~ Age : 28 ~ Fonction : Stagiaire en journalisme politique à la Gazette du Sorcier ~ Messages : 91 ~ Crédits : Merenwen
Sujet: Breaking news | Basile Mer 15 Juil - 22:02
breaking news feat. basile flaversham
C’était là. Les jambes tremblantes d’excitation, Sybella venait d’arriver au secrétariat du département des Aurors afin de signaler sa présence pour son premier rendez-vous professionnel le plus génial qu’elle ait eu jusque là. Une interview. Elle allait mener un entretien, elle, Sybella Tyrel, toute seule.
Seule ou presque, puisque la présence du photographe à ses côtés, un crétin nommé Trevor, se rappela à son bon souvenir dans un reniflement peu élégant. La blondinette lui décocha un regard assassin – elle n’en revenait pas qu’il ait eu le culot de se coiffer aussi mal et de ne même pas porter un simulacre de tenue décente. Ce n’était pas parce qu’il s’amusait à jouer les artistes qu’il devait leur faire honte ! Sybella, elle, était tirée à quatre épingles et elle en était on ne peut plus fière. C’était comme ça qu’une vraie journaliste se distinguait, après tout.
Pompeusement elle montra son badge à l'hôtesse, qui daigna à peine leur jeter un coup d’œil avant de leur indiquer paresseusement d’un mouvement de tête la direction du couloir est où se trouvait le bureau du fameux sorcier qu’elle allait interroger. Basile Yann Flaversham, 28 ans, Auror, d’origine écossaise … Sybella se répétait les informations qu’elle avait réussi à accumuler au cours de ses recherches préparatoires comme un leitmotiv et elle était si concentrée qu’elle faillit rater la porte où ils devaient s’arrêter. Après une profonde inspiration et une remarque cinglante à Trevor pour remettre en place sa cravate qu’il avait noué comme un lacet de chaussure, l’irlandaise toqua deux fois et attendit que leur hôte leur ouvre. « Monsieur Flaversham ? Sybella Tyrel, de la Gazette du Sorcier, enchantée. Nous ne sommes pas trop en avance j’espère ? » Rire poli tandis qu’ils étaient invités à rentrer pour prendre place. Sybie, redescends de ton petit nuage, se serait joyeusement moqué Finch-Fletchley et Finnigan.
Lorsqu’elle fut installée, la jeune fille prit le soin de sortir un parchemin, une plume et un encrier tandis qu’elle regardait enfin le fameux Basile Flaversham. Il avait tout l’air, comme elle s’en était aperçue sur les photos, d’un très bel homme – bien qu’étonnamment elle avait un mauvais pressentiment sous cette apparence rassurante. « Je vous remercie de me recevoir pour l’interview. Il semblait en effet que vous étiez très enthousiaste à l’idée de parler de vos missions au sein du Ministère … Je vous rassure, je n’utilise pas de Plume à Papotte. » C’était contre ses principes : elle n’avait jamais eu et n’aurait jamais besoin de magie pour rédiger un article à la hauteur de ce qu’elle voulait. « Nous allons d’abord passer aux questions si vous le voulez bien et ensuite le photographe prendra quelques clichés, sait-on jamais. Vous êtes prêt ? » Un sourire et le bal des questions commença.
Tenant à être la plus professionnelle possible – et surtout parce qu’intérieurement s’ajoutait la pression d’un Hippolyte Nemours on ne peut plus insistant et pointilleux sur la qualité de sa future interview -, Sybella attaqua directement les choses sérieuses, tandis que Trevor tripatouillait son appareil photo magique dans son coin, discret. « Monsieur Flaversham, vous êtes reconnu d’après vos pairs comme un des Aurors avec le meilleur taux de réussite en matière d’arrestation. Comment expliquez-vous une telle efficacité ? Auriez-vous des conseils à donner à vos propres collègues ? »
Journalisme. La névrose du scoop. Δ Pierre Assouline.
