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 Right next door to hell { Sherkan


Jessie M. Joyce
Jessie M. Joyce


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~ Fonction : Employée au département de la coopération magique internationale
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MessageSujet: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeMer 29 Juil - 15:50

I’ll be your worst enemy
Try to kick, kick, kick me when I’m down
— Endoloris. Sa voix tremble de plaisir à l'idée de ce qui va suivre. Le sort atteint Sherkan et il sort de sa cachette, souriant. Il a rarement trouvé ça aussi beau que de faire souffrir quelqu'un. Le français est à part, il ne mérite même pas la mort, juste la torture éternelle.Et il se sent fort Jessie, porteur d'une mission cruciale. Il est celui qui le punira, qui le brisera. Pour Lichuan.

Il a passé trop d'heures dans un taudis à s'apitoyer sur son sort, ne voyant la lumière du jour que par les trous d'un volet crasseux. Le liquide qu'il s'envoie dans les veines a eu raison de sa logique, de son instinct de survie. S'en prendre à Sherkan, le pister, l'attendre devant chez lui chaque jour jusqu'à ce qu'il revienne. Voilà ce qu'il a pensé intelligent Jessie. Se jeter dans la gueule du loup pour attendre de se faire manger. Il regrettera demain, si la vie ne quitte pas son corps d'ici-là. Sherkan lui fera payer au centuple la douleur ressentie, il le sait. Et pourtant il est là, à affronter le mal en personne, à venir lui demander de payer pour ses fautes. Il sort de sa cachette, s'approche la baguette tendue pour maintenir le sort. Il y concentre toute sa haine, tout son désespoir. Jessie n'a vu personne depuis des mois – personne d'importants, aucun de ses amis pouvant le canaliser. Il est plus instable que jamais, capable seulement du pire. Il a trop perdu, à peu près tout ce qui lui était cher. Et il a trouvé dans la personne en face de lui le coupable parfait pour rassurer son cerveau, pour transformer cette malheureuse aventure en quête épique. Il doit affronter le mal pour retrouver ceux qu'il aime.

Le tableau est merveilleux. Le roi tombe de son trône sous ses yeux ébahis. L'être intouchable, celui qui avec sa classe malsaine s'est toujours fait passer pour supérieur n'est qu'un homme. Et l'humain est faible, capable de souffrir. Il ne l'oubliera plus Jessie, il est prêt à lui rappeler même si ça doit le tuer.

— Alors Sherkan, ça fait quoi d'avoir mal ? Sur ses joues coulent des larmes de joie alors qu'un sourire crispé ne quitte plus son visage. La scène est trop belle. Rien n'est comparable à ce jour où ils ont tué Zahari, le but n'est pas de punir un traître. Le français a toujours été là, avant lui, avant ses amis. Il a manipulé sans penser que des conséquences arriveront un jour. Mais Jessie a toujours refusé de se laisser avoir, lui. Il a prévenu, attendu le moment idéal où les choses évolueront, espérant toujours au fond de lui que le français quitte sans faire de vagues. Il se dit avec le recul qu'il n'aurait pas dû. Attaquer directement pour préserver son quotidien. Aujourd'hui, il n'y a plus rien à sauver. Je te hais. On le sent dans sa voix, on n'entend même que ça. De la haine pure qui vient trouver sa source dans un fait passé, une erreur commise, celle d'avoir voulu manipuler Lichuan – son ami, son frère. Tout ce qui arrive de mauvais est ta faute, tu dois payer pour ça.

Il faut qu'il arrête Jessie, qu'il fasse tomber le masque de fou pour retrouver celui d'enfant souriant. Rien ne pressent un retour à la normale pourtant, ses yeux sont remplis d'une dévotion malsaine envers la tâche qu'il s'est attribué. La créature doit souffrir, elle doit comprendre ce qu'elle a fait de mal pour ne plus recommencer.

— Je t'interdis de t'approcher à nouveau de lui. Aucun besoin de préciser, il sait que Sherkan ramènera les choses à Lichuan. Il s'inquiète souvent Jessie, de l'emprise qu'a encore le français sur son ancien ami. Même lui va même jusqu'à trouver ça malsain – lui qui disait à une époque sans complexe que Basile était son âme-sœur, qu'ils s'aimeraient bien au-delà de la mort. Alors c'est son rôle de s'en occuper, de protéger l'asiatique quoi qu'il arrive. Même si celui-ci l'a abandonné, qu'il n'a pas répondu à la lettre qui devait les sauver. Sa loyauté est infaillible. Ce n'est pas parce que tu as couché avec lui que tu dois le prendre pour ton pion. Ce n'est même pas un exploit, même moi j'ai déjà couché avec Lichuan.
electric bird.
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MessageSujet: Re: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeMer 29 Juil - 20:46

et la douleur remplaça l'espoir, qui n'avait
de toute façon, jamais existé dans ton corps brisé


Le mot avait été prononcé sur le ton satisfait de celui qui croit en ce qu'il fait. Le soubresaut de l'âme, alors que le corps se fond dans cette toile rougeoyante de la douleur. Tu connais cela, Sherkan. Tu as déjà senti ce genre de prémices, mais rien ne t'avais ordonné à une telle vague qui semble vouloir briser chacune de tes fibres, chacun de tes os, chaque molécule qui constitue ton être tout entier. Ton corps tombe à genoux de façon presque théâtrale, totalement incontrôlée, et tu te crispes pour ne pas laisser entrevoir le vélane. Pourquoi t'acharnes-tu à ce point à garder closes certaines portes ? Ce n'est pas en son nom. Le prénom au bord des lèvres, qui ne veut plus rien dire. Aloysius.

