on sait très bien que tu es un déchet et que ça changera jamais, lance Sidney sans se soucier un seul instant de savoir si c'est politiquement correct ou non. Il se rassure en se disant qu'il s'agit de toute façon que de Léandre. Il ne peut pas se vexer pour si peu – ils lui en sorte de toute façon des bien pire à longueur de temps. Leur fonctionnement est simple, l'ancien joueur de Quidditch pourrait très bien lui répondre que c'est lui le pire des déchets des trois – la médaille d'or est disputée entre les deux blonds de toute façon – qu'il le prendrait bien. C'est naturel, facile. Sinon, va pour le libanais.

Il attrape sa fin de cigarette que Alice lui a volé sans le moindre remords. Il pourrait dire quelque chose ou bien grogner mais la vérité est beaucoup plus simple. Sidney n'en a rien à faire de tout ça. Il se contente d'être là, totalement défoncé parce que c'est plus simple, plus drôle. Ça tranche avec la réalité des autres, de ceux qui ont une vie des plus ennuyeuses. Il attrape la boîte qui traîne à côté de lui. L'envie de se rouler un nouveau joint vient de lui arriver à la seconde et il compte bien la satisfaire.

— C'est vraiment la merde. Il n'aurait pas pu dire mieux Sidney, il n'y a aucun mot plus clair que ça pour décrire la situation. Ou peut-être bien que si, mais il n'a pas la force de les chercher. Une fois passé la porte de son appartement, il met automatiquement son cerveau en mode off, il se contente de boire et fumer. À la limite, il écoute Léandre se plaindre d'Alexandre et caresse les chiens – c'est suffisant d'après lui. Imagine qu'il te recontacte ? Genre, il trouve ton adresse et t'envoie une lettre ? Pire. Il vient frapper à la porte. Sid pose sa tête sur l'épaule de sa meilleure amie. Dis, je pourrais lui envoyer Snow à la figure ? Parfois, il se dit qu'il abuse un peu, qu'il ne devrait pas utiliser le petit pug comme une âme de destruction massive mais aux grands maux, les grands remèdes. Et Charlie est définitivement pire que la peste noire et le choléra réunit. Il allume le joint qu'il était en train de rouler avec un sourire satisfait.

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Alice esquisse un sourire moquer à la remarque de Sid – si les deux blonds se battent pour la première place du plus « déchet », Alice prends sûrement la deuxième place. Même – elle en est sûre – ils ont une place de choix sur le podium, et se partagent sûrement la première place. Quoi que les gens disent, cela convient plus que parfaitement à Alice. Ils n’ont, de toute manière, ni besoin des autres, ni de leurs avis.

« Léandre, tu payes hein ? » fait Alice en lançant le téléphone sur ledit Léandre. Hors de question qu’elle débourse une mornille lorsque Léandre est un véritable porte-monnaie sur patte – en plus de faire partie du mobilier.  De toute façon, c’est bien pour ça qu’elle et Sid tolèrent que le blond squatte leur appartement : parce qu’il leurs paye tout, ou presque.

Elle en profite pour couvrir Snow de baisers bien mérités – elle n’a rien fait si ce n’est d’exister comme, littéralement, le chien le plus mignon et le plus potentiellement dangereux. Alice soupire, Snow lui jette un regard presque inquiet – tout le monde sait qu’Alice n’est pas du genre à soupirer ainsi, surtout quand on parle de Charlie.

« Renouer le contact, tu parles. » marmonne-t-elle. « C’est même plus que la merde. » ajoute-t-elle, reprenant les mots de Sid. La situation est plus que merdique – elle est affreuse, détestable, un véritable cauchemar. « Merde, Sid, dis pas des trucs comme ça, ça porte la poisse ! » Elle lui donne un coup de coude, mais elle ricane. « De toute façon, il sait pas où j’habite, et il n’y a aucune raison que je lui donne. A moins qu’Automne lui donne mais attends – même Automne l’aime pas. » Elle secoue la tête à l’idée qu’Automne la trahisse au point de donner son adresse. « Non arrête, Snow mérite pas ça. Personne ne mérite ça. » Dit-elle à voix basse, en serrant Snow contre elle. « Per-son-ne. » Elle se redresse, prête à changer de sujet. « Sinon, Léandre. Avec Alexandre… ? » La brune jette un regard en coin à Sid, amusé. C’est leur moment préféré – mieux que les feuilletons anglais diffusés sur la BBC.