Discrètement, enfin du moins autant qu'il le pouvait, Basile se faufilait entre la foule d'un pas assez rapide afin de ne pas arriver en retard. Cela faisait un moment que personne ne l'avait aperçu dans les couloirs, pour cause, cela faisait déjà plusieurs mois qu'il était parti en vacances. Au détour d'un couloir, un homme portant un vieux chapeau l'interpella. « Flaversham ! Le boulot te manque ?! » Cet irlandais de la brigade avait le don d'ouvrir sa bouche quand il ne fallait pas et Basile lui lança un regard un peu sombre. « En tout cas, ce n'est pas ta gueule qui m'a manqué. » Le fait d'être en vacances ne lui interdisait absolument pas l'accès au ministère, mais il préférait éviter que l'information remontre trop rapidement à son supérieur. C'était totalement en secret qu'il avait contacté une journaliste de la gazette et il mettrait sa main à couper que ce cher Bolgarov ne serait pas partant. L'idée d'une telle interview avait découlé d'une petite promenade avec Lichuan Whitelaw dans les bureaux de la Seppom. Les deux complices de fortunes n'avait pas trouvé ce qu'ils étaient venus chercher, mais bien plus compromettant et il était temps d'en dévoiler une partie.
L'écossais n'était pas devenu un parfait connard et n'allait bien évidement pas livrer l'intégralité du dossier Powell sans même en avoir parlé à la principale intéressée. Basile se sentait très mal de ne pas encore en avoir parlé à son amie, mais il avait peur que cela lui fasse plus de mal que de bien, il voulait simplement attendre le bon moment. Joy était définitivement une super héros et il pouvait bien faire sa pour elle, à son tour de danser avec le danger. Sans avoir croisé son supérieur, il poussa la porte de son bureau et retrouva rapidement son fauteuil de ministre. Le bureau était contrairement à son appartement, absolument vide de décoration, preuve qu'il n'y passait que très peu de temps. A peine le temps de retirer sa veste que quelqu'un toqua à la porte. Une jolie blonde qui semblait bien sous tous rapports apparue, accompagné d'une sorte d'un jeune homme qui portait le double de son poids en appareils photos. Dommage que ce ne soit pas Automne.
« Bonjour, ravi de faire votre connaissance et de pouvoir vous aider. » L'auror avait répété son petit rôle avec Lichuan, histoire de ne pas tout faire foirer en moins de cinq minutes. Il invita la blonde à prendre place juste en face de lui, afin de débuter. Basile ne connaissait absolument rien au monde du journalisme et n'avait jamais été interviewé. L'auror préférait rester discret et ne pas passer pour une star des tabloïds, laissant la plupart du temps son supérieur faire les résumés des affaires aux journaux. La jeune femme expliqua très clairement comment tout cela allait se dérouler, exactement comme Lichuan l'avait prédit. « Je suis prêt et parfaitement à vous. » Un clin d'oeil et un sourire en coin, on ne changera pas Basile aussi facilement.
La première question était simple et totalement appropriée pour débuter une interview. L'auror contrairement à ce que l'on pourrait penser, avait préparé cette entrevue . Se retenant de sortir son fameux Because I'm Batman. « Je pense que le plus important dans ce métier, c'est de ne jamais baisser les bras, de s'entourer des bonnes personnes et surtout, de toujours écouter son coeur. » Quitte à descendre tout le ministère, autant sauver ce qui pouvait encore être sauvé. « Je ne suis certainement pas le meilleur auror de l'histoire, mais j'aime vraiment mon boulot et ça ne me dérange pas de ne pas dormir ou de sauter un repas pour coincé un hors la loi. »
Le début de cet entretien était bien évidemment calculé pour être léger, et à minima plutôt facile à diriger pour elle et pour son invité. Sybella ne pouvait décemment pas attaquer dans le vif du sujet – même si la fameuse histoire du tueur de gobelins et la pourchasse de Lichuan Whitelaw étaient deux sujets qui lui brûlaient diaboliquement les lèvres. Il fallait amener les choses calmement, mais sûrement. Tout venait à point à qui savait attendre et s’il fallait papoter comme on prenait le thé pendant quelques minutes pour mieux arriver aux révélations intéressantes, alors la blondinette s’y plierait bien courtoisement. « Votre modestie est admirable. » Une façon pour elle de le complimenter – même si elle n’en pensait pas moins. Pour elle la modestie, la vraie, n’existait plus : il n’y avait que des réactions d’ego mal contenues ou des tentatives d’être détaché. Elle commença donc à prendre des notes, suffisamment rapidement pour pouvoir ne rien perdre de ce que Basile lui avait raconté mais aussi pour ajouter la touche manquante qui rendait une interview passable vivante.