Tu n'aurais jamais cru qu'un être aussi insignifiant puisse te faire aussi mal, hein, Sherkan ? Celui-là même qui te lançait des boules de papiers durant les réunions, celui qui n'était pas sensible à ton charme. Celui qui n'était qu'une ombre, qui ne voulait rien dire, qui n'avait nulle importance. Tu sais pourtant que les ombres sont celles dont il faut se méfier. Félicitations, Monsieur Jessie Joyce, vous venez de monter dans la liste des gens à faire souffrir. La tête de liste était l'idiote blonde de Willard, mais vous venez simplement de la dépasser.

Tu as les mâchoires crispées, Sherkan. Mais tu essayes de marmonner, le visage gris comme la cendre. Toute ta beauté s'est effacée, et si la voix et les mots de Jessie sont aussi mordants, s'enfonçant dans ta chair comme le sort qui te fait perdre peu à peu tes esprits, ta propre haine n'en est pas moins flamboyante. Comme des diamants noirs, tes yeux luisent de cette démence que tu as partagée avec Lichuan.  « J'ai l'habitude. Mais toi, le sais-tu ? » Un grondement animal, ancestral, qui s'échappe de ta gorge. Plus menaçant qu'un couteau tiré. Tu ne ressembles même plus à ce que tu étais. Ton sang bout dans tes veines, et ta peau semble vouloir se morceler. Tu voudrais lui arracher la gorge de tes dents, lacérer son visage souriant, vainqueur, exultant la joie impie de te voir souffrir. Mais tu dois juste te concentrer, pour ne pas te laisser aller. Tu émets même un rire de gorge, comme si ce n'était rien, alors que tout ton être se arque contre cette douleur qui te détruit. Même si elle est plus forte, plus puissante, tu sais que la douleur, tu l'as vécue. Elle fait partie de toi, comme tes doigts, tes yeux, ton sang. Tu trouves Jessie amusant - peut-être a t-il un quelconque intérêt, finalement.

« Si tu comptes me tuer, il te faudra faire la queue. Quant à ce que je dois payer, sois en certain, je compte bel et bien assumer. » Tu as failli prononcer le mot d'erreur. Mais c'en serait une. Tu continues de sourire, de cet air crispé. Tu voudrais te redresser, mais tes souhaits n'ont plus rien à faire dans ton corps. Ils en sont expulsés à chaque souffle laborieux. Est-ce que tu la sens, cette douleur qui pourrait te tuer ? Peut-être est-ce une bonne voie que de se laisser happer dans les ténèbres brûlants et mordants ? Mieux que les déchirements intérieurs. Mais ce serait abandonner, et ce n'est pas toi.

La suite est bien plus floue. Tes yeux ont du mal à adapter la lumière, en continuant de retenir les larmes amères et faibles. Tu renifles et retiens un nouveau rire. Tes doigts s'agitent, comme ceux d'une marionnette. Le corps brisé. Mais ce n'est que de la magie. Tu bandes tes efforts pour repousser l'enchantement. Puis, tout bascule. Tout, et même toi, obligé de te tenir à quatre pattes sur le sol humide. Tu halètes, mais pas à cause de ce qu'il a dit. Jamais. Jamais tu ne te laisseras aller aussi bas. Pourtant, Lichuan t'as déjà mis au sol ; peut-être que Jessie est envoyé par Dieu sait qui pour abréger les souffrances humaines ?  « Bien entendu, qui n'as pas encore couché avec Lichuan ? » Tu en sais quelque chose. Il tombe rapidement amoureux, ce fou, et se lasse tout aussi vite.  « Tu as aimé ça ? C'était ta façon à toi de te sentir vivant, que d'agripper son corps contre le tien, Jessie ? » Si les mots ne sont pas vulgaires, Sherkan, ni même foncièrement grossier, il y a quelque chose de malsain qui exsude de toi. Une force obscure, aussi huileuse et noire qu'une goutte d'ébène liquide. Tu es le mal, Sherkan, et tu souffres, si fort.  « Il n'est plus mon pion. Il n'a même plus le droit à cette appellation. Mais qu'est-ce que cela peut te faire ? Tu es son ami ? Voyons Jessie. Il vous abandonné. Il vous a tourné le dos, sans se retourner, parce que vous ne représentiez rien à ses yeux. C'est aussi simple que cela. »