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Sidney écoute ses deux amis parler de choses qui ne l'intéressent définitivement pas – de la nourriture et de l'argent, deux points qui ne sont clairement un problème pour lui. Il ne consomme que très peu du premier, et le deuxième est directement réglé par le compte en banque de Léandre. C'est l'un des plus grands avantages à avoir le blond à leurs côtés – si on lui demande, il dira même que c'est le seul et l'unique, mais c'est uniquement parce qu'il nie l'affection relative qu'il porte à celui qu'il nomme bien trop souvent meuble. Il est comme ça Sid, incapable d'accepter l'idée d'apprécier réellement quelqu'un. Parce que s'il le nie devant les autres, c'est avant tout parce qu'il s'interdit de se le dire à lui-même.

Il grimace face aux explications d'Alice. Il ne la sent clairement pas cette histoire – il ne sait pas pourquoi, peut-être parce qu'il est totalement défoncé et donc plus parano qu'en temps normal. Ça doit forcément être ça, se dit-il parce que sa meilleure amie ne fera jamais rien qui risquerait de faire croire à son frère qu'il a une chance de renouer des liens avec lui. Face à cette conclusion, il se sent directement rassuré et décide d'ébouriffer les cheveux de seule fille du trio en guise de réconfort.

— Tu abuses Léandre. Sidney sort de son pseudo-mutisme qui n'aura pas duré si longtemps après s'être allumé une nouvelle cigarette. Une fumée odeur vanille sort de sa bouche alors qu'il se tourne vers son ami. J'attendais que ça, moi, ton histoire avec Alexandre. Il soupire de désespoir – c'est comme si son émission préférée venait d'être annulé pour des raisons aussi stupides qu'un flash spécial. Alice, presses-toi de commander., dit-il en se levant pour aller chercher à boire dans le coin cuisine. Il sort un pack de bières du frigo qu'il pose sur la table – il ne faudrait pas qu'il ait à se lever trop de fois dans la soirée, ça ferait mauvais genre.

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«  Quelle générosité Léandre. Si tu continues comme ça toute la soirée, tu auras peut-être le droit de dormir au pied du lit. » raille Alice en frottant le haut du crâne de Léandre, de la même manière qu'elle caresserait la tête d'Oscar ou Pixie.

Alice en profite pour se caler contre Sid, un peu rassurée. La situation de Charlie n'est plus qu'un lointain souvenir qui ne la dérange plus vraiment – il pourrait presque disparaître si elle se concentre un peu plus sur la situation actuelle : l'odeur de vanille de la cigarette de Sid, la réaction dramatique digne d'un (mauvais?) acteur de théâtre de Léandre, tout ça la distrait un peu. Tant mieux. Elle ne veux pas donner à Charlie le privilège d'envahir chez elle, même juste de manière figurée.

«  Je commande, mais tu as intérêt à nous donner des détails, Léandre. Beaucoup de détails. Sinon tu dors sur le paillasson. » conclue Alice en composant le numéro, fixant le blond d'un air sérieux. «  Je rigole pas, toute la nuit sur le paillasson si tu nous racontes pas. Et je vais commander, pas la peine d'insister comme ça. » Elle ricane, reprends son sérieux lorsqu'on décroche après quelques sonneries.

Tout en commandant, elle tends la main pour attraper une bière que Sid a ramené. Une soirée comme une autre, comme ils en faisaient souvent mais Alice préfère ce quotidien à toute autre chose. Aussi étrange que le trio peut être, c'est son foyer, son chez elle. «  Bon voilà, les gars, dans trente minutes on bouffe. La parole est à toi Léandre. »

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