La blonde posa à nouveau son regard sur l’homme et, nullement intimidée par l’écart de leurs âges ou concernée par l’attitude de player qu’il arborait, Sybella restait incroyablement professionnelle – ce qui n’allait peut-être pas durer. « Justement ; vous parlez de baisser les bras. Psychologiquement le métier d’Auror peut parfois être très dur à vivre, à moins d’être un super-héros. » Elle n’avait pas idée à quel point elle pouvait déclencher un cataclysme en sortant ce genre de phrases à un type dont elle ignorait l’obsession surdimensionnée pour Batman. L’observant avec une attention soutenue et réelle, la jeune fille poursuivit. « Vous n’avez donc jamais pensé une seule fois à arrêter votre carrière à cause d’un échec quelconque ou tout simplement de la peur que vos proches puissent être menacés ? » Ce qui impliquait bien sûr qu’il ait une famille, ou un entourage dont se soucier. Tous les Aurors n’étaient pas forcément bien accompagnés. C’était même parfois plus simple d’être seul dans ce genre de carrières. « Qu’est-ce qui au quotidien vous motive à protéger la population sorcière ? »
Journalisme. La névrose du scoop. Δ Pierre Assouline.
Pour une fois, les conseils de Lichuan Whitelaw semblaient porter leurs fruits au plus grand plaisir de l'auror qui avait presque l'impression d'être à sa place dans cette situation. Basile aimait faire croire à tout le monde qu'il était sûr de lui, qu'il se fichait du regard des autres et qu'il gérait parfaitement la situation, mais c'était parfaitement faux et il était sûr que cette interview allait lui poser de gros ennuis. Cependant, il était allé trop loin pour faire demi-tour, il était temps de mettre fin à tout ça, les gens méritaient d'être au courant. Pendant un court instant, il pensa à Joy et à son dossier qu'il avait trouvé dans les archives secrets de la Seppom quelques jours plus tôt. N'ayant pas encore trouvé le bon moment pour lui en parler, il était la seule personne au courant, avec Lichuan pour l'affaire Whitelaw et rien que pour ça il devait continuer cette interview. Poursuivre ce qu'elle n'avait pu finir. Parce que si Basile aimait lancer à qui voulait l'entendre qu'il était batman, il en connaissait une qui avait bien plus l'étoffe du héros.
Aussi ironique soit-il, c'était le moment qu'avait choisi la jeune journaliste pour évoquer les difficultés de ce travail et surtout lancer le débat des super-héros. Son complice de fortune, Whitelaw, lui avait formellement interdit de dire sa fameuse réplique, Because I'm Batman, pour rester le plus crédible possible pour la fin de l'interview et le moment des grandes révélations. Seulement, Basile n'était pas définitivement pas un bon soldat et décida d'improviser un peu. « Mais je suis Batman, ça ne se voit pas ?» Une petite touche comique, un petit sourire en coin, avant de rentrer dans le vif du sujet. L'écossais n'avait aucunement envie de rentrer dans les détails, de parler de l'arrestation de Joy ou même de cas de Jessie, simplement parce que c'était trop personnel et bien trop douloureux. Un rapide soupire. « Parfois c'est dur, mais je pense qu'on ne peut pas se permettre de baisser les bras, quand je suis fatigué, je pense à ma famille et à mes amis et rien que pour ça je me rends chaques jours au travail. » Basile était définitivement un accroc à son travail, raison pour laquelle en dix ans, il n'avait encore jamais pris de vacances.