Si le sort provoque la source de sa douleur, tu sais où appuyer, Sherkan, pour faire souffrir à ton tour. Que ce soit de tes mots ou de tes doigts griffus. Les yeux qui se ternissent, laissent voir la laideur uniquement dans les pupilles fendues par la destruction interne. « Lichuan a été mien. Peu importe ce que tu en diras. » Mais il ne l'est plus. Tu le sais. Dans le fond, tes petits jeux ont formés un mur entre vous incapable d'être brisé. Pas comme toi - si humain, si pathétique. Tu voudrais appeler Nikolaï ou Thaddeus, mais ce serait enfantin. Tu n'es pas un enfant qui a peur du noir. Tu es un homme. Non - tu es un monstre. La folie qui se tord, serpentine, ophidienne, comme un gigantesque tentacule autour de ton être tout entier. « J'ai laissé une trace en lui. Une brûlure, une empreinte. Ca ne partira jamais - même si l'on tue le monstre, même si on le fait souffrir, le mal est fait. » Un ricanement. Tu as l'impression que tes dents vont se déchausser et le goût du sang t'envahit, écoeurant. Tu te sens comme une flaque, un déchet, une ordure. Mais tu n'espères pas que Jessie te tue. Parce que, ce que tu veux vraiment, c'est te relever.
Et le faire souffrir à son tour. Tu n'es qu'une bête.
Un homme à moitié vélane. Un monstre.
Tes pensées se focalisent.
Tu montres les dents.
Tu montres les crocs.
Déchiqueter.
Lacérer.
Mordre.
Tuer.


electric bird.
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Jessie M. Joyce
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MessageSujet: Re: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeJeu 30 Juil - 17:56

I’ll be your worst enemy
Try to kick, kick, kick me when I’m down
Sa voix lui donne envie de vomir. L'acide lui brûle la gorge, il y sent le goût métallique du sang. Sherkan est là, au sol, au pourtant il paraît toujours plus fort, plus majestueux. Toujours plus grand que lui. Il pourrait faire comme d'habitude – mettre ça sur le dos de sa petite taille. Il pourrait. Pour la première fois depuis une éternité, il ne se ment pas à lui-même Jessie. Il n'est qu'un parasite. Il l'a toujours été. C'est pourquoi Sherkan ne l'a jamais considéré comme dangereux, pourquoi Basile n'a jamais imaginé qu'il puisse être mangemort. La lettre de Lichuan reste sans réponse, et pourtant qu'est-ce qu'il en aurait eu besoin. Personne ne viendra le chercher, personne pleurera sa mort le jour fatidique. Et son sourire se fane, aussi rapidement qu'il est apparu. Sa baguette sursaute, les yeux toujours rivés sur la créature face à lui.  Il est cet être répugnant qui le révulse, celui qui le ramène au rang de microbes. La boule ne quitte pas sa gorge, peu importe le nombre de fois où il avale. Il a l'impression de sombrer Jessie, que la vie s'arrête ici. Et la voix continue, parvient à ses oreilles sans difficulté. Il aimerait se les boucher, lâcher la baguette, se recroqueviller sur lui-même, fermer les yeux.
Disparaître de la surface de la terre.
Ne jamais avoir existé.

La vérité est dure, brutale. Elle est la pire des douleurs. Il a envie de crier, de bouger, faire une chose stupide. Se raccrocher encore un peu à cette image qu'il renvoie habituellement, le garçon enjoué qui ne se soucie de rien, qui voit la mort comme un passage obligatoire et en parle de la même façon qu'un rendez-vous barbant. Mais Sherkan le punit, lui interdit toute stabilité comme pour se venger des Doloris qu'il prend en pleine face. Il lui fait entendre tout haut ce que lui pense tout bas depuis des mois. La trahison, le fait de n'être rien. Il se sent soudainement nu aux yeux de tous. Lichuan l'a trahi, et il a voulu en mourir. Sherkan ne le sait pas, se dit-il et c'est une bonne chose. Ce serait le fait de trop, celui qu'il ne veut pas entendre de la bouche du français. Il adorerait le faire sentir plus minable, plus insignifiant, lui rappeler que des deux, c'est l'anglais le faible. Il a toujours dit fièrement vivre avec ça, Jessie. Il court d'une personne à l'autre, les laissant sur le bord du chemin. Il se vante de n'être pas attaché, d'être capable de le prouver. Il ne ment pas réellement. Il pourrait partir, des mois ou des années, à condition de le décider, d'être prêt. Il pourrait apprendre à vivre sans la plupart. Victory lui manquerait, Automne aussi. Ce ne sont que des mensonges prononcés pour se donner l'air fort. Sans Basile, il n'est plus qu'un corps sans âme, mouvant mais incapable de vivre. Et sans Lichuan, il a préféré abandonner l'idée de continuer à respirer.

