Noie-toi dans mes yeux, dans mes sourires

et crois que chaque parole que je dirais n'est que vérité.

Il marche, vite. Plus vite que jamais. Il ne court pas, il semble voler. Il tourne les couloirs du ministère. Véloce, fauve. Son air habituellement affable est soucieux, comme le montre les plis qui barrent son joli front. Sherkan est soucieux - et bien plus encore qu'il ne voudrait le croire. Car, il y a moins de dix minutes, Basile Flaversham, ce jeune homme au comportement si indélicat, parfois, a reçu une missive. Une stupide missive - cruelle, flamboyante, que Sherkan aimerait brûler. Une lettre qui dénonçait Lichuan Whitelaw comme un mangemort. Sous couvert de se concerter avec l'auror, l'espion s'est glissé hors de son espèce de bureau. Non sans lâcher son serpent rubicond, Moriarty, avec un minuscule parchemin dans la gueule. Le regard d'acier sembla se troubler, en le regardant se faufiler, discrètement - partir vers un monde où tout s'écroulait sous ses pieds. Peu importe qui a fait cela, il payera. Au centuple, il payera cette trahison, et pourtant ... Sherkan pourrait bénéficier d'un petit arrangement. Il pourrait trouver un compromis devant cette trahison du sort. Ses pieds s'arrêtent devant le bureau, puis il toque trois fois et y pénètre, un léger sourire charmeur aux lèvres.

« Monsieur Flaversham ! » La voix est enjouée, comme si il s'était trouvé là par hasard. Et alors, avec toute la diplomatie, toue la discrétion possible, et le coeur battant devant tout ce qui en jouera, le tigre fait aller sa séduction, comme on ouvrirait une enveloppe. Son teint devient d'albâtre, et ses sourires de nacre. Son regard d'acier se ternit d'un vert tendre. Toute sa beauté l'auréole comme être surnaturel, et offre à son être tout entier une aura charmante, séductrice, fascinante. « Je viens d'apprendre une terrible nouvelle - il paraît que l'on a débusqué un mangemort au ministère. » Et il émet un petit rire, comme un gloussement, mais d'un son si cristallin, si attractif, comme une mélodie d'un carillon d'argent. Il a l'air amical, Sherkan. Il a l'air carnassier Sherkan, comme un fauve, un reptile en chasse. Pourtant, sa beauté cache sa mortalité. Ses traits délicats voilent un assassin sans coeur. Alors, pourquoi as-tu prévenu Lichuan, Sherkan ? Pourquoi lui as-tu donné rendez-vous chez toi ? Stupide, crétin, sombre idiot.  

« Rassurez-moi, c'est une erreur ? » Coup d'oeil comme paniqué - un mangemort, ici, au ministère ? Ce n'est pas possible ! Quelle ironie ! Un mangemort infiltré qui ose dire ce genre de choses ! Même Lichuan, si il était là, goûterait la plaisanterie. Sherkan espère que Moriarty a délivré son message. Son serpent est malin - la missive sera avalée, et il ne doute pas que le reptile se glissera tout contre le jeune homme. L'asiatique ne doit pas être perdu de vue. Sherkan y tient - personne ne détruira Lichuan, à part lui. Personne ! « Je veux dire - » bafouille t-il, adorablement incertain, comme si tout cela n'était qu'un immense sketch. Il fait jeune, Sherkan, avec ses cheveux en arrière et son air perdu. Qui lui donnerait quarante ans, et tout autant de meurtres sur les bras ? Il ne se sent pas en danger. Mais il veut sauver son pantin - le seul qui brûlera l'âme de Lichuan, ce sera lui. « Je veux dire, avec toutes les protections que l'on a mise en place ... » finit-il, la tête penchée sur le côté. Le charme vélane est totalement déployé, et même si Basile n'est pas attiré par les hommes, il est évident que Sherkan possède un charisme certain, surtout usé de cette manière. Il défroisse sa chemise grise d'un geste maladroit - factice - de la main. Il est un espion, et il ne sait pas vraiment si Basile est au courant - il est affiché sur son badge qu'il travaille pour la SEPOM, mais même cette cellule a ses secrets - surtout cette cellule, à dire vrai. Il passe une main fébrile - mensonge ! - dans ses cheveux, en posant presque timidement ses yeux sur l'auror. Gagner du temps. Lui laisser assez de minutes pour déguerpir. Ce fou ne sait pas transplaner.

electric bird.