« Parfois, j'ai peur de perdre tous les gens qui sont importants, mais il faut bien quelqu'un pour les protéger… » Basile ne savait pas vraiment quoi dire. Il avait toujours pensé agir la population, mais l'avait-il toujours fait ? Sans le savoir, il avait peut-être arrêté des innocents dont le ministère voulait se débarrasser, de cas comme Joy. La seule raison qui l'avait réellement poussé à faire ce travail était le meurtre de sa mère et même si Lichuan lui avait conseillé d'en parler pour obtenir l'empathie des ménagères, il préféra taire ce drame qui même après autant de temps restait tabou chez les Flaversham. Puis il ne ferait pas un coup pareil à son petit frère, le seul avec qui il faisait encore preuve d'honnêteté. « Ouais, donc en gros, j'aime mon boulot et c'est parce que je crois en la justice que je fais tout ça. » On ne remettra pas la palme du meilleur discours à Basile Flaversham, mais il avait au moins le mérite d'essayer de faire les choses correctement. L'auror attendait les prochaines questions et surtout le grand moment.
Sa blague au sujet de Batman crispa sensiblement le sourire de circonstance que s’était entraînée à composer Sybella depuis plusieurs jours devant le miroir de la salle de bain de la colocation. Son collègue photographe, lui, avait failli rire mais s’était étouffé en sentant la froideur de la jeune Tyrel à côté de lui. Il n’allait pas, en trente secondes chrono, foutre en l’air son interview avec une réplique de gamin de cinq ans. Hors de question. Ok, il me fait quoi là ? Respire, Syb’, fais semblant de rire et passe à autre chose. La blondinette eut à nouveau un rire plutôt convaincant, comme si elle trouvait réellement l’allusion drôle – allusion qui lui échappait en réalité autant qu’un commentaire footballistique – et conclut un peu sèchement la tentative d’humour par un « Haha oui, bien sûr Monsieur Flaversham. » plutôt équivoque.
La suite de la conversation, elle, se poursuivait comme elle l’entendait. Sybella en avait fini pour les questions gentillettes d’introduction, elle savait maintenant qu’elle n’avait plus qu’à attendre la brèche pour s’immiscer et poser les interrogations plus gênantes et surtout plus polémiques – l’affaire des Gobelins et le nom de Lichuan Whitelaw étant des mots-clés de ce à quoi elle songeait en interviewant Basile Flaversham.
« Vous croyez en la justice mais est-ce que ça ne devient pas difficile quand il s’agit de faire la justice au sein de vos propres départements ? » Le photographe qui jusque là avait bien cru commencé à tenir la chandelle se redressa mine de rien sur sa chaise, plus intrigué qu’endormi. « Je fais bien évidemment référence à l’affaire Whitelaw qui a été très mouvementée et qui a défrayé la chronique. Un Mangemort qui s’avère finalement être aussi un espion d’une organisation clandestine, ça fait beaucoup trop de secrets pour un seul homme travaillant au Département des Mystères. Comment s’est déroulée cette investigation au sein-même d’un pouvoir qui prétend pouvoir nous défendre des partisans de Vous-savez-qui ? Est-ce qu’on peut croire que le Ministère ignorait tout de l’identité de l’un de ses employés ou au contraire, peut-on penser que le Ministre de la Magie protège donc les Mangemorts qui sont dans ses rangs ? »
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La blague ne faisait pas vraiment rire la blonde, ce qui poussa l'auror à penser qu'elle était sûrement du genre midinette un peu trop coincée qui pensait avant tout à sa carrière. Totalement le genre de personne que Basile ne comprenait pas, pour lui, la jeunesse était faite pour s'amuser, époque qu'il avait d'ailleurs un peu trop de mal à quitter. Si la journaliste riait jaune, ce n'était aucunement le cas de son photographe à qui l'auror lança un sourire de soutien. Je sais ce que c'est les patrons qui manquent d'humour. Un patron qu'il n'aimerait d'ailleurs pas voir entrer dans son bureau. Puis après avoir fait son petit numéro, il se ressaisit et se concentra sur la blonde qui tentait comme elle pouvait de faire l'article de l'année, ignorant que c'était aussi le but de l'écossais.