Il tremble de rage, tentant de réprimer un peu plus les besoins qui a de le blesser, de lui faire mal. Il a cette envie malsaine d'entendre ses cries de douleurs toute une éternité, de s'endormir, se réveiller, manger et voire même coucher avec Sherkan qui agonise à côté de lui. Et son cerveau malade imagine les solutions, les pires, toutes celles assez macabre pour anéantir le français comme il l'a fait de son quotidien. Il commencera par lui enlever cette peau grise, bout par bout. Parce qu'elle le répugne Jessie, elle lui rappelle qu'il n'est pas comme lui, qu'il a cette supériorité qui le rend attractif, qui lui permet de garder auprès de lui certaines personnes. Il aimerait le faire taure, qu'il arrête de parler. Pourquoi ne peut-il pas se contenter de souffrir en criant.

— Tais-toi. Il aurait aimé que sa voix soit plus sûre. Oh oui, il aurait aimé mais tout son être ne semble pas être d'accord avec cette perspective. Il lutte chaque seconde pour ne pas s'effondrer. Son cerveau le trahit, lui répétant en boucle les belles paroles du français. Il vous a abandonné. Il vous a tourné le dos. C'est faux, entièrement faux. Il le sait lui, que Lichuan n'est pas loin, qu'il sera toujours son ami. Il a besoin de le croire, de se dire qu'il n'est pas seul. L'asiatique est le seul qui l'acceptera à nouveau, le seul suffisamment clément pour lui accorder une seconde chance. Vous ne représentiez rien à ses yeux. C'est l'idée combattue pendant des jours, c'est la raison qui l'a poussé à fuir le monde sorcier depuis des semaines. De la bouche de Sherkan, ça sonne comme une vérité, son plus grand cauchemar. Il ne lui reste plus rien. Et pour ça, il a envie de le voir saigner. Tu mens. Tu mens toujours espèce de sale- Ce n'est pas le moment de pleurer, de paraître plus faible qu'il l'est déjà. Sherkan manipule comme il respire, il le sait. Dans un dernier moment de lucidité, il espère qu'il essaye encore, malgré toutes ces années d'échec. Tu es tout gris. Qu'est-ce que tu es moche.

Jessie s'approche de la créature au sol. Les risques lui paraissent aujourd'hui ridicules – tout est ridicule. Tu  meurs dans le pire des cas, se dit-il simplement. L'idée ne le bouleverse pas, il en rigolerait presque. Basile serait énervé, Basile le penserait une nouvelle fois incapable de tenir une promesse. C'était sa raison de rester vivant encore quelque temps, mais le français l'a fait voler en fumée comme toutes ses convictions. Lichuan est ton ami, se répète-t-il sans cesse, il ne t'a pas trahi personnellement.

— Si ça fait plus mal, tu deviendras noir ? Sa main bouge, la baguette pointe la tête cette fois alors qu'il relance son sortilège. Proche, trop proche. Peut-être à porter de mains, il n'a pas pensé à vérifier. Ses yeux sans vie se contentent de fixer sa victime. Ils appellent au meurtre et à la vengeance, scrutent le visage hideux comme pour se gaver de souffrance. Tombe Sherkan, tombe plus bas que terre et ne te relève pas.
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MessageSujet: Re: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeJeu 30 Juil - 18:24

et la douleur remplaça l'espoir, qui n'avait
de toute façon, jamais existé dans ton corps brisé


T'es doué pour faire ça. Détruire les gens de l'intérieur de leur tête. Insinuer des phrases, leur faire croire qu'ils l'ont pensé en premier. Mais la situation est différente - cette fois-ci, c'est plus qu'un jeu. Si tu avais su. Non, tu n'aurais jamais cru que Jessie puisse être capable de te faire souffrir autant. C'est presque une bonne surprise. Comme quoi, même toi tu peux te tromper. Même toi, tu peux être défait de ton trône. Ta couronne n'est qu'épine, qui s'insinue dans tes cheveux de Judas. Tu fais un piètre roi, et ton sceptre n'est que celui du fou. Le fou. La pièce est toujours là, sur toi. De bois, d'ébène, une miniature qui te fait penser à lui. C'est pour Lichuan que vous vous battez. Pas pour vous, ni pour vos misérables vies. Vous ne valez rien, ni l'un ni l'autre, tu le sais, ça ? Mais toi avant tout - toi, qui tentes de te ressaisir alors que le goût de sang inonde tes papilles. Tu n'as plus rien de beau ou d'élégant. Tu es un monstre mis à terre.

Tu ne fais même plus attention. Ni à ton corps qui tremble, sous les Doloris qui pleuvent, ni à ta nature vélane révélée. Ta peau est parcheminée, d'un teint gris comme la cendre. Tes veines sont noires et visibles, comme si du fiel coulait sous ta peau. Tes doigts, au sol, forment des griffes acérées, comme celles d'un animal, alors que la peau autour semble presque écailleuse. Tu es une chimère sortie des pires cauchemars des hommes. Mais l'ordre de Jessie, ton apparence, la douleur ou la mort, rien de tout cela ne te fera taire. « Et si je ne me tais pas, que vas-tu faire ? Piquer une crise ? Me faire mal ? Alors vas-y. Nous commençons à peine à nous amuser. » Fou que tu es. Lichuan n'a rien à t'envier sur la démence qui a pris part à cette aventure. Tu n'es ni un héros ni même un méchant. Tu es la nuit obscure qui plane comme une chauve-souris. Tu n'es plus rien, Sherkan. Et le regard que tu lances à Jessie n'est qu'un reflet du vide intersidéral qui se trouve en toi, brouillé par tes émotions. Fût un temps où même la plus grande des douleurs n'aurait pu t'empêcher de te relever et de lui faire payer. Peut-être que tu le mérites. Sûrement, même. Avoue-le : tu n'es ni un exemple ni quelqu'un à suivre. Tu songes à Jessie et Lichuan - ils ont couché ensemble. Rien d'étonnant. Rien de surprenant. Mais la jalousie, la possessivité consume ton corps comme des charbons ardents. Tu te sens pitoyablement mis à nu, sans te douter que tes mots font le même effet à cet idiot de Jessie.

La douleur s'intensifie et tu tombes en arrière, tu roules au sol. Tu aurais pu, tu aurais pu le lacérer, attraper sa main. Mais trop rapide. Tu aurais été trop maladroit, et il a été trop rapide. Tu ne lui fais pas le plaisir de gémir, mais ton crâne n'est plus qu'un maelström de douleur. Tes yeux se sont voilés de rouge, et ta conscience vacille comme une bougie dans une tempête. Tu as envie de vomir. Même ta mère ne t'as jamais blessé comme ça. C'est nouveau - cette impression de vouloir quitter ton corps, de devenir fou au point que tu serais capable de tout pour que cela s'arrête. Tu bandes ton être, tes efforts. Tu es au sol, et ta joue bat sur le pavé. Qu'est-ce que cela fait, Sherkan, de n'être plus qu'un humain ? Si Absolène, si Thaddeus ou Nikolaï te voyaient ... Tes mains se serrent en deux poings, et ta propre douleur te réveille - tes griffes pénètrent dans ta chair, mais ce mal là, tu le contrôles. Tu as toujours l'emprise sur ton corps, même si il semble morcelé sous la douleur.

« Lichuan ne t'as pas dis ? Je suis à moitié vélane. Par ma chère mère. Je suppose qu'il ne t'as pas dis non plus pour de nombreuses choses, entre nous. » Tu appuies où ça fait mal, parce que tu n'as plus que cela pour te défendre. Tu aurais pu être subtil, mais tu n'en as plus la force. Ta voix, autrefois hypnotique, n'est qu'un croassement monstrueux. « Tu sais, Lichuan ne peut pas vivre sans moi. » Tu as un rire sans aucune joie. Et les mots ont une telle véritable sincérité qu'il est évident que l'inverse est vrai. Une vraie limpidité. « Je l'ai façonné, et sans moi, il sera perdu. Tu pourrais peut-être essayer de me remplacer, de combler ce creux que je formerai ... Mais ce serait peine perdue. Personne ne peut égaler ma place dans sa vie. » Un nouveau rire qui s'étouffe dans une toux. Tu te remets à genoux, comme un supplicié. Mais tu n'as plus rien de pitoyable - une fierté flamboie, une avidité de douleur. Pas pour toi mais pour Jessie. Ton regard n'est qu'un iris noir, sans aucun blanc. Tu es une bête aux crocs acérés, et tu souris de toutes tes dents. La douleur reflue, ou peut-être que tu t'y habitues. « Je suis laid, sans mes apparats de Vélane. Mais tu veux que je te dise ce qui m'a surpris ? Lichuan aime ce qu'il y voit. L'homme sans masque. Le teint gris, la cendres sous la braise, les griffes et les crocs. Lichuan aime ma vérité, même si elle nous blesse. » Et tu songes à vos moments, à ces instants incroyables où Lichuan est resté, t'as expliqué qu'il te préférait ainsi. Une seconde, peut-être deux, ton regard se perd, se fige sans plus aucune cruauté. Parce que c'est ça qui te perd, Sherkan - Lichuan. Il est celui que tu aimes, à en crever. « Si tu me tues, Lichuan devrait être heureux. Fais-le. Si tu ne le fais pas, qui sait ce que je pourrais faire à notre cher ami ... »

La destruction la plus totale, pour celui que j'aime. Ce sera son cadeau pour m'avoir rendu plus humain que ce que je voulais. Je respire laborieusement. J'attends presque avec impatience que Jessie se décide. Le doloris s'estompe, mais laisse un être brisé. Je suis proche, et j'attends. Le moment, l'instant. Où je pourrais lui rendre la monnaie de sa pièce, à ce petit con.