Basile avait envie de rire en entendant la question de la blonde, l'interview se déroulait exactement comme l'asiatique lui avait dit, tellement que l'auror avait l'impression d'être dans une pièce de théâtre, ne laissant aucune place au hasard. La balle était dans son camp et il était temps de faire ce qui était prévu, respecter le plan. « J'étais sûre que vous alliez me poser cette question et c'est exactement celle que je voulais que vous me posiez. » Trop heureux de voir que la presse s'intéressait en effet à ce genre de sujets et était prête à en faire un article le rassurait presque. « Vous voyez, l'affaire concernant Whitelaw n'était qu'une … » une crème brûlée. Il était hors de question qu'il sorte un truc pareil, tout le monde capterait que ce n'était pas de lui et il avait encore un peu d'honneur pour ne pas jouer les trous du cul en costard qui utilise des jolis mots pour cacher les choses.
L’auror se reprit et décida que ses propres mots seront bien plus efficaces. « La justice est de plus en plus compliquée à appliquer et c’est cette fameuse affaire qui m’a ouverte les yeux sur le gouvernement et sur sa neutralité. » Basile savait les risques qu’il encourait et il était définitivement prêt à assumer les conséquences. « Comme vous le savez, Whitelaw court encore dans la nature, mais ce que tout le monde ignore c’est que j’ai bel et bien failli l’arrêter et qu'il serait sûrement déjà à Azkaban si on ne m’en avait pas empêché. » Basile pouvait voir le regard curieux et plein de hâte que lui lançait le photographe. « En effet, un certain Sherkan Rougemont, haut placé dans la SEPPOM, c’est interposé lors de cette arrestation. A ce moment là, je n’étais pas vraiment sûr de comprendre ce qu’il pouvait en découler, puis après quelques recherches j’ai découvert une bien sombre vérité. » Les mots de Basile étaient bien loin d’être parfait, sûrement moins que ceux qu’il avait préparé avec son complice, mais bien plus honnête.
« La SEPPOM est corrompue, le ministère est corrompue et je ne pourrais même pas dire à quel point. Prenons quelqu'un comme Rougemont. » Le but étant quand même de l'anéantir médiatiquement. « Un homme directement sous la direction du ministre, dont on ne peut trouver aucune information dans les archives, comme s'il n'avait jamais existé. Ce qui m'a amené à faire une enquête plus approfondie. » Une sorte de silence olympien s'installait dans la salle, tandis que l'auror continuait les révélations. « Je sais de sources sûres que Rougemont est un mangemort et que le ministère cache toutes les informations à son sujet, sauf concernant son cancer, une question de karma je suppose. » L'histoire du karma venait d'une conversation absolument palpitante qu'il avait pu avoir dans la voiture avec Lichuan. « Et comme si ce n'était pas assez pour un seul homme, j'ai confirmation qu'il fréquentait ce fameux Whitelaw, ce qui explique assez facilement pourquoi il le protégeait. » L'auror n'aurait jamais pensé aller aussi loin, il avait définitivement passé les limites du politiquement correct, laissant comme un malaise s'installer dans l'air. « Je ne crois plus en la justice du ministère, quand on creuse un peu, on trouve facilement de nombreux liens avec des organisations secrètes et on ne compte même pas le nombre de mangemorts qui s'y cachent, sans parler des multiples affaires étouffées. » L'auror pensait à Jessie, celui qu'il avait si longtemps considéré comme son meilleur ami et au fameux dossier Powell retrouvé dans les dossiers de la SEPPOM. « Il y a de fortes chance que le ministre ferme volontairement les yeux sur ce genre de chose et si ce n'est pas le cas, c'est la preuve qu'il n'est déjà plus aux commandes depuis longtemps. Toutes ses découvertes mon poussé à prendre des vacances, refusant de collaborer avec un tel système et jugeant préférable de pointer ses erreurs. J'aime vraiment mon travail, mais pas dans ce genre de conditions. Les gens ont le droit de savoir. » Basile pourrait sûrement en parler pendant des heures, mais il était temps de laissait la blonde digérer les informations et commencer à prier pour ne pas se faire assassiner dans les jours qui viendront.