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Jessie M. Joyce
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MessageSujet: Re: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeJeu 30 Juil - 19:30

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— Tu te crois vraiment supérieur à moi, n'est-ce pas ? Les paroles le brisent, Sherkan n'arrêtera jamais de parler. Reste à savoir qui sera le plus détruit de cet entrevu. Celui qui souffre, les Doloris heurtant son corps inhumain malgré le flot de paroles – il aimerait que ça soit le cas Jessie, ne pas avoir fait ça pour rien, ne laisser comme souvenir du français qu'un homme brisé la souffrance qui parcoure ses veines. Oui celui qui écoute, qui supporte les mots, qui voit sa réalité se brisait minute après minutes. Il est trop tard pour que sa conscience le rattrape. Elle est morte désormais, enterrée bien trop profondément pour qu'elle ne parvienne à venir l'embêter à cet instant. Il n'en a pas besoin, il veut l'ignorer à jamais, ne pas l'entendre lui rappeler qu'elle l'avait prévenu. Il aurait dû rester parmi les déchets, dans un squat rempli de moldus, à s'envoyer ce qu'il trouve dans les veines. Continuer à oublier sa vie d'avant, ne pas se souvenir, abdiquer les remords, vivre dans le déni. Ne jamais vouloir venger Lichuan, ne pas risquer le peu de stabilité restante pour un traître. Tu aimes t'entendre parler, c'est horrible. Ne me dis pas que tu trouves ce que tu dis intéressant, ou pire, que tu crois que je m'y intéresse.

Il avale encore une fois sa salive, faisant disparaître le goût acre de la bouche. Son corps devient le relaie de son cerveau, lui rappelant qu'il va mal. Son cœur s'affole, lui fait réellement mal comme pour lui donner l'explication tant rechercher à l'association de ce muscle à l'amour. Il a envie de se l'arracher de la poitrine, de le jeter à même le sol pour le piétiner sans pitié. Enfin confronté à ses responsabilités, Jessie ne s'en sent pas capable. Il hait ses parents à cet instant, ceux qui lui ont fait croire qu'il ne serait jamais seul, qu'il aurait toujours des personnes pour l'aimer. Il passe des heures à regarder la porte en attendant un signe du destin mais rien ne vient. Il est comme un naufragé qu'on croirait déjà mort, les autres ont déjà fait son deuil.

Ça ne sert plus à rien, tu as déjà tout perdu. Mais pas lui. Il le sait pourtant, que Sherkan a connu l'échec, l'exil et la haine. À cet instant, il lui paraît pourtant plus chanceux, moins délaissé. Il ne sait pas ce que c'est de se retrouver seul face à son passé, à se remémorer chaque instant en sachant, non pas qu'il n'y en aura plus d'aussi heureux, mais qu'il n'y en aura plus tout court. Jessie a abandonné, il a renoncé à la possibilité de rédemption.

— Tu sais c'est quoi la différence entre toi et moi Sherkan ? Sa voix est lente, lasse des discours du français. Il se sent fatigué de tout ça. Il n'a pas réellement envie de dormir, juste de s'allonger. Fermer les yeux, oublier. Un sommeil sans rêves, juste pour passer quelques heures sans cette pression constante. Une heure à dormir est une heure de moins à vivre, un pas de plus vers la mort certaine qui les attend tous au bout de la route. Et s'il pouvait toues les passer comme ça, il n'hésiterait pas un seul instant. Sa souffrance est trop dure pour un seul être. Je ne l'ai jamais aimé comme toi. Je ne me bats pas pour lui. Certains s'étonneront, le comportement de l'anglais est parfois trop ambigu entre ses surnoms et ses câlins, ses déclarations d'amours et ses concessions. Il ferait beaucoup pour Lichuan, il ferait même tout. Une loyauté pure et simple. Sans amour, sans passion. Je n'ai pas ta prétention. Je ne cherche pas à posséder les gens, à les attirer avec des artifices pour les marquer à jamais. Il crache ses mots, ils sont l'explication de cette haine qu'il porte au français depuis une dizaine d'années. Des manières qu'il ne supporte pas, Sherkan est un être vide, cruel, sans amour. Tu t'es toujours cru au dessus de nous, supérieur avec tes manières. Mais toi Jessie, tu n'es qu'un parasite qui ne vaut guère mieux. La réalité le rappelle à l'ordre, qu'il arrête d'essayer de changer les choses. Il restera le vaincu et Sherkan le vainqueur. Les jeux sont écrits depuis le début, s'il n'est pas aussi manipulable que le français l'aimerait, il perd sans peine à qui fera le plus de mal à l'autre. Mais c'est toi aujourd'hui qui est obsédé par lui. Tu t'es perdu à ton propre jeu. Ça te fait quoi si je te dis qu'il ne parlait jamais de toi ?