La suite fit littéralement halluciner Sybella. Intérieurement bien sûr, car de façade il n’aurait absolument pas été correct de laisser entrevoir sa surprise ou son excitation. Un manque de professionnalisme que lui aurait soigneusement reproché Nemours, aussi s’appliqua t-elle à rester la plus impassible possible – même si elle eut tendance à très légèrement trépigner sur sa chaise une ou deux fois. Elle l’écouta religieusement, notant tout avec une attentio minutieuse. « Monsieur Rougemont ? Membre haut placé de la SEPPOM lui-même ? » Le nom avait été jeté, le premier d’une certaine série où revenait également Lichuan Whitelaw. « Ce sont des accusations plutôt énormes. » Surtout quand on connaissait le statut du membre de la SEPPOM.
Elle fut si absorbée par le récit de l’Auror et si stupéfaite d’avoir réussi à obtenir si facilement un tel scoop qu’elle n’en croyait pas ses oreilles. Sybella avait l’impression d’être tombée par hasard sur une énorme malle aux trésors remplie de Gallions qui se trouvait sous le nez de tout le monde depuis le début. Si heureuse en son for intérieur en imaginant la tête que tous ses collègues allaient faire en lisant demain son papier, la blondinette se reprit lorsqu’elle remarqua qu’un silence un peu trop long venait de prendre le relais de Basile et que lui comme son collègue la regardaient, attendant une réaction de sa part. « … Pardon. Je disais … » La jeune fille remit une mèche de cheveux en place, replongea brièvement le nez dans ses notes et rattaqua. « Vous blâmez donc non seulement les employés, notamment Sherkan de Rougemont de faire obstruction à la justice, mais le Ministre lui-même, Monsieur Flaversham. Votre place n’a-t-elle pas été ou ne risque t-elle pas d’être menacée ? Vous n’avez pas peur des représailles de vos propres collègues ? Est-ce que vous ne pensez pas qu’il s’agit d’un risque majeur pour vous d’être aussi exposé si ce que vous avancez est réel ? » De véritables craintes légitimes pour tout individu, surtout quand on accusait son patron de tels crimes.
Basile Flaversham avait jusque là eu les honneurs. La suite allait le mettre légèrement en déroute, mais il pouvait très bien s’en sortir s’il le voulait – trouver les bons mots était le plus ardu. « Vous parlez par ailleurs de l’affaire Whitelaw et du Ministère qui protège les partisans de Vous-savez-qui. Certaines rumeurs … certaines théories avancent qu’un des témoins principaux qui accusait Lichuan Whitelaw d’actes terroristes a d’ailleurs été assassiné par des Mangemorts. Est-ce vrai ? Qu’avez-vous à dire par rapport au manque de protection apportée aux témoins ? »
Journalisme. La névrose du scoop. Δ Pierre Assouline.
Les deux plus jeunes se tenaient assis sur leurs sièges avec la même tête qu'un enfant à qui on apprend que le père noël n'existe pas. Basile avait fait fort et allait sûrement se retrouver dans la merde, mais il s'amusait à penser que Sherkan le sera encore plus et il espérait que cet article change quelque chose. Intérieurement, il voulait vraiment que cela choc l'opinion publique, que les badauds se sentent trahis et que tout le monde se batte -de manière parfaitement pacifique- pour que le monde de demain soit meilleur. Une vision bien utopique pour un homme qui tournait un peu trop au scotch. Les risques du métier comme ils disent. « Et malheureusement véridiques. » Basile aurait préféré ne jamais avoir à faire ce genre d'interview et n'avait aucune envie de faire le buzz, comme ses idiots qu'on peut voir à la télévision. Non, il aimerait autant pouvoir mener une petite vie d'auror paisible loin de toutes ces histoires de politique, d'argent et de choses qu'il ne comprendrait sûrement pas.
La journaliste après avoir encaissé ces nouvelles ne tarda pas à reprendre le contrôle de la situation en poursuivant son interview qui allait sûrement lui valoir une petite renommée. Les risques qu'il prenait en faisant ces d'aveux étaient clairement élevés, mais Basile n'était pas du genre à se plaindre et dédramatisait la situation. « Il y a des risques, sûrement, mais je ne préfère ne pas trop y penser. » L'auror se souvenait de cette conversation avec Hippolyte, quelques mois avant, ce dernier lui avait plus ou moins dit que le ministère ne pourrait pas vraiment lui nuire, simplement parce que le faire bousculerait les avis. « Si on envoie en prison tous ceux qui disent la vérité, je préfère y aller aussi. » L'espace d'un instant, Basile avait l'impression de parler comme Lichuan et l'idée lui déplaisait fortement. Il manquerait plus que je devienne comme lui.
La suite de l'interview s'annonçait bien moins rose et il fallait se déconcentrer pour ne pas dire de bêtises. La mort de cet adolescent avait énormément touché l'auror, surtout que c'était lui qui avait dû annoncer la nouvelle aux parents. C'était son témoin et ce qui lui était arrivé était plus que tragique. D'ailleurs, après avoir repassé toute cette affaire dans sa tête, il avait rapidement compris qui était le meurtrier, ou du moins celui qui avait fuité l'information, la seule personne à qui il en avait parlé, Jessie Joyce. C'était de sa faute si ce gosse était mort et jamais il ne se le pardonnera. « Je ne dirais pas de nom, par respect pour la famille, mais dans cette affaire nous avons malheureusement perdu un adolescent. » Zahari. « Un étudiant à Poudlard qui s'était fait enrôlé chez les mangemorts pour des raisons que j'ignore. Il a écrit une lettre dénonçant Lichuan Whitelaw, avant qu'on découvre qu'il n'était finalement qu'une taupe. » Basile se souvenait de cette journée comme si c'était hier et s'en mordait les doigts. « C'était le même jour que la presque arrestation de Whitelaw, l'information d'un témoin est tombé dans de mauvaises mains et je vous laisse imaginer ce qui est arrivé par la suite. » Les mots n'étaient pas suffisant, il devait aller au bout de sa pensée. « Le ministère renferme des gens réellement malveillant, des fous et si cette lettre avait été interceptée par quelqu'un d'autre, peut-être que le petit serait mort pour rien et que toute cette affaire aurait été étouffé. Personne n'en aurait jamais entendu parler. » L'auror avala une bonne gorgée de café, avait de regarder la jeune fille d'un regard qui supposait qu'il n'avait pas grand chose à rajouter.