Et la douleur ne part pas. Elle reste, continue à appeler là où il faut. Elle fait ressortir des souvenirs qu'il aurait préféré oublié. Mais se lancer un sort serait trop simple. C'est sa punition de souffrir pour ce qu'il a fait à Basile. Si Lichuan est un traître, il est loin d'être mieux. Il baisse sa baguette, reculant d'un pas. Sa tête tourne, la gorge brûle. Il aimerait en finir.
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MessageSujet: Re: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeJeu 30 Juil - 20:09

et la douleur remplaça l'espoir, qui n'avait
de toute façon, jamais existé dans ton corps brisé


Malgré vos différences, une chose vous unit en cet instant - la douleur pure, qui pulse dans les veines comme de la lave. Pour différentes raisons bien entendu, mais au-delà des échos de vos personnalités, vos êtres se touchent en cette seconde où vos consciences se heurtent douloureusement. Tu refuserais cet état de fait, parce que tu ne veux rien avoir en commun avec un avorton pareil. Tu nierais en bloc être ne serait-ce qu'une infime partie pareil que lui. Il n'est rien à tes yeux, et c'est peut-être là ton erreur. Tu n'as jamais sous-estimé personne - mais ta trop grande fierté t'as détourné de lui, parce qu'il n'était ni beau, ni fort, ni puissant. Et te voilà à présent, à tenter de toutes tes forces de résister à la douleur qu'il fait naître en toi. Bien entendu, tu finiras par te redresser, plus fringuant et plus parfait que jamais, mais pas encore maintenant. Pas tout de suite. Une seconde, mère, s'il vous plaît, laissez-moi une seconde de répit, et le souvenir d'ongles crissant contre l'intérieur d'une armoire te donne un haut-le-coeur. La bile qui remonte dans ta gorge, acide, comme les pensées qui naissent en toi, comme les mots qui résonnent en toi. Mais tu sais que Jessie s'y intéresse, à tout ce que tu peux dire.
Il y a dans tes paroles trop d'honnêteté mordante pour qu'il s'en détourne.

« Environ trente centimètres ? » tu grommelles, et cette boutade n'est pas juste un trait d'humour. C'est ta rébellion personnelle contre ce guignol. C'est tes derniers sursauts, alors que tu l'écoutes. Une espèce de soulagement écoeurant envenimes tes cellules. Il ne l'aime pas. Pas comme toi. Non, ce serait impossible. Ta façon d'aimer est bancale, torturée. Inassouvie. Tu aimes de la même manière que tu détruis, et ces deux mots ont des similitudes effrayantes chez toi. Et tu ne peux pas t'empêcher d'être soulagé, de te sentir coupable de ressentir une telle émotion. Lichuan est réellement l'origine de tous tes maux. Comme tu l'as été des siens. Juste retour de bâton, Sherkan. Tu écoutes, mais en même temps, tu cherches à vérifier que ton corps t'obéit. Et, avec une satisfaction grandissante, à mesure que ton teint reprend sa carnation habituelle, tu réalises que tu peux à présent te mouvoir. « Je suis supérieur à vous. Enfin, à toi, plutôt. Aux autres. Mais certains sont à mon niveau - des êtres aussi particuliers que moi, qui ont mon ... intérêt. » Tu as failli dire affection. Attention à tes mots, Sherkan ; ils pourraient bien t'étouffer.

Mais tu ravales bien vite cette attitude effrontée. Et c'est à Jessie de jouer avec la vérité. Cette phrase, dite avec la plus grande simplicité, te fait plus mal que tous les Doloris du monde. Non pas l'idée que Lichuan n'ait pas parlé de toi, mais que Jessie voit clair dans ton jeu. Es-tu devenu aussi peu subtil ? Il détourne le regard.
Et tu fonds sur lui.

Tes mains griffues s'emparent de sa gorge, et tu bloques son bras qui tient la baguette. Tu approches ta bouche aux dents acérées de son visage. Tu grondes comme un animal sauvage - et tu sais que tu n'auras pas la force de faire plus. Tu ne trembles pas - juste pas effort de volonté. Tu gardes une réserve d'énergie pour transplaner, mais tu veux d'abord le remettre à sa place. Celle qui est la sienne. Sous ta botte, dans la boue.

« Nous sommes le secret de l'un l'autre. Il ne parle pas de moi, parce qu'il me garde en lui. C'est aussi simple que cela. Mais si tu voulais vraiment savoir, sache que nous nous sommes bien amusés, pour son anniversaire. » La cruauté. L'émotion de supériorité. Les souvenirs vifs de ces moments où vous vous êtes retrouvés. Où la méchanceté, la destruction ne t'ont pas accompagnées. Un instant simple, et d'une beauté pure. Il te manque à mort. Comme ton coeur te manquerait si il n'était plus là. « Je me fiche de tout cela. Je tuerai Lichuan de mes mains. Tu as raison - le destin a cru bon de se jouer de moi, sur bien des plans. Mais ... Je refuse de le laisser m'humaniser. Elle m'a fait comme je suis ! » Un cri du coeur. Un cri du corps. Jessie ne sait sûrement pas de qui tu parles, mais chacune des gouttes de ton sang charrie son héritage. Tu fronces le nez comme un animal sauvage, sans le lâcher, mais tes forces t'abandonnent. Tu laisses des marques dans son cou. Tu te tiens au-dessus de lui, comme un mâle alpha. « Ce jeu n'a plus rien d'amusant. Toi, lui. Quelques derniers mouvements, et tout sera fini. Mais la pièce n'est qu'à son dernier acte, Jessie. Et la fin ne sera pas telle que vous le croyez. »

Tu le lâches, mais ta baguette est présente dans ta main. Tu es prêt à te protéger comme à attaquer. Tu aurais pu le tuer - si tu avais été plus fort ou en meilleure santé. Chez Thaddeus. Tu dois aller chez Thaddeus. Mais tes iris noirs ne lâchent pas la silhouette frêle.