Cet homme paraissait profondément sincère, pourtant Sybella ne voyait que l’énormité du scoop qu’l était en train de lui tendre sur un plateau d’argent. Certes, il pointait du doigt certaines horreurs commises et cautionnées par le gouvernement mais il laissait transparaître une certaine peine, comme si quelque part cette bévue lui tenait à cœur. C’était sans doute le genre d’émotion que quelqu’un comme Rita Skeeter aurait exploité sans vergogne pour nourrir la curiosité malsaine des lecteurs. Mais elle préférait insister ici sur l’héroïsme de cet Auror – qui derrière ses airs parfois légèrement play-boy – que sur ses erreurs. Ici, il n’était pas celui à diaboliser. « Ce qui signifie que selon vous, même Poudlard n’est plus forcément un lieu sûr comme le prétendent de nombreux sorciers ? » Evidemment. Même elle l’avait rapidement compris – notamment quand elle avait réalisé que sa meilleure amie était Mangemorte, comme une certaine partie de ses camarades vert et argent était affiliée à des idéologies racistes.
La fin de l’interview s’annonçait implicitement, et la jeune fille reposa sa plume avant d’accorder un sourire assimilable à une libération pour le trentenaire. « Ecoutez, monsieur Flaversham, je crois que j’ai tout ce qu’il me faut. Je vous remercie. » Il n’avaut pas idée à quel point elle pouvait lui être reconnaissante. « Nous allons passer aux photos … Trevor va s’occuper de ça. Nous vous tiendrons informés de la parution de l’article dès que possible. » Pour le reste, ça n’était plus de son ressort. Tandis que son collègue s’affairait à mettre en place trépieds et éclairage magique pour donner quelques conseils de pose à l’Auror, la blonde achevait de relire ses notes sans toutefois réussir à imaginer la tête que ferait Hippolyte Nemours en voyant son interview.
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Son café en main, l'auror repensait à toutes les choses qu'il aurait pu voir avant et toutes les choses qu'ils auraient ainsi pu éviter, le genre de pensées qui le hantaient depuis des mois et qui n'aidaient définitivement pas à garder le morale. Cependant, il s'appliqua à conserver son sourire habituel face à la blonde qui devait très certainement jubiler à l'idée de pouvoir faire le scoop de l'année. L'espace d'un instant, l'auror imagina la tête d'Hippolyte en lisant l'article, maudissant le jour où il lui avait laissé entendre que c'était possible de détruire la SEPPOM. Pour se faire pardonner et le remercier de l'avoir aidé à ouvrir les yeux, il lui payera certainement une bonne bière un de ses jours. La dernière question sur la sécurité des enfants dans un établissement tel que Poudlard était un débat vieux comme le monde, cependant, Basile n'avait aucune envie de cracher sur cette école qui lui rappelait tant de bons souvenirs. « Aucun lieu n'est sûr, le mal peut se trouver n'importe où et surtout en n'importe qui. »
Un air grave se dessina sur le visage de l'auror, il ne pouvait s'empêcher de penser à Jessie. Celui en qui il croyait, celui avec qui il partageait tout et pourtant celui qui l'avait trahis. Si son meilleur ami était un mangemort alors n'importe qui pouvait en être un et Basile n'avait plus confiance en grand monde, si ce n'était sa Joy dont il avait lu le dossier. L'interview toucha à sa fin et l'auror en était plutôt satisfait. Tout s'était passé exactement comme prévu -pour changer- et il n'y avait plus qu'a attendre que l'article soit publié. Advienne que pourra. « C'est moi qui vous remercie. » La blonde n'imaginait même pas à quel point elle avait rendu service à l'auror et elle ne le sera peut-être jamais, mais il pouvait lui en être reconnaissante.
Basile se leva pour faire une photo et essaya d'afficher un air convenable, pas trop gamin, pas trop sérieux et surtout ou on ne voyait pas trop ses cernes. Après quelques minutes, le photographe décida que c'était bon et que commença à ranger son matériel. Il raccompagna les deux autres en direction de la sortie et ne tarda pas à disparaître du ministère. Cette journée allait certainement tout changer et il était temps de boire un verre pour fêter ça avec son acolyte de fortune qui l'attendait dans la chevrolet.
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Mer 15 Juil - 22:02