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Jessie M. Joyce
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MessageSujet: Re: Right next door to hell { Sherkan   Right next door to hell { Sherkan Icon_minitimeJeu 30 Juil - 21:22

I’ll be your worst enemy
Try to kick, kick, kick me when I’m down
Tu vois, tu n'es qu'un parasite, une ses bestioles répugnantes qui partagent ta couche, celles qu'on extermine avec un simple répulsif. Il voudrait faire taire la voix dans sa tête, celle qui lui expose sans pincettes la raison de ses échecs, mais il en est incapable désormais. La chose est ancrée en lui, elle ne le quittera jamais maintenant. Sa vie lui paraît bien fade, il ne relève pas la blague sur sa taille. Il n'en a as besoin, elle ne l'atteint plus. Ça lui a toujours plu d'être plus petit – d'être un Hobbit, comme il disait en souriant à Basile à l'époque où il acceptait encore la bizarrerie de ce qui était son meilleur ami – alors il ne va pas se mettre à complexer. Ni aujourd'hui, ni jamais. C'est bien le seul point sur lequel il est intouchable, il en faut au moins un.

Il ne comprend pas Jessie. Il ne voit pas le changement. Toutes ces années, il s'est opposé à lui à sa manière – les bonbons lancés, les mauvaises blagues, répéter à Lichuan qu'il était le mal. Et aujourd'hui, il subit. Les paroles du français n'ont aucun sens. Il ne voit pas où il serait réellement supérieur. Les gens comme lui ne devraient pas exister – c'est pour ça que Denethor meure, un monstre capable de tuer son propre fils tout comme Sherkan pourrait tuer son ami. Dans un moment de lucidité, il contemple son échec. Le monstre a payé, le montre a souffert. Les Doloris ont fait leur travail, le rendant laid, lui faisait comprendre que son règne vient de prendre fin. Mais il ne l'a pas tué, il n'a protégé personne. Il s'est lui-même blessé dans cette histoire, plus qu'il ne l'a jamais été. Plus que lors de la réception de la lettre de Lichuan, plus que quand Basile l'a laissé seul. Tu n'es qu'une gêne pour ceux qui t'entourent. La voix ment, il essaye de s'en persuader.

La main griffue sert sa gorge. Il aimerait avoir peur, pouvoir se débattre pour tenter d'avoir des chances de rester en vie mais elle a disparu, la combativité. Tu n'es plus à ça près, Basile ne t'aime même plus. Une conclusion aussi dure que ce qui l'attend. Il n'aurait jamais imaginé mourir comme ça, des mains de cet homme qu'il hait par-dessus-tout. La nouvelle qu'il annonce lui provoque un énième haut-le-cœur. Parce que Sherkan a vu Lichuan depuis la trahison. Sherkan a eu la chance de passer du temps avec. Sherkan n'est pas seul alors que lui se meurt dans son coin.

— Tu es ridicule. Tu te crois fort, intouchable mais ça t'emmerde qu'on puisse voir clair dans ton jeu. Il n'est plus à ça près. Il devrait se faire petit pourtant, tenter de sauver sa peau. Même si Sherkan le tient, même s'il pourrait en finir avec sa vie en quelques secondes, il pourrait essayer. Le souvenir de Basile lui demandant de ne pas mourir lui revient à l'esprit, mais il préfère l'ignorer. Jessie ne suppliera jamais, encore moins une créature aussi répugnante que lui. Il préfère encore avoir à subir des heures de tortures, revivre en boucle les pires moments de sa vie. Tu es loin d'être un mystère pour moi Sherkan. Alors tu peux me tuer, mais dis-toi que je pense pas être si intelligent que ça. Je suis pas le seul capable de deviner que tu es trop obsédé par Lichuan pour le tuer.

Il atterrit sur le sol brusquement. Dans un dernier effort, il tente de lever sa vie. S'il a suffisamment de chances, il peut lancer le sort avant Sherkan, le devancer. À la place, sa tête vient trouver refuge entre ses bras, le liquide acide et légèrement rougeâtre sa bouche pour s'étaler sur les chaussures de son ancienne victime. Il fait peine à voir et ses yeux fuient ceux du français. Il pourrait rester là des heures, à contempler cette tâche qui lui rappelle qu'il n'a pas mangé depuis des jours. Il n'a pas attendu Sherkan pour se laisser mourir. Il n'a besoin de personne pour ça, il s'agit de sa spécialité comme d'autres sont doués pour tout simplement oublier.
Il reste là. Sans bouger. Une coquille vide.
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